Bac et après-Bac : Les urgences de l’économie nationale

Bac et après-Bac : Les urgences de l’économie nationale

Les résultats de l’examen du baccalauréat, tels qu’ils se sont affichés au cours de ces dernières années, et dont, dans un climat d’euphorie générale, la société semble tirer satisfaction, reflètent-ils un niveau d’enseignement des lycéens qui puisse les insérer sans difficulté dans l’enseignement universitaire? Le cursus universitaire classique (graduation, post-graduation) est-il le seul débouché obligatoire pour les bacheliers ? La linéarité du chemin des études, faisant faire à l’élève puis à l’étudiant le parcours du primaire, à la faculté est-elle sacralisée au point où elle n’admettrait aucune ‘’bifurcation’’ vers les concours ouvrant la porte des grandes écoles, vers des instituts technologiques ou vers des formations de cycle court qui, pourtant, arrangeraient bien des bacheliers portés moins sur les métiers ‘’théoriques’’ que sur les aspects pratiques d’une formation courte mais performantes ?

Par Amar Naït Messaoud

En tout état de cause, et au-delà des notes qui « font parler d’elles » en raison de leur valeur élevée pour certains bacheliers, ces interrogations et tant d’autres encore allant dans le même sillage présupposent l’obtention du Bac, une note à l’examen permettant des choix élargis et des prédispositions mentales et pédagogiques pour des études supérieures. Une réalité s’impose : les images des fonctions et métiers dits «valorisants » aux yeux de la société, -comme l’architecture, la médecine, ou bien, autrefois, le droit semblent un peu ternies.

Les évolutions sociales et économiques charriées par la conjoncture mondiale et par le passif accumulé par l’économie algérienne sous le parapluie de la rente, ont fini par oblitérer bien la perception des études au niveau de la société et mis à mal les anciennes valeurs faisant que, l’exercice par les jeunes de certaines activités informelles, comme, par exemple, l’enseignement universitaire, l’exercice de la médecine dans la fonction publique, sous une piètre image.

Face à une telle réalité, que les lycées avaient déjà psychologiquement intériorisée en tant « décor quotidien » de la vie sociale, l’engouement et l’engagement des nouveaux bacheliers pour l’Université requièrent beaucoup résolution et de détermination. C’est là une problématique qui,

dans la situation actuelle, comporte son lot d’interrogations légitimes, même si des exemples de «success stories» sont bien visibles, là où des jeunes Algériens ont pris à bras-le-corps leur destin en main, en s’investissant dans des start-up innovantes, en poursuivant des études honorables, voire brillantes, à l’étranger, en menant un cursus de graduation et de post-graduation exceptionnel dans leur propre pays.

Il est évident qu’une «success story» est, comme une hirondelle : elle ne fait pas le printemps. Mais, sans doute, elle l’annonce et le prépare pour ses congénères.

Les start-up initiées et lancées au cours de ces dernières années dans les domaines du numérique et des biotechnologies, intégrant des métiers verts, peuvent, avec un minimum de persévérance, créer un esprit d’émulation à même d’intéresser un nombre conséquent d’étudiants.

Mais, l’Algérie, qui compte reconstruire son économie loin des pièges de la rente pétrolière qui a joué bien des tours au pays et à la société, attend de ses étudiants un implication plus audacieuse pour assurer l’encadrement, aussi bien des entreprises- publiques et privées-, que de la haute administration où se conçoit et s’élaborent la stratégie économique, les politiques publiques et la planification.

Cette perspective, qui fait partie du court terme, voire de l’urgence, est censée faire prendre conscience aux secteurs de l’Éducation, de l’Enseignement supé- rieur et de la Formation professionnelle- lesquels totalisent presque 14 millions de jeunes en formation (entre élèves, stagiaires et étudiants), de leurs devoirs d’adaptation et de rehaussement du niveau de formation.

L’Algérie, qui dépense chaque année des milliards de dinars pour ces trois secteurs- budgets d’équipement, de fonctionnement et de réalisation de grandes infrastructures-, est en droit d’attendre, pour le fonctionnement de son économie, de ses services publics et de son administration- un impact à a hauteur des investissements.

Il s’agit, du même coup, d’endiguer l’hémorragie du départ à l’étranger pour des étudiants qui doivent tout à l’Algérie. Former pour les autres, voici une hérésie à laquelle il faut bien mettre un terme un jour.

 A. N. M.

Quitter la version mobile