Avec la campagne de moisson-battage qui a déjà débuté dans les wilayas du Sud et qui débutera, dès juin prochain, au Nord, la question de la collecte des récoltes céréalières par l’OAIC se pose à nouveau comme chaque saison.
Par Mohamed Naïli
Déjà que les prévisions de récoltes pour cette année viennent d’être revues à la baisse, puisque les dernières prévisions établies en ce mois de mai, tablent sur 22 millions de quintaux, toutes céréales confondues, alors qu’en janvier dernier, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhafid Henni, évoquait des estimations de récoltes entre 27 et 30 millions de quintaux, les opérations de collecte ne seront pas moins délicates et nécessitent une organisation optimale pour permettre à l’OAIC de récupérer le maximum de ces récoltes auprès des producteurs, dans une conjoncture marquée par des hausses historiques des cours des grains sur le marché mondial.
Pour cette année, une série de mesures vient toutefois d’être prise par les pouvoirs publics afin d’inciter les céréaliculteurs à livrer le maximum ou l’intégralité de leur production aux coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS) de l’OAIC. La principale mesure prise dans ce sens est la révision des prix proposés par l’OAIC aux agriculteurs, qui passent dès cette année de 4 500 à 6 000 DA/quintal pour le blé dur, de 3 500 DA/q à 5 000 DA/q pour le blé tendre et de 2 500 à 3 400 DA/q pour l’orge et l’avoine.
Mesures peu attractives pour l’orge
Néanmoins, ces mesures, bien qu’elles soient attractives pour le blé, de l’avis de certains acteurs du secteur de la céréaliculture et d’autres spécialistes, elles restent à renforcer pour ce qui est des céréales destinées à l’alimentation animale. Interrogé sur ce point, l’expert agronome Akli Moussouni estime que « pour ce qui est du blé, je ne pense pas que les producteurs vont garder un quintal à leur niveau alors qu’ils peuvent livrer toutes leurs récoltes aux CCLS pour un prix allant jusqu’à 6 000 DA/q et ils peuvent y racheter des semences à des prix subventionnés ».
En revanche, les insuffisances du système de récupération de la production que proposent les pouvoirs publics aux céréaliculteurs s’expriment en matière de grains utilisés comme aliment de bétail et de volaille. « Par rapport à l’orge, le marché parallèle est plus rémunérateur par rapport au prix proposé par l’OAIC, parce que, sur le marché libre, l’orge se négocie autour des 6 000 DA/quintal donc largement supérieur aux 3 400 DA/q que proposent les pouvoirs publics, ce qui fait qu’aucun quintal ne risque d’être livré aux CCLS », précise encore Akli Moussouni.
En tout état de cause, les pouvoirs publics ne semblent pas perdre de vue le défi que représente la collecte des récoltes, notamment en céréales destinées aux cheptels, pour que le scénario de la saison dernière ne se reproduise pas. Pour la campagne 2020-2021 en effet, les collectes d’orge n’ont pas dépassé les 135 000 quintaux, ce qui reste largement en-deçà des attentes lorsque l’on sait que les besoins en ce produit fortement demandé par les éleveurs, atteignent les 8 millions de quintaux par année, selon le ministère de tutelle. Pour tous les types de céréales, l’Office public a recensé une collecte globale de seulement 13 millions de quintaux durant la même saison, ce qui est de loin inférieur à l’objectif tracé par les pouvoirs publics, à savoir collecter en moyenne entre 27 et 30 millions de quintaux, déclarait le ministre de l’Agriculture récemment.
Forte mobilisation
Pour éviter le maigre bilan de l’an dernier, les pouvoirs publics ont donc mobilisé tous les moyens nécessaires pour réussir la campagne de moisson-battage de cette année. « Nous avons pris une série de mesures pour la collecte et le stockage de toute la production cette année, tout en évitant les erreurs du passé », déclarait ce week-end Ali Zoubar, Directeur de la régulation et du développement des productions agricoles au ministère de l’Agriculture et du développement rural. Pour assurer un suivi plus efficace de cette campagne, le même responsable précise que « des commissions locales sont installées au niveau de chaque daïra, dans le but de procéder à un recensement des agricultures, la collecte de la production et le stockage ».
Durant ces 10 dernières années, la meilleure collecte réussie par l’Office public est celle de 2018 où elle a avoisiné les 35 millions de quintaux pour tous les types de céréales, mais elle ne représentait que 58% de la production totale qui a dépassé cette année là les 60 millions de quintaux.
En matière de moyens logistiques, notamment en infrastructures mobilisées pour réceptionner les volumes collectés, le ministère de tutelle a fait état de capacités de stockage de près de 70 millions de quintaux qui sont mises à la disposition des producteurs, dont des silos de près de 35 millions de quintaux au niveau des CCLS et 25 millions de quintaux auprès des opérateurs privés comme les minoteries et semouleries.
Outre le stockage, pas moins de 10 000 moissonneuses-batteuses, dont une centaine appartenant aux CCLS, sont à la disposition des céréaliculteurs pour qui plus de 5 000 points de collecte sont préparés.
M. N.