L’Algérie a réussi, certainement à réduire sa facture d’importation en médicament, grâce, notamment, à la production locale en pleine expansion. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Industrie pharmaceutique, 78% des besoins nationaux ont été couverts par la production locale et le reste, soit 22%, par les importations.
Par Akrem R.
Ainsi, la facture d’importation des produits pharmaceutiques devrait être réduite de plus de 800 millions de dollars d’ici à la fin de l’exercice 2021 par rapport à l’année 2019, où elle s’était élevée à 2 milliards de dollars. Des chiffres encourageants qui incitent les producteurs locaux à se développer davantage afin de passer à l’étape d’internationalisation. Un domaine qui nécessite des investissements importants dans le domaine des brevets et de l’innovation. Deux éléments essentiels pour le développement d’une véritable industrie pharmaceutique dans notre pays. En effet, les producteurs activant dans ce domaine en Algérie, sont appelés à investir grandement dans ce domaine. D’ailleurs, c’est ce que des experts ont recommandé, hier, lors d’un séminaire organisé par le Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), placé sous le thème : «L’industrie pharmaceutique et Brevets».
Dans ce cadre, Reda Tir, président du CNESE, a souligné que face aux changements et développements qui s’opèrent dans le domaine pharmaceutique, «nous devons accorder une grande importance aux brevets qui sont la colonne vertébrale de ce développement».
Or, cela, ajoutera-t-il, «ne pourra se faire qu’en respectant les droits de propriété intellectuelle, les critères sanitaires et le renforcement de la vigilance stratégique».
De même, l’industrie pharmaceutique doit s’adapter au brevet et au commerce international, notamment l’OMC, pour la normalisation des produits pharmaceutiques fabriqués localement et renforcer le développement de la croissance de ce secteur.
Indiquant que le secteur pharmaceutique des médicaments génériques constitue une richesse qu’on doit préserver, Reda Tir a appelé les producteurs locaux à se préparer à la période post-Covid, notamment, avec d’éventuelles opérations de relocalisation. A cet effet, «il faut prendre des mesures en direction des grand producteurs internationaux afin de les convaincre de venir investir dans notre pays pour répondre aux besoins du marché local, africain et arabe. Tous cela constitue une nouvelle dynamique pour l’industrie pharmaceutique et un atout pour convaincre les investisseurs», recommande-t-il.
Protéger la production générique …
Le président du CNESE a insisté sur le développement des brevets et l’innovation (médicaments innovants, les vaccins, etc. ) pour réduire la facture d’importation qui constitue un lourde fardeau pour le Trésor public.
«L’industrie pharmaceutique se base sur la recherche comme moteur d’invention. Il faut protéger ses investissements et les propriétés intellectuelles. C’est un autre défi pour garantir la sécurité sanitaire du pays», a-t-il affirmé.
Contraintes
Pour sa part, Mme Belfoul Chafia (membre du CNESE), a indiqué que le développement du secteur pharmaceutique en Algérie est dépendant de ses entreprises. Ainsi, elle estimé que quatre obstacles sont à l’origine du non développement de cette industrie en Algérie. Il s’agit, en effet, des problèmes liés à l’innovation et à la recherche, les entraves liées au coût, à l’accès au marché et à la réglementation (propriété intellectuelle). A cela s’ajoutent, dira-t-elle, des contraintes d’ordres bureaucratiques et d’innovation. Cette responsable a fait savoir que l’Algérie a consacré pour l’exercice de 2020, 400 millions de DA pour le médicament.
Actuellement, l’industrie nationale pharmaceutique est basée sur le générique. La commercialisation de ces produits à l’international nécessite des études de bioéquivalence. L’inexistence de laboratoires et centres d’études réservés à cet effet, a compliqué davantage la tâche des producteurs algériens dans les opérations d’exportation.
Bientôt un centre de bioéquivalence
«Nous sommes des producteurs du générique, nous devons, donc, réaliser des études de bioéquivalence. C’est un axe très important pour l’exportation. Actuellement, le médicament made in algeria rencontre d’énorme de difficultés à l’international. Faute d’études de bioéquivalences», a déploré la Pdg de Saïdal, Mme Fatima Gacem, avant d’annoncer que son groupe leader dans le domaine pharma prépare l’entrée en service d’un centre d’études de bioéquivalence.
Ce dernier, dira-t-elle, ne sera qu’un avantage pour l’exportation des médicaments algériens et l’enregistrement de nos médicaments à l’étranger.
« Pour s’adapter aux exigences de la compétitivité, aux exigences réglementaires et maintenir sa croissance économique, le groupe Saïdal dans son plan de développement, a décidé d’investir dans un nouveau centre de recherche et développement (R&D), et un nouveau centre de bioéquivalence, dotés d’une technologie moderne, répondant aux normes nationales et internationales. Avec ce centre de Saidal, la problématique d’études de bioéquivalence ne seront plus un obsne se posera plus. Tous les médicaments produits en Algérie (du secteur public et privé), pourront bénéficier de ces études, ici, dans notre pays», a-t-elle assuré, en annonçant que 17 brevets ont été déposés auprès de l’INPI, et qui concernent, essentiellement, les procédés de fabrication, les produits à base de plantes et les formes innovantes. « Ces produits ne sont pas encore développés», a déploré, néanmoins, la PDG de Saïdal.
Des réformes à engager …
Par ailleurs, cette responsable a préconisé l’engagement de réformes pour développement de l’industrie pharmaceutique. Elle a appelé à l’allégement des procédures pour l’approvisionnement des besoins nécessaires pour la R&D ; allégement des modalités d’enregistrement de nouveaux médicaments en favorisant la soumission électronique; diminution des délais d’obtention des autorisations de mise sur le marché (AMM) ; promotion des essais cliniques pour les études de bioéquivalence en prévision de l’exportation algérienne en médicaments et création d’institutions spécialisées pour l’homologation des nouveaux produits innovants. « Il ya des cerveaux algériens, il suffit juste de les prendre en charge pour les garder dans notre pays», a-t-elle conclu. Sur ce dernier point, Mustapha Khiati, président du la Forem, a plaidé pour l’implication des élites algériennes établies à l’étrangers dans ce processus d’innovation et de recherche, délaissé tout au long de ces 30 dernières années.
A. R.