Bien avant l’apparition du Coronavirus et à cause d’un secteur du Tourisme défaillant, les hôteliers vivaient, déjà, une situation difficile, hormis l’hôtellerie de luxe pour hommes d’affaire, notamment. Selon le PDG du Groupe Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme (HTT), Lazhar Bounafaa, «l’année 2020 a été une année quasi blanche, avec un chiffre d’affaires en recul de de 36,5%. Plus qu’une crise, selon des professionnels du secteur, pour qui, c’est tout un pan de l’économie qui risque de s’effondrer si aucune disposition d’accompagnement des pouvoirs publics n’est prise.
Par Réda Hadi
Pour beaucoup d’observateurs et de spécialistes du Tourisme, ce passage à vide a encore davantage soulevé la question de la restructuration du tourisme, ses objectifs et sa stratégie.
Dans une déclaration à l’APS, le PDG de HTT a appelé les autorités concernées à initier les mesures nécessaires pour aider les gestionnaires des établissements hôteliers dans leur réhabilitation, en ce sens, qu’ils constituent le maillon fort de la relance et de la promotion du tourisme en Algérie. Les pertes financières enregistrées par beaucoup d’hôtels sont estimées à 75%. Ces pertes, s’expliquent d’autant plus, que cette année, la saison estivale a été stoppée net au mois de juillet dernier, induisant l’absence de touristes et une récession totale de l’activité hôtelière.
Pour M. Bourad Mohamed, consultant en tourisme durable, «socialement et économiquement, l’épidémie de la Covid-19 a eu des effets dévastateurs sur une classe moyenne, habituée aux voyages et aux loisirs. Cette pandémie a levé le voile sur les problèmes de ce secteur, particulièrement dans le Sud.». Pour ce consultant, «il est temps d’agir et de mettre fin à toutes ces actions atomisées où chacun joue sa partition sans être en contact avec l’autre. On doit saisir cette occasion pour affronter les problèmes et faire face aux défis. Et cela passe par une concertation générale qui réunira tous les acteurs de ce secteur, débattre et sortir avec un feuille de route lisible. Une feuille de route qui tracera en premier lieu, la relance du tourisme domestique sur 3 ou 4 ans, et ensuite, définir une vraie stratégie pour un tourisme international».
Pour M. Bourad, il ne peut être autre chose que d’une vision cohérente, aboutie «dans le sens où cette vision devra être un consensus entre tous les intervenants, et ce, d’autant plus que nous sommes dans une phase expectative, où tout peut arriver» a-t-il conclu.
La pandémie a engendré des ravages économiques
A ce sujet, le directeur général du tourisme au ministère de tutelle, de l’Artisanat et du travail familial, a indiqué que la crise sanitaire et la fermeture des frontières, ont engendrée des ravages économiques considérables, estimant ainsi les pertes, à 30 milliards de dinars par mois.
Or, selon M. Bourad Mohamed, «les pertes seraient plus conséquentes. En effet, en additionnant le pourcentage de remplissage, ainsi que la restauration et les animations touristiques, le chiffre serait en nette hausse, par rapport au chiffre indiqué par les autorités.
Persuadé de la gravité de la situation, le consultant estime «que les agences de voyages sont celles qui pâtissent le plus de ces conditions déplorables . À titre d’exemple, l’expert évoque le Hadj et la Omra, un marché qui représente plus de 600 millions de dollars. Ainsi, on peut déduire que le manque à gagner de ces agences de voyages est colossal.
Aucune mesure pour le secteur du tourisme
Pour M. Bourad, «aucune mesure n’a été mise en place afin de surmonter ces difficultés». D’après les affirmations de certains économistes sur le sujet, aucune mesure économique et financière n’a été adoptée afin de surmonter la crise du secteur touristique, estimant que le budget alloué au secteur touristique est très bas par rapport à d’autres secteurs.
«Toutes ces difficultés que rencontrent actuellement les hôtels inter-urbains pour pouvoir fonctionner, imaginez alors l’état des hôtels de type balnéaire! Leur seule ressource avant l’été, étant de travailler les week-ends avec une clientèle généralement issue hors wilayas, alors que depuis plus d’un mois et demi, on n’a plus personne», nous a précisé M. Bourad .
Ces difficultés, sont de plus, aggravées par l’obligation de garder le personnel spécialisé induisant une masse salariale sans rentrée d’argent : «Les marges bénéficiaires générées par ces derniers et les hôtels urbains ne sont pas identiques, et dès qu’il y a une coupure dans la chaîne économique, ce sont ces établissements qui sont de suite, fragilisés» assure-t-il.
R. H.