Lors de la dernière réunion de Conseil les ministres, qui s’est tenue, dimanche dernier, le Président Tebboune a décidé d’augmenter le prix d’achat de blé tendre et der auprès les agriculteurs «afin de les encourager à doubler la production et de réaliser la sécurité alimentaire». Selon le communiqué sanctionnant ce conseil, le prix d’achat du blé dur est passé de 4500 Da à 6000 Da, le blé tendre de 3500 Da à 5000 Da, l’orge de 2500 Da à 3400 Da et l’avoine de 1800 Da à 3400 Da. Le président de la République a, également, ordonné d’ouvrir «la voie aux investissements agricoles suivant les ressources et les capacités du pays», a conclu la même source.
Par Réda Hadi
Une décision tant attendue s’il en est, par nos agriculteurs, qui, par la voix du président de la Chambre nationale de l‘agriculture, estiment que cette mesure «accélérera le rythme de développement du secteur et nous encouragera à travailler plus».
Il faut se rappeler que cette décision mûrissait déjà au sein du gouvernement, puisque le Premier ministre, Aimene Benabderrahmane, a déjà déclaré, en novembre dernier, que «le prix d’achat actuel des céréales auprès les agriculteurs est injuste par rapport aux dépenses de l’Etat en matière d’importation». «Les dépenses de l’Etat pour l’importation de blé doivent être affectées comme subvention aux agriculteurs en vue de fournir ce produit localement».
Pour les économistes, alors que les subventions pour les produits de base, sont à l‘ordre du jour pour être réaffectées, cette mesure s‘apparente, énormément, à une subvention, mais reste à savoir si cela encouragera la production.
Avis d’experts
Pour M. Radja Ahmed ingénieur, agronome et consultant à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l‘alimentation et l‘agriculture), «la mesure est bien une subvention, ce qui est contraire aux règles d’adhésion à l’OMC, (Organisation mondiale du commerce) et, en elle-même, cette décision, mise à part l ‘augmentation des revenus du producteur, ne peut être efficace que si au préalable ou alors du moins, en même, temps, elle est accompagnée de mesures, aptes à améliorer les rendements»
Pour l‘expert, «pour un grand nombre de pays développés ou en développement, le rôle interventionniste de l’État est déterminant dans le fonctionnement des marchés agricoles et agroalimentaires L’enjeu de la sécurité alimentaire est tel, que la nécessité de maintenir l’action publique pour la régulation des marchés est primordial selon l’objectif de sécurité alimentaire, le contexte économique et l’importance du produit consommé. Augmenter le prix d‘achat, ne peut obligatoirement mener à une plus grande production de blé. Acheter plus cher augmente le revenu. Le rendement et la production ne peuvent être améliorés que s’il y a un suivi constant, et des formations adéquates. Pratiquement tous nos agriculteurs travaillent de manière empirique. Nos agriculteurs doivent être formés pour s’adapter aux nouvelles techniques de culture qui font appel à la technologie. Il faut les aider à acquérir les moyens adéquats, leur faire des stages de recyclages, etc.». «De plus, souligne l‘expert, nos agriculteurs doivent faire appel à des bureaux d‘études (pour les grandes exploitations), à même de les orienter. Par ailleurs, l’agriculteur doit être à même de savoir quel type de semences correspond à la qualité de sa terre, les temps d’arrosage, etc. C‘est à cela que la formation sera utile. On ne peut rien prétendre pour plus produire quand on n’en maîtrise pas les techniques»
R. H.