Avec des exportations atteignant 1,3 milliard d’euros en valeur durant les trois premiers mois de l’année 2022 seulement, la France se positionne comme principal client de l’Algérie. Cependant, compte tenu des évolutions qu’observe l’espace européen depuis le début de cette année, du fait de la guerre en Ukraine et le bras de fer commercial entre l’UE et la Russie qui en découle, cette tendance favorable à l’Algérie est appelée à se poursuivre pour les mois à venir, voire les années à venir.
Par Mohamed Naïli
Ainsi, selon les statistiques que viennent d’établir les douanes françaises, les importations de l’Hexagone sur le marché algérien ont enregistré une progression de 62% durant le premier trimestre de cette année, comparativement à la même période de l’année d’avant. Si, par type de produit, le pétrole et le gaz prédominent les exportations de l’Algérie vers la France, avec 88%, laissant une part minime aux exportations hors hydrocarbures (12% seulement), mais cette répartition est un indicateur attestant une tendance à la hausse des exportations algériennes vers ce pays qui se poursuivra durant les mois à venir.
En effet, dans la foulée de la course que mènent les pays européens vers la réduction de leur dépendance des hydrocarbures russes et leur intérêt croissant pour d’autres producteurs potentiels, la conjoncture est plus que jamais à l’avantage de l’Algérie pour consolider ses exportations vers ce pays partenaire de la rive nord de la Méditerranée. Tandis que le raffermissement des cours du brut sur le marché mondial ne fera que renforcer cette tendance.
Dans le détail, le même bilan des Douanes françaises fait apparaitre que, sur les 1,3 milliard d’importations depuis l’Algérie entre janvier et mars 2022, le pétrole et le gaz totalisent 986 millions d’euros, soit une hausse de 87% par rapport aux trois premiers mois de l’année d’avant, laquelle hausse qui s’explique par la hausse des prix des hydrocarbures sur le marché mondial, certes, mais pour les mois à venir, cette croissance s’exprimera également en volume, étant donné le recours de plus en plus croissant des pays européens à l’approvisionnement en produits énergétiques algériens.
Importations en baisse
En revanche, les flux commerciaux dans le sens inverse, à savoir les importations algériennes depuis le marché français, eux, enregistrent un recul de 519 millions d’euros durant le premier trimestre 2022 par rapport à la même période de l’année d’avant, selon la même source, ce qui fait éloigner davantage la France de sa position historique de principal fournisseur de l’Algérie.
Détaillant le type de produits dont les importations ont diminué, la même source fait ressortir les produits agricoles, dont la valeur des exportations vers le marché algérien a baissé de 58% durant la période de référence. Ceci s’explique par la nouvelle approche entreprise par l’Algérie durant ces deux dernières années consistant à diversifier ses sources d’approvisionnement en biens et services. C’est durant cette période en effet que, par exemple, le blé d’origine russe ou d’autres pays d’Europe a remplacé le blé français. Du même pour l’ensemble des produits agricoles dont les récoltes au niveau local couvrent les besoins exprimés qui sont donc interdits à l’importation, laquelle interdiction qui frappe aussi les viandes rouges.
Toutefois, avec la réouverture des frontières à l’importation de bovins vivants, notamment en génisses pour le renouvèlement du cheptel national destiné à la production de lait, décidée en février dernier par le ministère de l’Agriculture et du développement rural, intervenant de surcroit dans une conjoncture marquée par l’interdiction de ces importations en provenance de l’Espagne, les exportations françaises en produits agricoles sont susceptibles de repartir à la hausse d’ici la fin de l’année en cours. Une hausse qu’accentuera à coup sûr aussi le recours à nouveau à l’importation de céréales françaises suite aux perturbations rendant depuis mars dernier inaccessibles les céréales russes et ukrainiennes.
Dans l’ensemble, le document des douanes françaises souligne une balance excédentaire en faveur de l’Algérie d’une valeur de 519 millions d’euros, alors que durant la même période de 2021, cet excédent a été de 156 millions d’euros en faveur de la France.
Par ailleurs, sur l’ensemble de l’année 2021, la balance des échanges bilatéraux avec l’Hexagone est également excédentaire en faveur de l’Algérie. Le rapport annuel du commerce extérieur de la France, établi par les services du Trésor public français, fait ressortir en effet des importations françaises en provenance de l’Algérie d’une valeur de 4,3 milliards d’euros, tandis que les exportations ont atteint 3,7 milliards d’euros, soit un excédent de 600 millions d’euros pour l’Algérie.
Selon la tendance générale, comme le montre le rapport de la représentation diplomatique française à Alger pour l’année 2020, la France est le deuxième client de l’Algérie, avec 13,3% du total des exportations, derrière l’Italie comme premier client (14,7%), mais devant l’Espagne qui vient en 3ème rang avec 10% ou la Chine, avec seulement 5% de l’ensemble des exportations.
M. N.
