Avec une augmentation exceptionnelle du nombre de sociétés activant dans le domaine de l’exportation, l’Algérie confirme sa détermination à aller vers la diversification de son économie et surtout en finir avec le statut du pays mono-exportateur.
Par Mohamed Naïli
L’Algérie compte en effet près de 2 000 sociétés exportatrices, dont près de 1 200 ont été créées durant la seule année en cours, soit une hausse de 150%, puisqu’en 2021, celles-ci n’étaient que de 800. C’est ce que vient de déclarer le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Kamel Rezig. En termes de résultats, le pari est sur le point d’être gagné, puisque à la fin de l’année en cours, les recettes des exportations hors hydrocarbures attendues avoisineraient les 7 milliards de dollars, soit une croissance de 40% par rapport à l’année 2021 où les entreprises algériennes ont exporté pour 5 milliards de dollars de produits autres que le pétrole et le gaz.
Ce boom des entreprises économiques et commerciales, tant du secteur public que privé, qui sont à l’assaut du marché international en l’espace de quelques mois seulement s’explique par la conjugaison de plusieurs facteurs de plus en plus favorables pour le produit national au-delà des frontières.
Au niveau de l’administration sectorielle, en effet, d’importantes mesures sont mises en œuvre ces deux dernières années pour inciter les opérateurs économiques nationaux à se projeter dans l’exportation, notamment des facilités au niveau du centre national du registre du commerce, rendant plus facile la création de sociétés exportatrices, déclarait il y a quelques semaines le ministre de tutelle. Ceci au moment où des mesures d’accompagnement des entreprises économiques dans leurs démarches du commerce extérieur viennent d’être prises, dont, par exemple, l’engagement de certaines banques publiques, comme la BEA, le CPA et la BNA, à créer des filiales dans certaines capitales africaines et méditerranéennes pour faciliter le rapatriement des recettes d’exportation des entreprises algériennes ou la création de plateformes logistiques pour faciliter la tâche à ces dernières.
En outre, la loi définissant les règles de gestion de zones franches, adoptée en juin dernier par le Parlement, permettra dès son entrée en vigueur de renforcer la position des entreprises locales à l’export. Aux termes de cette loi, il sera ainsi procédé à la création de zones franches où les entreprises y activant bénéficieront d’importants avantages fiscaux et douaniers dans le but de leur faciliter la tâche dans le domaine de l’exportation.
La Zlecaf, la Gzela et la transsaharienne
Au niveau régional, c’est le marché africain qui se décline de plus en plus favorable au produit national et à la portée des entreprises algériennes. Cette tendance se confirme en effet depuis l’entrée en vigueur de la ZLECAF (Zone de libre échange continentale africaine) en 2021, un cadre dans lequel des entreprises industrielles intervenant dans diverses branches d’activité parviennent à augmenter le volume de leurs exportations. La GZELA (Grande zone arabe de libre échange) sert du même support aussi aux entreprises nationales en quête de parts de marché en Afrique du nord et moyen Orient depuis sa mise en place au milieu des années 2000.
Les opportunités de renforcer la position des entreprises exportatrices sur le marché régional ne feront que s’accroitre à moyen terme, avec notamment l’achèvement du projet de la route transsaharienne, hissée au rang de corridor économique depuis juin dernier. Longue de près de 5 000 km, cette infrastructure, devant relier Alger et Tunis sur les cotes de la Méditerranée à la Capitale nigériane Lagos sur les cotes atlantiques, en traversant le Mali, le Niger et le Tchad, permettra en effet de fluidifier les liaisons commerciales entre ces six pays de la sous-région.
En termes de créneaux d’activités dans lesquels les entreprises algériennes ont plus de potentialités à l’exportation, les statistiques des services de douanes font apparaître les produits sidérurgiques, le ciment, l’ammoniac, les appareils électroménagers mais aussi les produits pharmaceutiques et agricoles.
Le groupe sidérurgique Tosyali, à titre indicatif, table sur un volume d’exportation de 1,4 de tonnes, pour une valeur de 1,2 milliard de dollars à la fin 2022. Pour sa part, le groupe Gica, dont le produit est de plus en plus demandé en Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire et d’autres pays africains, s’est fixé l’objectif de 3 millions de tonnes de ciment à exporter à la même échéance. Ceci au moment où les exportations en ammoniac, urée et autres produits utilisés dans la fabrication d’engrais dépassent en moyenne les 600 millions de dollars/an, réalisées principalement par la SPA Sorfert Algérie.
Plusieurs entreprises activant dans le domaine agroalimentaire ont également réalisé des prouesses à l’exportation avant que n’intervienne la décision prise par le chef de l’Etat en mars dernier interdisant l’exportation de certains produits considérés stratégiques, comme ceux fabriqués à base de céréales, le sucre, les légumes secs ou le double concentré de tomate, dans le but de sécuriser le marché local et de renforcer la sécurité alimentaire du pays.
M. N.