Une nouvelle stratégie pour le développement de la filière lait en Algérie est en cours de concrétisation. Le but, dira, d’emblée, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, c’est de réduire la facture d’importation de la poudre de lait. En 2021, l’Algérie ayant importé près de 200.000 tonnes de poudre de lait en 2021.
Par Akrem R.
Le coût de ces quantités s’est élevé à 600 millions de dollars ! Une facture salée et qui pèse lourdement sur le Trésor public, du fait que ce produit est subventionné par l’Etat. Des économistes estiment qu’il est inadmissible qu’un pays comme le nôtre n’arrive pas à atteindre son autosuffisance en cette matière. Le potentiel existant est favorable pour le développement de la filière lait en Algérie. Il suffit juste d’y mettre de l’ordre, en procédant à la révision profonde de la filière. C’est dans cette optique que le département de Mohamed Henni a élaboré une stratégie pour le développement de la filière lait et en finir avec l’importation «excessive».
Dans une déclaration à la presse, en marge de sa visite, mardi dernier, à la wilaya de M’sila, le ministre a affirmé que «le plan du ministère à court et moyen terme, est d’atteindre l’autosuffisance nationale, en travaillant à importer davantage de vaches laitières, tout en soutenant les agriculteurs et les investisseurs dans la production laitière, l’élevage bovin, et l’encouragement des investisseurs à établir de nouvelles fermes, afin de réduire les quantités de poudre importées».
En effet, la stratégie du ministère de l’Agriculture c’est de parvenir à la production d’un milliard et 750 millions litres par an, à condition qu’une partie des sommes financières allouées à l’importation, reviennent aux éleveurs, producteurs et investisseurs, compte tenu des besoins de l’Algérie qui s’estiment à environ 4 milliards de litres par an.
Selon les chiffres du ministre Mohamed Abdel Hafidh Henni, l’Algérie a besoin de 400 000 têtes de vaches laitières pour parvenir à l’autosuffisance, la production locale en lait étant estimée à 2,5 milliards de litres/an.
« Il faut 400 000 têtes pour qu’on puisse atteindre l’autosuffisance dans la filière lait mais si on multiplie les projets comme celui-ci, avec 4200 têtes et la création de pépinières de génisses avec des équipes de suivi sanitaires, de zootechnique, nous pouvons atteindre cette autosuffisance en quelques années…en deux, trois années nous pouvons déjà augmenter sensiblement la production laitière du pays et réduire l’importation de la poudre de lait », a expliqué le ministre qui s’est rendu dans une ferme d’élevage bovin à Mezrir qui compte 4200 vaches.
Il est à rappeler que le président du Conseil national interprofessionnel de la filière lait (CNIFL), Azzedine Tamni avait déclaré que l’Algérie a besoin de deux millions de vaches laitières pour pouvoir couvrir tous ses besoins en lait et cesser d’importer la poudre de lait.
Il avait expliqué que les besoins de l’Algérie sont actuellement estimés à 4,5 milliards litres de lait par an. La production de cette quantité permettra d’arrêter « complètement » l’importation de la poudre de lait, a-t-il estimé, en précisant que cela nécessite la disponibilité de deux millions de vaches laitières, contre 908.000 têtes actuellement. Il a ajouté que pour disposer de deux millions de vaches laitières, il faut plus de 200.000 hectares de terres agricoles irriguées destinées à la culture fourragère.
Selon les chiffres présentés par le président du conseil interprofessionnel, la quantité de production locale de lait de vache est estimée à 2,5 milliards de litres par an, dont 814 millions de litres sont destinés aux produits laitiers et plus de 750 millions de litres aux ménages, tandis que le reste est orienté vers la transformation domestique ou vers de petites activités non déclarées. La quantité totale de lait frais (chèvres, vaches, chamelles) produite localement est de 3,5 milliards de litres par an.
Le responsable a estimé que la facture d’importation de poudre de lait peut être réduite de plus de 50%, d’ici 2025, si une stratégie « efficace » venait à être adoptée pour développer la filière de production locale de lait frais.
La méthodologie d’approche pour le développement de la production laitière préconisée par l’ONIL vise, dans un premier lieu, les bassins laitiers les plus potentielles par souci d’efficacité afin d’atteindre les meilleurs résultats possible avec le minimum de moyens à mettre en place , l’optimisation des autres potentialités du pays n’est pas exclu et la généralisation progressive de la démarche d’appui conseil de proximité à toutes les zones qui disposeraient d’un potentiel valorisable restera objectif à réaliser qui dépendra des moyens humains et financier qui pourront être engagés .
L’encadrement de proximité est une condition sine qua non pour restructurer la filière et lui assurer un développement durable; la mission n’est pas aisée et nécessiterait des efforts considérables, de la continuité et de la persévérance de la part de tous les intervenants dans la filière pour relever le défi.
Cette démarche qui s’appuie sur un bon diagnostic des forces et des faiblesses de la filière basé sur des données réelles de terrain, vise à valoriser, au minimum, les potentiels de production des systèmes semi intensif et intensif (BLM) pour doubler leurs niveaux de production et produire un volume supplémentaire de 1,5 Milliards de litres dans (05) cinq ans.
Elle vise aussi à protéger les systèmes extensifs d’élevages et protéger cette source de revenu et à favoriser l’émergence du système intensif de production du type grande ferme intégrée qui pourra répondre à la totalité des besoins de la population à moyen et long termes.
A. R.