D’après les données publiées par la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), dans le Rapport sur l’investissement mondial 2021, les IDE en Algérie ont diminué de 19 % pour atteindre 1,1 milliard de dollars en 2020 (contre 1,3 milliard de dollars en 2019), les flux entrants étant principalement dirigés vers le secteur des ressources naturelles, suite à la crise économique sanitaire mondiale déclenchée par la pandémie de la Covid-19. L’Algérie n’a effectivement jamais brillé en matière d’attrait d’investissements directs étrangers, qui n’ont guère dépassé ce chiffre de 2013 (2,5 milliards de dollars) et qui s’explique en grande partie, par le décollage de l’industrie de montage automobile.
Par Réda Hadi
Il faut en effet savoir qu’en matière de conditions préalables à toute décision d’investir dans un pays, les opérateurs étrangers tiennent d’abord et, avant tout, à la stabilité politique, mais aussi, législative. Deux conditions essentielles que l’Algérie n’est jamais parvenue à satisfaire pleinement. Les investisseurs étrangers ont toujours eu à se plaindre de blocages bureaucratiques, de lois qui changent du jour au lendemain sans prévenir, d’une justice lente et inéquitable. C’est une situation qui a toujours prévalu, au point de faire perdre à notre pays tous ses attraits, y compris, ceux dont la nature l’a si bien dotée (position géographique, disponibilité de l’énergie, main d’œuvre pas chère, etc.).
Cette inaptitude de l’Algérie à séduire les investisseurs étrangers a, du reste, été clairement mise en évidence par un tout récent rapport du grand cabinet international de Conseils en investissements «Deloitte», qui classe l’Algérie parmi les pays les moins attractifs d’Afrique. L’Algérie est, en effet, classée à la 30ieme place, au même rang que le Mali, le Niger et le Botswana, avec seulement 1,12 milliards de dollars en 2020 et 1,4 milliards en 2019.
Contreperformances
De plus, l’effondrement des grandes entreprises privées algériennes, conséquemment à l’incarcération de leurs patrons, est également de nature à réduire, encore plus, les montants d’IDE que l’Algérie parvenait à capter par le biais de ces sociétés, qui avaient tout de même réussi à construire d’intéressants partenariats avec de grandes firmes étrangères.
«L’investissement direct étranger en Algérie reste faible», relève le plan de relance économique 2020-2024 élaboré par le ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective. En effet, le pays attire très peu d’IDE dans la région Afrique du Nord, soit à peine 10% en 2019. Par ailleurs, l’essentiel de ces IDE se concentre dans le secteur de l’énergie et ne contribue pas à la diversification économique.
M Sayoud Mohamed, expert en économie, consultant et gérant d’un bureau d’investissements, nous explique que «la crise sanitaire pandémique du Covid-19 dont l’incidence première est une profonde récession économique, a fait chuter les flux d’investissements directs étrangers durant l’année 2020 ».
En effet, au regard de cette mutation du contexte, l’Algérie va devoir dépasser la crise multidimensionnelle à laquelle elle est confrontée et se parer en créant des conditions adaptées afin de séduire les investisseurs dans un nouvel environnement de concurrence internationale très rude pour la cooptation des IDE. La «dédiabolisation» aussi bien du secteur privé que de l’IDE et le recouvrement de la confiance sur le plan horizontal et vertical, sont le moteur de cette démarche additionnée à une diplomatie de réseautage (Networking Diplomacy) institutionnelle, et non institutionnelle, qui devra passer d’un mode passif à un mode proactif.»
Pour cet expert «Toute initiative et intention d’investir dans le pays quel que soit le statut capitalistique (familial ou multinational) et la forme structurelle (TPE, PME, TGE) de l’investisseur, seront les bienvenus. La redynamisation de l’économie algérienne post-crise est tributaire incontestablement, d’un climat global apaisé et d’un environnement juridique et règlementaire, stable. Il est de notoriété que le rôle des IDE est important dans les efforts d’un pays pour accélérer la croissance économique, l’investissement privé national et étranger, étant considéré comme nécessaire pour augmenter l’épargne intérieure, introduire de nouvelles technologies, apporter les compétences de gestion appropriées, promouvoir l’efficacité grâce à la concurrence loyale et accéder aux marchés extérieurs».
Billel Aouali économiste: «Il faut préparer le terrain à la captation des IDE»
une déclaration, M. Billel Aouali, économiste, nous a donné son avis sur l’importance des IDE pour notre pays, et les conditions qu’il faut, pour les attirer.
«Les principaux avantages que les IDE apportent à un pays d’accueil sont la création d’emplois, le transfert de savoir-faire, voire, si possible, de technologie, et le développement des exportations. Dans cette course internationale à la captation des IDE, 11 commandements sont édictés par les entreprises internationales, quelles que soient leurs tailles, pour s’intéresser à un marché, selon plusieurs enquêtes faites à ce sujet. Ces critères sont établis par les entreprises internationales définissant l’attitude du pays d’accueil à l’égard des IDE avec comme sous-bassement « ne pas être un marché idéologique et dogmatique ». Parmi les exigences des investisseurs, on note la stabilité politique, les caractéristiques politiques, l’attitude des fonctionnaires, des leaders syndicaux et des dirigeants d’entreprises du pays, les freins bureaucratiques, le trafic d’influence, qui inhibent les firmes étrangères de s’installer sur un marché. En somme pour capter les IDE, il faut préparer le terrain et asseoir toutes les conditions. Il ne faut pas être timoré en la matière»
Propos recueillis par R. H.