Bureaucratie maladive

Edito

Par Lyazid Khaber

«La bureaucratie réalise la mort de toute action.»
Albert Einstein

«La guerre contre les pratiques bureaucratiques sera lancée sans relâche et dans tous les domaines», déclarait, en juillet dernier, le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, qui, exaspéré par l’ampleur de ce phénomène, qualifiait la bureaucratie d’«ennemi de la société». Huit mois après, les petits bureaucrates disséminés un peu partout dans les administrations du pays, poursuivent leur œuvre de blocage. Ces ennemis de la République qui tiennent l’Etat par la gorge, ne désespèrent pas et restent sourds aux injonctions des hautes autorités du pays. C’est à croire qu’ils s’investissent de pouvoirs discrétionnaires dont ils usent sans retenue aucune, et dont ils désignent les victimes selon leur seule mesure. A y voir de très près, on se rend compte que ces petits bureaucrates disposent de toute une armada de lois héritées de l’ancien régime, des instructions et des règlements qu’ils ont eux-mêmes façonnés pour asseoir ce pouvoir broyeur de citoyens. Même les injonctions venues des hautes autorités du pays, poussant les administrations à intégrer les nouvelles technologies de l’information et de la communication, censées permettre plus de fluidité, semblent être mises devant l’œil aveugle des sous-fifres qui agissent en dessous. Les administrations algériennes sont devenues de véritables labyrinthes où le citoyen est trimballé d’un service à un autre, sans trouver réellement de répondant. Le pire, c’est que même lorsque vous avez une décision d’une autorité supérieure, ou même un arrêt de justice enjoignant la mise en application, rien n’y fait. Les fonctionnaires algériens se contentent de prendre juste leurs salaires en fin de mois, tout en refusant d’apposer leurs propres signatures sur un quelconque document qui engagerait la responsabilité dont ils sont investis, et pour laquelle ils sont pourtant payés. Le mal est tellement profond que l’on se rend compte aujourd’hui, que la bureaucratie est plus un état d’esprit, une culture, une mentalité qu’un simple problème de fonctionnement. Des réformes profondes sont nécessaires, et des mesures doivent être mises en œuvre pour ne pas donner l’occasion à ces malades de poursuivre leur œuvre de sape, qui réduit toute efficacité de l’Etat et de ses institutions. La démarche suivie par l’Etat face aux agressions dont étaient victimes les personnels hospitaliers, en instituant des peines à l’encontre des contrevenants, doit être rééditée face à ces bureaucrates maléfiques. Car leur œuvre est préjudiciable, et en ce moment où l’Etat fait face à plusieurs fronts, avec une crise économique et sociale à risque, l’on n’a aucun intérêt de laisser agir ces insignifiants bureaucrates. Les citoyens sont appelés à ne plus se taire désormais, car c’est de cette façon que l’on pourra réellement aider les hautes institutions de l’Etat dans leur mission.

L. K.

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