Tout est fin prêt pour le lancement de la campagne labours-semailles 2024-2025, dont le coup d’envoi a été donné hier mardi depuis la wilaya de Sétif par le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa.
Par Akrem R.
L’Etat a mobilisé des moyens importants pour réussir cette campagne et atteindre les objectifs ambitieux fixés par les pourvoir publics, visant à atteindre une autosuffisance en blé dur pour cette saison, pour le maïs en 2026 et le blé tendre dès 2027.
De l’avis d’experts et d’agronomes, l’autosuffisance est un objectif réalisable tant la volonté y est, mais cela nécessite une mobilisation de tout le monde et un accompagnement adéquat pour les céréaliers notamment.
Pour cette saison agricole, il est prévu l’élargissement de l’espace emblavable à 3, 7 millions d’hectares, en hausse par rapport à la saison écoulée et ce, en prélude à une autosuffisance en blé dur en produisant quelque 1,645 million de tonnes de blé dur en 2025.
Pour cela, l’Etat a tout mis en place, tels les engrais, les semences et d’énormes facilitations pour les agriculteurs, encore faut-il, cependant, que ces derniers se solidarisent via des coopératives pour travailler en commun, afin d’améliorer leurs productions d’année en année, avec l’espoir d’une bonne pluviométrie.
Ainsi, pour réussir cette campagne, il est vivement recommandé d’introduire la science pour définir les variétés cultivables et également l’exploitation des techniques modernes d’irrigation dans le contexte climatique critique que subit notre agriculture, a recommandé le Professeur à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie (ENSA), Arezki Mekliche.
Quatre objectifs ambitieux à réaliser
Pour lui, l’autosuffisance passe par quatre objectifs ambitieux à réaliser. Il s’agit d’abord de l’élargissement des superficies irriguées qui ne dépassant pas les 1,5 million d’ha actuellement, alors que les besoins sont plus importants, notamment, avec la baisse de la pluviométrie dans l’ouest du pays en particulier.
Donc, des efforts sont à consentir dans ce domaine, en mobilisant les différentes ressources d’eau existantes pour l’irrigation des céréales durant la période allant de mars à mai de chaque année. Une stratégie est mise en place par le gouvernement pour élargir les superficies irriguées de plus d’un million d’hectares.
L’Etat, rappelle-t-on, a mis le paquet sur l’agriculture saharienne pour l’augmentation des superficies réservées aux cultures stratégiques.
L’autre aspect à prendre en considération dans toute campagne céréalière, c’est l’irrigation rationnelle. Pr. Mekliche dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne III » a mis l’accent également sur l’amélioration de la productivité et l’adaptation des cultures aux microsystèmes, tout en suggérant le respect de l’itinéraire technique défini par le Comité technique national.
Revenant sur la feuille de route pour réaliser l’autosuffisance en matière céréalière, l’expert souligne que «le vrai challenge des pouvoirs publics est de s’investir pour exiger le respect des microsystèmes».
« Les agriculteurs ne doivent pas cultiver n’importe quoi n’importe où », affirme-t-il, soulignant qu’«il ne faut pas cultiver le blé où pousse l’orge en abondance dans un climat à faible pluviométrie».
Ceci dit, la tutelle est appelée à l’actualisation de la cartographie des céréales, en orientant les agriculteurs vers les variétés adaptées à chaque région du pays.
Des semences produites localement
Pour cette campagne labours-semailles, 4,2 millions de tonnes de semences produites localement et approuvées par le Centre national de contrôle et de certification des semences et plants (CNCC), ont été mises à la disposition des agriculteurs, avec 3,5 millions de quintaux de fertilisants.
Selon les précisions du ministère, «pour la première fois, cette quantité de semences sera distribuée en fonction des spécificités de chaque wilaya et de la nature de ses terres agricoles».
L’invité de la radio a insisté sur «l’application à la lettre de l’itinéraire technique tracé par le comité et veiller à le faire respecter», insistant également sur l’exploitation des eaux épurées et des retenues collinaires dans l’irrigation d’appoint et complémentaire.
L’agronome a recommandé également l’utilisation des pivots même dans les petits espaces (3 hectares par exemple) pour économiser beaucoup d’eau.
Evoquant l’agenda dudit Comité, l’intervenant fait constater que «des agriculteurs, en possession de gros moyens (tracteurs puissants, par exemple) ont achevé de labourer le sol et peuvent commencer à semer dans les quatre coins du pays sans attendre la pluie».
En gage de réussite de cette saison, les agriculteurs doivent s’organiser en coopératives pour avancer, sans attendre la pluie, expliquant que la quantité d’eau dépend des régions et des espèces.
«Il faut commencer par les cultures fourragères comme l’avoine, l’orge et le triticale pour qui le climat est favorable à produire de la biomasse et ont besoin des pluies en avril-mai», a-t-il souligné.
En projection de l’autosuffisance du blé, l’expert évoque l’autosuffisance en orge à laquelle les pouvoir publics ont réservé un espace d’un million d’hectares.
«Parmi les autres céréales, l’orge est moins capricieuse en eau et moins sensible à la qualité du sol», fait-il observer, s’interrogeant «pourquoi on a pu atteindre notre autosuffisance en la matière avec cette culture facile, alors qu’avec notre climat, notre sol ne devait jamais manquer d’orge ?».
Sur ce dernier, le ministre de l’agriculture avait déclaré la semaine dernière que 1,17 million d’hectares avaient été consacrés à la culture de l’orge, soulignant que le secteur œuvrait, conformément aux orientations du président de la République, à assurer une production locale d’orge répondant aux besoins nationaux pour ne plus recourir à son importation à compter de 2026.
A.R.