Le pavillon national pour le fret maritime de marchandise est appelé à se déployer davantage afin de reconquérir des parts de ce marché estimé à 4 milliards de dollars, soit 13% de la facture d’importation. Actuellement, c’est les armateurs étrangers qui tirent profit de ce marché juteux.
Akrem R
D’ailleurs, sur les 43 millions de tonnes de nos marchandises importés, seulement 7 millions de tonnes sont transportés par les navires algériennes, alors que 36 millions de tonnes le sont par les étrangers. Ceci dit, notre destin n’est pas, totalement, entre nos mains. La flambée des prix du fret durant cette période de pandémie, notamment, a eu un impact direct sur la facture d’importation.
Selon le directeur général de Cnan, Med Spa, Noureddine Koudil, le prix d’un conteneur est passé de 5 000 dollars avant la Covid-19 à 17 000 dollars actuellement ! Il a expliqué cette situation par le blocage de conteneurs au niveau de Chicago, aux Etats-Unis, en faisant savoir, néanmoins, que la situation connait une nette amélioration ces derniers jours.
En effet, la société nationale du transport maritime en phase de reconstruction, ayant déjà en sa procession 12 navires, dont 5 pour Cnan Med et 7 pour Cnan Nord, est appelée à prendre au sérieux le problème des conteneurs, tout en sachant que les capacités nationales en la matière, sont vétustes, dépassant les 20 années de service, alors que la norme internationale est de 15 ans. C’est un réel problème auquel fait face la compagnie nationale, dira, d’emblée, le DG de Cnan Med, tout en reconnaissant que sa société éprouve d’énormes difficultés à convaincre les clients…
À cet effet, il est prévu dans le cadre de son plan de modernisation, l’acquisition de nouveaux conteneurs afin de répondre et satisfaire aux exigences des importateurs. L’intervenant a fait savoir que la capacité nationale est de 10 000 pieds, dont une grande partie est inexploitable économiquement. Outre la concurrence imposée par les armateurs étrangers, la rareté de conteneurs chez notre compagnie «nous a compliqué la vie», a-t-il dit.
Récupération de 25% des parts du marché à l’horizon 2025
Le même responsable qui s’exprimait, hier, sur les ondes de la radio nationale « Chaîne II», a indiqué clairement, que si l’Algérie veut réellement la récupération de 25% des parts du marché du fret à l’horizon 2025, « nous devons diversifier nos offres et savoir vendre les services maritimes, puisque le fret maritime est un vrai métier, nécessitant une technicité spéciale». En clair, la compagnie nationale est appelée à revoir sa stratégie en la matière, en dotant le pavillon national du matériel nécessaire. L’ouverture à l’investissement dans ce secteur au privé national, permettra-t-il d’apporter l’appui et l’accompagnement adéquats pour faire renaitre le pavillon national de ses centres ?
Durant les années 70 à 90, la compagnie nationale avait en sa possession 60 navires garantissant le transport (import et export) de marchandises de et vers l’Algérie. Toutefois, regrette, le DG de Cnan Med, le déclin qu’a connu le secteur et avec le non renouvellement du pavillon national, les armateurs étrangers ont accaparé le marché du fret en Algérie. Grâce au plan business de 2009, de nouveaux navires ont été acquis au nombre de 12, dont deux ont été réceptionnés, récemment (Cirta et Djanet), pour un montant de 37 000 de dollars. En outre, ces investissements colossaux consentis par l’Etat, imposent aux sociétés d’exploitation de trouver et de remplir leurs plans de charge, puisque les coûts d’exploitations d’un navire en rade sont de l’ordre de 7 000 dollars /jour. Sans cela, la compagnie nationale du fret maritime risque tout simplement la faillite, ou de nouveaux plans de restructuration.
Navires bloqués pour défaillances techniques : Le DG de la CNAN Med s’explique
La question des navires bloqués à l’étranger,a été posée, hier, au DG de Cnan Med, Noureddine Koudil, qui a tenu à dédramatiser le problème, en affirmant qu’il y a trop d’ exagération à ce propos. Il a expliqué que ces blocages sont liés, notamment, à des contrôles réguliers effectués par les services du Centre de Sécurité des Navires, où des défaillances techniques ont été signalées, nécessitant du temps pour les réparer. Quand au retard dans le paiement des charges d’exploitation de ports, le même responsable s’est contenté de dire que la plupart des compagnies ont connu des difficultés financières induites par le Covid-19. « Certes Cnan Med a du mal à payer ses dettes, mais la situation est prise en charge par les pouvoirs publics», a-t-il répondu, en affirmant que seulement trois navires sont bloqués respectivement en Belgique (Timgad), Saoura et Tamanrasset à Brest et Marseille.
A. R.