L’Algérie a su relever l’un des plus grands défis auxquels elle était confrontée, à savoir la sécurité hydrique. Dans un contexte de rareté croissante de l’eau, exacerbée par les changements climatiques et une dépendance de plus en plus marquée aux ressources naturelles, le pays a déployé des efforts considérables pour sécuriser ses approvisionnements en eau.
Par Akrem R.
Aujourd’hui, après plusieurs années d’investissements, de réformes et d’initiatives, l’Algérie semble avoir réussi son pari. Tous les voyants sont en effet au vert, d’autant plus que le taux de remplissage des barrages en service a atteint 34,72 % et que cinq nouvelles stations de dessalement d’eau de mer, d’une capacité de 300 000 m³ chacune, entreront en service au cours du premier trimestre de 2025.
C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, hier, lors de son passage en tant qu’invité sur la chaîne «Echorouk News».
La situation hydrique du pays est aujourd’hui confortable, et le gouvernement a anticipé différents scénarios, y compris celui d’une pluviométrie proche de zéro, dans sa stratégie.
«Aujourd’hui, le taux de remplissage des barrages est de 34,72 %, mais il est important de souligner que ce chiffre représente une moyenne nationale. Certains barrages présentent encore des déficits, mais des plans sont en place, notamment l’interconnexion des barrages, les grands transferts d’eau, et la réalisation de stations de dessalement. Nous agissons de manière à garantir l’approvisionnement en eau des citoyens, quel que soit le contexte », assure le ministre, affirmant que «nous serons toujours dans le vert, car par exemple, le taux de remplissage des barrages a augmenté d’environ 1 % comparé à la même période l’année dernière, où il était à 33,55%».
31 stations de dessalement en service
Dans ce contexte, Derbal a rappelé les efforts importants déployés par l’État en matière de réalisation de stations de dessalement, dont le nombre passera à 31 stations dès l’entrée en service des cinq nouvelles usines au premier trimestre de 2025.
Le pays deviendra ainsi l’un des leaders mondiaux dans le domaine du dessalement de l’eau de mer d’ici la fin de l’année 2025, avec un total de 31 stations de dessalement. Il a souligné que la réception de ces nouvelles stations représente un grand pas vers la sécurité hydrique de l’Algérie.
«Ce n’est pas seulement un pas vers la sécurité et le renforcement de l’approvisionnement, mais c’est une avancée majeure », a-t-il précisé, ajoutant qu’actuellement les eaux non conventionnelles représentent 20 % du total des eaux consommées par les Algériens, qui sont estimées à 3,4 milliards de m³ en 2024. Ce taux devrait atteindre 42 % de la couverture des besoins nationaux en eau dès mars prochain.
Le ministre a également indiqué que la stratégie de son secteur vise à optimiser les ressources, tout en réduisant le recours intensif aux eaux souterraines, qui représentent actuellement 55 % de l’eau utilisée. Au cours des cinq dernières années, face à la sécheresse, l’Algérie s’est orientée vers les eaux souterraines, en exploitant fortement les nappes phréatiques.
Le ministre a qualifié ce taux d’élevé et a souligné la nécessité de consacrer d’importants efforts pour préserver les ressources souterraines, notamment pour les générations futures, conformément aux recommandations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
«Nous devons aussi penser à l’avenir, aux générations futures, et donc arrêter l’exploitation excessive des ressources souterraines», a-til indiqué.
Depuis son élection en 2019, le chef de l’État a mis un accent particulier sur la nécessité d’améliorer la qualité des services aux citoyens dans divers domaines, notamment en ce qui concerne l’alimentation en eau potable.
À cet effet, il a mobilisé toutes les capacités et les moyens nécessaires pour la réalisation d’un programme national d’approvisionnement en eau potable.
Le Président Tebboune a ainsi affiché une réelle volonté politique pour relever le double défi de la sécurité hydrique et de l’amélioration de la qualité du service.
L’été dernier, à la suite de perturbations dans l’approvisionnement en eau potable dans certaines wilayas, notamment à Tiaret, qui a souffert d’une grave pénurie d’eau, un programme d’urgence de 30 milliards de DA a été rapidement lancé. De nombreux projets ont été réalisés dans des délais record, permettant ainsi de résoudre cette crise.
Le ministre a rassuré la population, soulignant que la plupart de ces projets ont été concrétisés sur le terrain, mais précisant que «le travail continue, et nous évaluons la situation jour après jour».
Rationaliser la consommation
Par ailleurs, le ministre a indiqué que 70 % des ressources en eau de l’Algérie, soit l’équivalent de 11 milliards de mètres cubes, sont destinées au secteur agricole.
« Tout le monde connaît l’importance, la vitalité et la dynamique de ce secteur, mais une partie de cette agriculture utilise encore des méthodes traditionnelles d’irrigation », a-t-il affirmé.
Il a annoncé que ses services travaillent en coordination avec le ministère de l’Agriculture pour adopter des systèmes modernes d’irrigation économes en eau.
«Cela permet d’irriguer une plus grande superficie avec la même quantité d’eau, ce qui nous permet de suivre le développement du secteur agricole», a-t-il précisé, soulignant que l’irrigation ne doit pas être un frein ou un obstacle au développement agricole.
Dans le secteur de l’hydraulique, il existe des objectifs immédiats, notamment répondre aux besoins en eau des citoyens, et cela reste une priorité des directives du Président de la République.
Il faut y répondre rapidement. Cependant, il est tout aussi crucial d’avoir une vision à long terme pour ce secteur : « Nous devons anticiper les évolutions démographiques et les changements dans tous les secteurs. Il est également essentiel de tenir compte du défi du changement climatique, un facteur important avec lequel nous devons lutter en permanence », a souligné le ministre.
Concernant les préparatifs pour le mois de Ramadan, Derbal a précisé qu’un programme spécial a été mis en place pour garantir un approvisionnement suffisant en eau pendant ce mois sacré.
« Les cadres du secteur, représentant les 58 wilayas, se réuniront durant la troisième semaine de ce mois de janvier pour examiner les plans relatifs à la distribution et aux quantités d’eau ».
En ce qui concerne le traitement des eaux usées et la ré- utilisation des eaux épurées, le ministre a mentionné que l’Algérie a épuré 1,079 milliard de mètres cubes d’eau au cours de l’année passée, dont 50 %, soit 500 millions de mètres cubes, ont été réutilisés.
Il a également précisé que le taux de réutilisation de l’eau a progressivement augmenté depuis novembre dernier. Enfin, le ministre a annoncé que le taux de connexion des citoyens à l’eau potable a atteint 98 %, ce qui témoigne des efforts considérables déployés pour améliorer l’accès aux ressources en eau dans toutes les régions du pays.
A. R.
