L’Algérie avec près de 7 milliards de sacs en plastique utilisés annuellement est le 5ème consommateur de ce type de sacs dans le monde, au moment où le plastique représente, faute d’une industrie de recyclage, 60 à 80% des déchets déversés dans le milieu marin national. Au cours des dix dernières années, la consommation par personne du plastique en Algérie a augmenté d’environ 9% par an, passant de 10 kg en 2007 à 23,1 kg en 2017. Elle devra atteindre 25,8 kg en 2021. Aussi, près de 60% de cette consommation est représentée par l’emballage, 20% par la construction et le reste par diverses industries.
Par Réda Hadi
Face à ce fléau, la ministre de l’Environnement, Dalila Boudjemaa, appelle à l’adoption de législations limitant les dangers de l’utilisation du plastique sur la santé et l’environnement. Dans une allocution lue en son nom par la SG du ministère, Meriem Ben Mehdi, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des droits des consommateurs, célébrée cette année sous le slogan, «La lutte contre la pollution plastique», la ministre a indiqué que «l’Algérie fait partie des grands consommateurs des sacs en plastique au niveau mondial», ajoutant que « 60 à 80% des déchets plastiques sont jetés dans la nature, la mer et les Oueds ».
Selon les chiffres avancés par la première responsable du secteur, les déchets ménagers contiennent 17% de plastique soit 130.000 tonnes/an de la quantité annuelle produite au niveau national.
L’interdiction de l’utilisation de sacs en plastique a toujours été une préoccupation majeure pour le ministère de l’Environnement, mais qui, malheureusement s’est toujours soldée par un échec, ou des succès en demi-teinte.
Un sachet à la peau dure
En dehors du fait que le plastique met près de 1000 ans pour se biodégrader, et pollue considérablement notre environnement, dans l’immédiat, c’est la santé du consommateur qui est en péril, affirment des scientifiques et des associations écologiques. Les sachets sont bel et bien en contact avec les denrées alimentaires. Ils sont présents dans des supérettes et pratiquement dans tous les magasins de l’alimentation générale.
Une réglementation interdisant l’utilisation de ces sachets devait entrer en vigueur en avril 2005. 16 ans après, le fameux sachet noir n’est toujours pas éradiqué.
Face à cela, les associations avancent que la conscience du consommateur et son engagement pour lutter contre la pollution des produits destinés à la consommation demeurent le seul contrôle efficace.
Les consommateurs, quant à eux, estiment que «si réellement ces sachets noirs sont nocifs comme ils le disent, ils (les pouvoirs publics. ndlr) n’ont qu’à interdire leur commercialisation au niveau des marchés».
Faut-il rappeler que des années après les campagnes pour sensibiliser contre les effets du plastique sur la santé, les citoyens continuent à accepter de mettre leurs produits alimentaires dans des sachets non-alimentaires, à l’instar des sachets pour pain ou encore pire, celui du « charbet », durant le Ramadhan.
Le consommateur doit-il faire face seul à ce problème? Il semble que c’est le cas dans la mesure où l’industrie des sachets en plastique échappe à tout contrôle. Cette industrie, comme en témoignent des acteurs dans le domaine du commerce et ceux de l’environnement, relève majoritairement de l’informel.
C’est que, depuis que le sac et les bouteilles en plastique sont entrés en service, le pays est devenu un véritable dépotoir pour ces articles qui mettent des siècles pour se désintégrer.
Même si les statistiques mondiales ne classent pas l’Algérie comme étant un pays pollueur, la qualité de notre environnement laisse à désirer. Nos plages et mêmes nos territoires désertiques, sont jonchés de déchets plastiques.
Pourtant, la récupération et la valorisation des déchets, qui étaient perçues auparavant, comme une préoccupation purement environnementale, sont devenues une activité économique qui peut générer un chiffre d’affaires de 38 milliards de dinars/an et pourrait créer de nombreux postes d’emploi directs et indirects (7600 emplois peuvent être créés dans la filière PET (polyéthylène Terephlate) qui génère près de 350 000 tonnes/an.
R. H.