L’Algérienne des eaux (ADE) croule sous le poids des créances impayées qui ont atteint les 66 milliards de DA. Cette situation financière difficile complique la mission de l’ADE de garantir un approvisionnement en continu des populations en eau potable, notamment, durant cette période de sécheresse, où cette source vitale devient de plus en plus précieuse.
Par Akrem R.
Selon Salah Eddine Chreit, directeur central à l’ADE, les impayés des ménages représentent 68% des créances de la société, soit plus de 40 milliards de DA. D’ailleurs, note l’intervenant, durant la période de la pandémie, les impayés ont augmenté de 11 milliards de DA !
S’agissant des impayés détenus auprès des administrations publiques notamment, ils avoisinent les 16 milliards de dettes soit 25% du montant global. Cette situation influe négativement sur le service public, dira-t-il, faisant savoir que ces factures ne représentent qu’une partie infime des dépenses et investissements colossaux consentis par l’Etat.
Sur ce point, le directeur central de l’ADE a relevé que la production d’un mètre cube d’eau revient à 68 DA, alors que la moyenne du prix de sa commercialisation ne dépasse pas les 24 DA, soit seulement 37% des coûts de production. L’invité de la radio nationale «Chaîne I» a appelé les citoyens à s’acquitter de leurs factures afin d’améliorer la qualité de service public de cet organisme. Des facilitations seront accordées dans ce sens, notamment, en faveur des personnes ayant plus d’une facture impayée. «Nous allons accorder toutes les facilitations pour nos clients afin qu’ils puissent régler leurs factures impayées, en leur proposant des échéanciers sur plusieurs tranches», affirme Salah Eddine Chreit, qui préconise la sensibilisation au lieu de la répression pour lutter contre ce phénomène de la fraude (non paiement de factures, consommation frauduleuse et autres pertes commerciales). Des campagnes de sensibilisations sont ainsi lancées à travers le pays pour lutter contre le gaspillage d’eau, en impliquant les Imams, notamment.
73 000 fuites réparées en trois mois
«Nous devons tous nous impliquer dans cette campagne et réduire le maximum du gaspillage de cette richesse précieuse qui se fait, de plus en plus rare dans notre pays semi aride», souligne-t-il. Outre les impayés des clients, l’ADE fait face à la problématique des fuites d’eau, dont la réparation est coûteuse avec une moyenne de 10 000 de DA pour chacune. Uniquement durant les trois mois de l’année en cours, pas moins de 73 000 fuites ont été réparées contre 290 000 en 2021. « Ces réparations engendrent des pertes financières colossales pour la société. Ces fuites sont dues, notamment, à un réseau ancien, intervention des différents services de travaux publics et aux opérations de raccordement illicites, dont 1326 d’entre elles ont été recensées en trois mois», explique-t-il.
S’agissant de la qualité d’eau potable distribuée aux ménages, le responsable rassure qu’elle est de qualité et soumise à un contrôle quotidien. D’ailleurs, 9000 analyses de chlore sont effectuées quotidiennement, outre, 900 analyses/ jour bactériens et 950 analyses/jour physicochimiques, par les 130 laboratoires de contrôles de l’ADE. «Des analyses coûteuses mais, nécessaires. C’est pour cela que nous interpellons les ménages pour honorer le paiement de leurs factures».
Un programme spécial été
Questionné sur les préparatifs à la saison d’été, Salah Eddine Chreit a indiqué que le plan de distribution d’eau a connu une légère amélioration par rapport à l’été dernier, où plusieurs clients sont restés sans eau. Et grâce au nouveau programme, ajoute-t-il, la distribution de l’eau potable sera meilleure durant cet été.
« Nous avons élaboré un plan spécial pour cet été, en lançant un vaste programme de maintenance des coûts de production et de distribution, la lutte contre les fuites d’eau, les branchement illicite, la consommation frauduleuse et la lancement d’une campagne de sensibilisation», souligne-il. Il révélera, par ailleurs, qu’il y a augmentation du taux de remplissage des barrages de 10%, comparativement à l’année dernière, passant de 34,42% à 44,42% actuellement. En plus du programme d’urgence pour la réalisation de 700 puits à travers le pays, dont 500 sont en production et les 200 autres seront opérationnels durant cet été. Au niveau local, «l’ADE a lancé un programme pour la réalisation de 1200 puits au niveau des wilayas, dont 600 sont déjà opérationnel», précise-t-il. à tout cela s’ajoute le programme de réalisation de stations de dessalements de l’eau de mer, dont plusieurs stations seront bientôt réceptionnées. Le but est de passer de 17% d’eau non conventionnelle à 42% en 2024 et 60% dès 2030.
A. R.