L’entreprenariat est au centre des préoccupations du gouvernement. En effet, la mise en place d’un écosystème idoine est une condition sine qua non pour le renforcement du tissu PME/PMI en Algérie.
Par Akrem R.
Un forum placé sous le thème « Innovation et dynamique entrepreneurial », un événement parrainé par le Premier ministre, ministre des finances Aïmene Benabderrahmane, a été organisé avant-hier via la technologie « Zoom», par le ministère de l’Industrie en partenariat avec le réseau mondial Global Entrepreneurship Network (GEN Algeria). Ainsi, les recommandations de ce forum seront soumises au chef du gouvernement afin de tracer une feuille de route pour ce créneau.
Les intervenants ont souligné l’importance de l’entreprenariat dans le développement économique du pays. Un objectif bien inscrit dans la démarche du gouvernement, indique Benbrik Salaheddine, SG du ministère de l’Industrie, visant notamment, la diversification de l’économie nationale, la création de nouveaux emplois, la création de nouvelles PME, la promotion de l’esprit de l’entrepreneuriat chez les jeunes et l’encouragement de l’innovation pour améliorer la compétitivité de nos entreprises. À cet effet, les différents mécanismes mis en place par l’Etat doivent s’impliquer dans la stratégie nationale, et ce, dans le but de booster l’esprit de l’entrepreneuriat chez nos jeunes et la préparation d’un écosystème idoine, recommande-t-il. La situation de l’entrepreneuriat, actuellement dans notre pays, est «difficile». Le nombre de PME en activité ne dépassant pas les 1,2 millions, témoigne du retard dans ce domaine.
28 PME/1000 habitants
«Actuellement, notre pays ne possède que 1,2 millions d’entreprises, même si ce chiffre est assez significatif. Des entreprises qui n’arrivent pas à répondre, d’une manière satisfaisante, aux besoins socio-économiques de notre pays, soit un ratio de 28 PME pour 1000 habitants. Ce qui est en dessous des normes internationales variant entre 45-60 PME/1000 habitant», a déploré Mehdi Harraz, chargé de la PME/PMI, au ministère de l’industrie, relevant qu’ en clair, les organismes en charge de l’entrepreneuriat sont appelées à redoubler d’efforts afin de remédier aux insuffisances et blocages rencontrés par les jeunes. En dépit des moyens mobilisés par l’Etat, la création d’une entreprise dans notre pays reste «difficile» et que certains qualifient de parcours du combattant. En effet, si les délais pour bénéficier d’un registre du commerce au début de l’activité de l’entreprise sont courts, la mobilisation des financements est une autre paire de manche, dira Belkacem Guesmia, un spécialiste dans le domaine. Les procédures du traitement des dossiers par les banques publiques sont compliquées et lentes, ajoute-t-il, en appelant à les assouplir.
Ainsi, il a appelé également, à l’organisation de sessions de formation pour les porteurs de projets sur, notamment, le fonctionnement d’une entreprise, les charges à payer (fiscales et parafiscales). C’est important pour un jeune d’avoir des connaissances sur ces aspects avant son accès à l’entrepreneuriat.
Impliquer la CACI dans la formation des porteurs de projets
« Je propose l’organisation de séminaires et rencontres au niveau régionale pour sensibiliser les jeunes sur l’importance de ce domaine et leur faire découvrir les nouvelles techniques. Ainsi, les Chambres de Commerce et d’Industrie sont appelées à s’impliquer davantage dans cette mission», ajoute Guesmia. Une idée que Abderrahmane Hadef, ex président de la CACI Titteri (Médéa), présent également à cet événement, partage. « Dans le monde entier, le deuxième formateur après les institutions spécialisées, c’est bien les chambres de Commerce et d’Industrie. D’ailleurs, l’Etat accorde des aides et subventions pour ce genre de formations», a-t-il souligné, en appelant à l’adoption d’une approche économique dans l’accompagnement des jeunes entrepreneurs.
Nécessité d’une coordination entre les différents mécanismes
Pour lui, l’accompagnement doit se faire selon un programme d’accompagnement innovant et adapté selon le projet. En somme, les intervenants ont été unanimes à dire que l’entrepreneuriat est une activité qui doit être inscrite dans le temps et non se limiter à la célébration de la semaine mondiale de l’entrepreneuriat.
D’ailleurs, les participants à ce forum ont expliqué le rythme faible dans la création de PME par l’absence d’une véritable coordination et cohésion entre les différents organismes outre que les conventions signées ne sont pas appliquées surtout sur le terrain. À cet effet, affirme Mehdi Harraz, « il y a nécessité de coordonner et de créer une coordination au niveau local».
D’ailleurs, l’agence du développement de PME au ministère de l’Industrie a procédé à la création de centres d’appui ainsi que des pépinières à travers les différentes wilayas. « Nous devons converger et être en synergie pour dégager des résultats probants. Puisque, si chaque acteur travaille en solo, les résultats seront toujours en deçà des attentes», ajoute-t-il.
Sur la question du financement, Hakim Taousar, le directeur général de l’ADPME-PI, a fait savoir qu’une convention a été signée avec le Fonds de garantie des crédits aux PME (FGAR), dont de nouvelles représentations seront ouvertes dans le Sud. « Cette convention permettra le règlement du problème du financement» dira-t-il, en faisant savoir que le nombre de PME créées durant les deux dernières années 2020 (321 PME) et 2021 (500), a connu une baisse drastique par rapport à 2019 où 3877 PME ont été créées. Une situation qu’il a expliquée par les effets de la pandémie.
A.R.