Céréales : Comment l’Algérie compte contourner la « crise du blé »

Céréales : Vers l'autosuffisance en blé dur d'ici à 2027

«En outre, en supposant qu’il n’y ait pas de réponse au niveau de la production mondiale, un grave déficit d’exportation de la part de l’Ukraine et de la Russie en 2022/23 et 2023/24 fera encore augmenter le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique dans le monde après la pandémie de Covid-19». Tel est en substance un rapport de la FAO, corroboré par l’OCDE.

Par Farid Mellal

Mercredi dernier, le programme alimentaire mondial (PAM) a mis en ligne un extrait de son rapport. « Si l’initiative céréalière de la mer Noire, du nom de cet accord signé l’an passé entre l’Ukraine, la Russie, la Turquie et les Nations unies, n’est pas renouvelé mi-juillet, la région sera très durement touchée, prévient le PAM, se référant aux menaces réelles ou supposées de Moscou en guerre contre l’Ukraine.

L’initiative céréalière de la mer Noire, signée en juillet 2022, a permis de faire sortir d’Ukraine par centaines de milliers de tonnes de blé, notamment à destination de la Corne de l’Afrique. L’accord a été renouvelé à trois reprises jusqu’ici sur fond de surenchères. Puisque autant la Russie que l’Ukraine ont des capacités de stockage et des silos bien déterminés.

En ce qui concerne le pays, des prévisions optimistes datant d’Octobre 2022 parlent d’une production locale de blé de l’ordre de 3,3 millions de tonnes en 2022/2023. Le chiffre est donné par le Département américain de l’agriculture (USDA) dans un rapport publié  le 30 septembre 2022. Soit une hausse de 38 % par rapport au stock de 2,4 millions de tonnes récolté au cours de la campagne précédente, insiste le rapport USDA.

En Algérie, les besoins de consommation de blé tournent autour de 11 millions de tonnes par an. C’est ainsi qu’elle vient d’acquérir 400 000 tonnes supplémentaires à partir de Russie. Cela s’ajoute au 1,5 Mt déjà commandé en début d’année.

Il faut dire que la production mondiale de blé sera plus abondante cette année et il est attendu que l’offre s’établisse à 800,19 millions de tonnes, sans compter les stocks restants de 266 millions de tonnes.

Le dernier rapport de l’USDA prévoit une meilleure récolte en Russie, en Ukraine et en Inde pour la campagne 2023/2024.

Des initiatives au niveau national ne sont pas du reste. Au mois de mai dernier l’exemple d’un projet agricole initié dans au Sahara a été mis en exergue.

Il s’agissait des premières récoltes de blé qui ont eu lieu dans le cadre du projet agricole géant dans la ville d’Adrar. Le projet agricole mis en œuvre sur une superficie de 4 000 hectares vise la production de blé, d’orge, de luzerne et de lentilles ainsi que l’élevage de bovins et d’ovins. Il a été initié dans le désert par la société turque Sarl Dunaysir du groupe turc Dekinsan.

« Les autorités algériennes ont exprimé leur satisfaction à l’égard du type d’agriculture et de la qualité des récoltes. Le projet lancé à Adrar est en service avec une capacité de seulement 30 %. L’objectif est d’atteindre une capacité de 60 % après un an et de 100 % d’ici à 2025 », ont opiné les responsables turcs.

Côté officiel, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural Mohamed Abdelhafid Henni, a annoncé le lancement via l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (Odas) d’un deuxième appel à projets d’investissement agricole et agro-industriel stratégiques (blé dur, blé tendre, maïs grains, tournesol et betterave sucrière) aux profits des opérateurs économiques concernant les wilayas du Sud algérien : El Meniaa, Ghardaïa, Touggourt et Ouargla.

F. M.

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