Avec près de 5 milliards de dollars d’IDE en Algérie : Le secret de la percée turque en Algérie
Si au début des années 2000, seulement sept entreprises turques étaient présentes sur le marché national, aujourd’hui, elles en sont au nombre de 1 400, a déclaré l’ambassadrice de Turquie en Algérie, Mahinur Ozdemir Goktas, lors d’une rencontre organisée, samedi dernier, par les patronats turcs Musiad-Algérie et le Conseil mondial des affaires turques (DTIK Algérie).
Par Mohamed Naïli
A ce rythme, la progression des investissements turcs en Algérie n’est pas moins remarquable dans la mesure où elle représente une création moyenne de 70 entreprises par année. Si, avec un volume global de près de 5 milliards de dollars, les IDE turcs restent encore loin de la Chine avec ses 13,5 milliards USD, il reste qu’au vu de l’intérêt et de la dynamique que manifestent les opérateurs turcs au marché national, ils semblent bien partis pour concurrencer le géant asiatique, notamment, en s’intéressant à des secteurs aussi stratégiques que le Bâtiment et Travaux publics, la sidérurgie, les textiles, les médicaments ou les industries chimiques.
Rien que pour le secteur du Bâtiment par exemple, les opérateurs turcs ont contribué jusqu’à la fin 2020 à la réalisation de pas moins de 550 projets pour une valeur globale de 20 milliards de dollars.
L’autre particularité des entreprises turques réside dans le fait que, contrairement aux autres pays porteurs d’IDE, elles ne semblent pas céder devant les obstacles susceptibles de freiner la dynamique de leurs investissements, même pas la crise sanitaire de Covid-19, puisque rien qu’en 2020, à titre indicatif, les opérateurs de ce pays ont créé pas moins de 130 entreprises en Algérie.
Facilité d’adaptation
En outre, en connaisseurs des potentialités et opportunités d’affaires sur le marché national, en plus des marchés publics auxquels ils postulent et les investissements dans le secteur de l’industrie, les investisseurs turcs s’intéressent, désormais, à des projets de partenariat avec les opérateurs privés algériens. A ce propos, un promoteur immobilier ayant confié un projet de réalisation de 250 logements grand standing dans la wilaya de Tizi-Ouzou à une entreprise de construction turque, interrogé sur son choix reconnait que « les opérateurs turcs ont d’abord la maîtrise et la technicité, comme ils ont une capacité d’adaptation, que ce soit au fonctionnement de l’administration ou au mode de vie au niveau local, ce qui fait qu’il n’y a pas de rigidité lors des négociations avec eux ».
Globalement, dans le sillage de l’intérêt qu’il nourrit pour l’ensemble du continent africain, au même titre, d’ailleurs, que son concurrent chinois, le gouvernement turc considère l’Algérie comme « une destination stratégique » pour ses investissements. « L’Algérie est au 7ème rang des pays dans lesquels la Turquie investit le plus dans le monde, et la première en Afrique », a, à cet égard, souligné la représentante diplomatique d’Ankara à Alger.
Au volet commercial, le pays d’Erdogan est aussi en voie de s’affirmer parmi les partenaires clé de l’Algérie. En 2020, selon les statistiques des services des Douanes, la Turquie s’est hissée au rang du 4ème client de l’Algérie avec des importations pour une valeur globale de 2,1 milliards de dollars, principalement en gaz GNL, derrière l’Italie, la France et l’Espagne. Durant la même année, la Turquie a été parmi les 10 principaux fournisseurs de l’Algérie avec des exportations d’une valeur globale de 1,5 milliard de dollars, ce qui fait ressortir une balance commerciale excédentaire en faveur de l’Algérie, pour une valeur de 600 millions de dollars durant l’exercice en question.
M. N.
Partenariat algéro-turc: Une relation « stratégique » pour l’ambassadrice de Turquie
L’ambassadrice de Turquie en Algérie, Mahinur Ozdemir Goktas, a salué le soutien des autorités algériennes aux investisseurs turcs installés en Algérie, qualifiant ces investissements de «stratégiques» pour son pays.
Estimant que la présence de sociétés turques en Algérie était « permanente » l’ambassadrice a souligné que les investissements turcs en Algérie concernaient quasiment tous les secteurs lesquels représentent pour Ankara des investissements «stratégiques et prioritaires».
La diplomate s’exprimait lors d’une rencontre organisée par les patronats turcs Musiad-Algérie et le Conseil mondial des affaires turques (DTIK Algérie).
L’Algérie, qui « ne comptait en 2000 que 7 entreprises turques », se place aujourd’hui «au 7ème rang des pays dans lesquels la Turquie investit le plus dans le monde, et la première en Afrique», a-t-elle fait savoir, ajoutant que «le nombre d’entreprises turques présentes actuellement en Algérie a atteint les 1.400».
Les investissements directs turcs en Algérie ont atteint près de 5 milliards de dollars et ont généré quelque 30.000 postes d’emploi, a-t-elle précisé, relevant que ces investissements sont « stratégiques » pour la Turquie.
Selon Mme Ozdemir Goktas, la Turquie « est le pays étranger avec le plus grand nombre d’entreprises présentes en Algérie.
De son côté, Erhan Cecen, secrétaire général de Musiad-Algérie (Association des industriels indépendants et des hommes d’affaires) a appelé les investisseurs turcs à renforcer leur présence en Algérie, notamment dans la production.
M. Cecen a mis en exergue «le succès de plusieurs entreprises turques en Algérie dans différents domaines, ce qui incite leurs concitoyennes à venir les épauler dans la bataille de la production».
Abondant dans le même sens, le représentant du Conseil mondial des affaires turques (DTIK Algérie) a souligné que l’Algérie «a montré un intérêt particulier pour le développement des relations économiques avec la Turquie», en incitant les entreprises de son pays et celles ayant un lien d’amitié avec la Turquie à venir investir en Algérie, notamment dans les secteurs productifs.
Selon lui, dans les années à venir, le volume des investissements turcs en Algérie «sera beaucoup plus important», notamment dans les secteurs de la santé, le tourisme, l’industrie et les énergies renouvelables.
R. N.