Les biotechnologies bleues représentent une opportunité stratégique majeure pour le développement économique de l’Algérie. À l’échelle mondiale, le marché des biotechnologies marines, qui était évalué à plus de 6 milliards de dollars en 2023, connaît une croissance annuelle impressionnante de 7 à 8 %. Des prévisions anticipent que ce marché atteindra jusqu’à 13 milliards de dollars d’ici 2030.
Par Houria Mosbah
Ce marché est dominé par des secteurs clés tels que le pharmaceutique, qui représente 30 % des ventes, les cosmétiques avec une part de 22 %, et les produits alimentaires, qui intègrent des ingrédients issus des algues et autres organismes marins.
Soutenu par le ministère de l’agriculture, du développement rural et de la pêche maritime, le programme de l’économie bleue vise à exploiter pleinement les ressources maritimes et aquatiques du pays.
M. Reda Allal, responsable du programme, a déclaré : «Nous avons pleinement confiance en la capacité des biotechnologies bleues à contribuer significativement à l’économie nationale et à diversifier celle-ci, notamment dans le cadre de l’économie bleue.»
Cette vision ambitieuse repose sur une synergie entre recherche, innovation et développement industriel, avec un accent particulier sur les jeunes et les communautés côtières.
Des objectifs stratégiques pour renforcer l’économie des communautés côtières
Le programme des biotechnologies bleues vise à diversifier les activités économiques des communautés côtières tout en renforçant l’innovation.
Plusieurs axes de développement ont été identifiés. La planification de l’espace marin permettra une meilleure organisation des activités économiques en milieu maritime.
Le développement des aquacultures marine et continentale constituera une initiative cruciale pour renforcer la production et la rentabilité du secteur.
Un soutien accru pour les acteurs de la recherche facilitera l’accès à des fonds et assurera une meilleure structuration des projets prometteurs.
Chanez Zouadi, directrice nationale du programme économie bleue, a précisé que ces projets promettent des applications variées, comme « la culture de spilapia pour les soins des brûlés.»
Une chaîne de valeur complexe nécessitant des infrastructures et des collaborations solides
Comme l’a mentionné Rachid Annan, chercheur et expert au centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture, il est essentiel de développer chaque étape de la chaîne de valeur des biotechnologies, depuis l’émergence des concepts jusqu’à leur commercialisation. Les concepts émergent souvent dans les laboratoires uniprivé.
Les concepts sont ensuite testés en laboratoire, où des obstacles importants apparaissent, notamment le manque d’équipements avancés, des protocoles de validation insuffisants et une collaboration encore trop faible avec l’industrie.
Une fois les produits validés, il est nécessaire de créer des business plans solides avec le soutien des incubateurs locaux, des laboratoires de recherche et des partenaires financiers institutionnels et privés.
Cette phase est compliquée par des lacunes en matière de formation en gestion de projets et des procédures administratives complexes.
Des opportunités stratégiques pour l’avenir économique et social du pays
Le développement des biotechnologies bleues en Algérie offre des perspectives économiques solides malgré certains défis.
Le cabinet Ginger SOFRECO a identifié des difficultés comme le manque de coordination entre la recherche et l’industrie, tout en mettant en lumière des initiatives locales prometteuses menées par des acteurs comme Biofarm, ainsi que des universités situées à Annaba, Constantine, Mostaganem et Oran.
Les atouts de l’Algérie comprennent un littoral de 1 200 km, qui offre une biodiversité marine exceptionnelle.
Le pays possède également des ressources naturelles diversifiées, comprenant plus de 1 600 espèces aquatiques. Les spécialistes, ont recommandé de renforcer ce lien reliant science et industrie.
En alignant ses efforts sur les meilleures pratiques internationales, l’Algérie peut transformer son potentiel maritime en un moteur économique durable.
Cela nécessitera une collaboration accrue entre les secteurs publics et privés, des ressources financières solides et une synergie renforcée entre la recherche académique et le développement industriel.
Le développement des biotechnologies bleues peut ainsi contribuer au renforcement des communautés côtières, tout en soutenant l’innovation technologique et la croissance économique du pays.
H. M.