Jeudi 30 janvier, à Alger, s’est tenue la cérémonie de clôture du projet STED-AMT (« Compétences pour le commerce et la diversification économique : Alignement des compétences sur les stratégies sectorielles en Algérie »). Cet événement a marqué une étape significative dans la stratégie de développement économique du pays. Piloté par l’organisation internationale du travail (OIT), en collaboration avec le ministère du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale (MTESS) et avec le soutien financier de l’agence coréenne de coopération internationale (KOICA), ce programme a pour but d’aligner l’offre de formation sur les besoins du marché du travail.
Par Houria Mosbah
Lancé en 2020, le projet STED-AMT s’est fixé pour objectif de renforcer la compétitivité et la création d’emplois en Algérie en anticipant les besoins en compétences et en adaptant les formations aux exigences des secteurs économiques stratégiques.
Il repose sur une méthodologie participative et inclusive visant à rapprocher les universités, les centres de formation et les entreprises afin d’améliorer l’employabilité des jeunes et de favoriser l’exportation des produits algériens. Le projet s’est concentré sur trois chaînes de valeur essentielles : l’huile d’olive, les dattes et leurs dérivés, ainsi que l’électroménager. À travers des études approfondies sur ces secteurs et la mise en place d’infrastructures spécifiques, il a jeté les bases d’un nouveau modèle d’adéquation entre la formation et l’emploi.
Avancées majeures dans l’adéquation formation-emploi
Le projet STED-AMT a mis en œuvre une approche innovante pour réduire l’écart entre les compétences disponibles et les besoins du marché du travail. M. Moundir Lassassi, expert économiste et consultant projet STEDAMT, a présenté des chiffres clés illustrant les défis actuels : « Plus d’un million cinq cent mille étudiants sont inscrits dans les universités, auxquels s’ajoutent 620 000 inscrits dans les centres de formation. Or, le taux de chômage demeure élevé, atteignant 18 % au niveau national et 23,9 % pour les femmes diplômées.»
Face à ce constat, le projet a permis d’identifier les besoins en compétences dans trois secteurs stratégiques, ciblés. Des laboratoires de formation ont été créés, notamment un laboratoire d’analyse de la qualité de l’huile d’olive à Tizi Ouzou et un centre de valorisation des déchets de dattes à Touggourt.
Un club de recherche d’emploi a également été mis en place, à Bordj Bou Arreridj, spécifique à l’électroménager avec des sessions de formation pour les chercheurs d’emploi. Hamama Nacid, directrice des référentiels et des programmes de formation au ministère de la formation professionnelle, a déclaré : «Nous ne formons plus des étudiants avec un simple cumul de connaissances, mais des professionnels capables de créer leur propre emploi.»
Une approche participative pour une meilleure insertion professionnelle
Racha Bejdaoui-Chaouche, cheffe du projet STED-AMT, a souligné l’importance de l’anticipation des besoins en compétences : «Ce projet vise à aligner les stratégies et investissements des acteurs gouvernementaux et économiques afin d’assurer un meilleur taux d’employabilité.»
Pour ce faire, l’initiative s’est appuyée sur la collaboration entre les universités, les centres de formation et les entreprises. Un des aspects clés du projet a été l’apport de l’expertise coréenne, facilitée par l’agence coréenne de coopération internationale (KOICA).
La Corée du Sud a non seulement fourni un soutien financier, mais également un appui technique à travers des échanges d’expertise et des formations sur des modèles innovants de développement des compétences.
Un partenariat entre l’école supérieure algérienne des affaires (ESAA) et l’université de Dongguk a été signé, ouvrant la voie à de nouveaux programmes de formation axés sur l’innovation et l’exportation.
En outre, des chercheurs coréens ont partagé leur savoir-faire dans des domaines clés tels que l’open innovation et la recherche appliquée, permettant aux acteurs économiques algériens d’intégrer des pratiques modernes dans leurs stratégies.
Poursuite et élargissement du projet à d’autres secteurs
Si la première phase du projet STED-AMT s’achève, l’objectif est de capitaliser sur ses acquis et d’assurer sa durabilité. Racha Bejdaoui-Chaouche a annoncé la proposition d’une « phase deux », visant à institutionnaliser les conseils sectoriels de compétences afin de rendre le système plus réactif aux évolutions économiques.
Par ailleurs, Sabrina Hamidi, cheffe du bureau du suivi des programmes de coopération au ministère du commerce extérieur, a insisté sur la nécessité de renforcer la coordination notamment entre les acteurs publics et privés pour booster les exportations.
Hamid Ould Youcef, directeur de la formation au ministère de l’agriculture, a quant à lui appelé à étendre cette approche à d’autres filières : « L’Algérie regorge de ressources naturelles et biologiques sous-exploitées qu’il faudrait valoriser pour diversifier l’économie nationale.»
La clôture du projet STED-AMT marque un tournant dans la stratégie de formation et d’insertion professionnelle en Algérie. En adoptant une approche préventive et en impliquant les différents acteurs économiques, cette initiative a jeté les bases d’une politique durable d’adéquation entre la formation et l’emploi.
La poursuite du programme, notamment par la mise en place de conseils sectoriels de compétences, s’annonce comme un levier stratégique pour répondre aux défis de l’économie algérienne.
H. M.
