Tous les ingrédients sont réunis pour réussir la saison estivale 2022. Un rendez-vous qu’attendent les professionnels du secteur du Tourisme avec impatience. En effet, ils tablent sur cette saison pour un retour à l’activité normale, notamment, suite à trois années difficiles, en raison du « Hirak» en 2019 et de la pandémie de la Covid-19. Toutes les structures touristiques étaient à l’arrêt durant cette période.
Par Akrem R.
D’ailleurs, la situation financière de beaucoup de sociétés activant dans les domaines de l’hôtellerie, de la restauration, des services (agences de voyages et espaces de jeux), demeure difficile. Le secteur a été frappé de plein fouet par cette sévère crise et des milliers d’emplois ont été, tout simplement, supprimés.
C’est pour cela que cette saison 2022 est perçue comme étant une bouffée d’oxygène, d’abord, pour les entreprises du domaine quant à la reprise de leurs activités, ensuite, pour les ménages ayant souffert des mesures du confinement sanitaire contre la Covid-19. Ces derniers seront enfin libérés et pourront reprendre le cours de leur vie normal.
À cet effet, le département de Yacine Hammadi compte mettre les bouchées doubles pour réussir cet événement en mettant de l’ordre dans ce secteur, notamment, en matière de gestion des espaces publics (parkings, accès aux plages, prix des services). Il est à noter que durant chaque saison estivale, des jeunes squattent des espaces publics, plages et autres, pour exercer leur diktat, en imposant un accès payant pour des services, médiocres, au demeurant. À titre d’exemple, le parking pour véhicules est à partir de 200 DA et la location d’une table équipée d’un parasol à plus de 1000 DA, pour quelques heures ! Ces pratiques sont, d’ailleurs, le point noir de chaque saison estivale dans notre pays, et ce, malgré la gratuité des plages. Le premier responsable du secteur a réaffirmé, sur ce plan, avant-hier à Alger, la détermination de l’Etat à garantir le succès de la saison estivale 2022 à travers la prise de mesures nécessaires permettant la réussite de la saison touristique et économique de cette année.
Profitant d’une rencontre avec les opérateurs économiques dans le cadre des préparatifs de la saison estivale 2022, M. Hammadi a fait savoir dans son allocution que la relance du secteur touristique est « un impératif qui s’est imposé », notamment, à la lumière de « la forte volonté » affichée par les autorités supérieures de l’Etat.
Le ministre a également déclaré que la saison estivale de cette année, qui intervient après la crise sanitaire imposée par la pandémie de la Covid-19, constitue «une opportunité pour relancer toutes les activités économiques, y compris le tourisme ».
A cet égard, M. Hammadi a rappelé les décisions relatives à la régulation de l’activité de franchise relatives aux plages, et ce, afin de garantir « une gestion optimale » de ces espaces, conformément à un cahier des charges garantissant la fourniture d’un service de qualité au profit des estivants. A cette occasion, le ministre a appelé tous les opérateurs et professionnels du secteur du tourisme à « intensifier la coopération et ouvrir des cadres de discussion afin de renforcer les voies du dialogue et remédier aux lacunes, en vue de la relance de ce secteur vital, qui est l’un des leviers de l’économie nationale ». Cette saison estivale constituera-t-elle une opportunité aux opérateurs du secteur pour rattraper le temps, voire l’argent perdu, lors de la dernière crise sanitaire ?
Ishak Kherchi, enseignant universitaire et expert en économie : « Cette saison sera celle du retour de l’activité»
L’enseignant universitaire et expert en économie, Ishak Kherchi a affirmé que la saison estivale de cette année 2022 sera différente des deux années précédentes. Elle sera, en effet, exemptée des restrictions sanitaires imposées par la pandémie Covid-19, suite à l’amélioration de la situation sanitaire dans le pays et partout dans le monde. Pour l’intervenant, la saison 2022 sera acceptable et meilleure que celles de 2020 et 2021. En clair, dira-t-il, l’activité touristique sera de retour progressivement et avec possibilité de retrouver la situation de l’avant Covid-19.
Toutefois, l’expert en économie a laissé entendre qu’il n’y aura pas une croissance dans le domaine touristique, mais juste à un retour de l’activité. Ceci s’explique par la forte crise et l’arrêt des activités de ces structures pendant deux saisons estivales, dont des pertes énormes ont été occasionnées pour les investisseurs. Certainement, dira Kherchi, il y aura une forte demande sur les structures hôtelières durant cette saison estivale, et ce, malgré la cherté de la vie suite au net recul du pouvoir d’achat des ménages et la hausse des prix des services proposés. Les ménages seront dans l’obligation de consentir plus d’efforts pour pouvoir enfin passer au moins un séjour au bord de la mer.
Sur un autre registre, l’expert en économie a déploré la manière avec laquelle le dossier de la saison estivale et du tourisme d’une manière générale, est géré. « Nous sommes toujours dans le discours et nous ne sommes pas encore arrivés à mettre en place une planification d’Etat pour la gestion de ce secteur», souligne-t-il. Pour illustrer ses propos, Ishak Kherchi a cité l’événement phare que l’Algérie s’apprête à organiser, à savoir, les Jeux Méditerranéens d’Oran prévus en juin prochain. « Nous ne l’avons pas préparé comme il le fallait pour capter le maximum de touristes étrangers. Nous continuons toujours à parler de sujets basiques comme l’accès gratuit aux plages. Nous n’avons pas vu le ministère de la Culture préparer un programme spécial pour cet événement. Même chose pour le ministère du Tourisme et encore celui des Affaires étrangères. Aucune annonce n’a été faite sur la facilitation d’octroi de visas en groupe et également sur la levée des mesures sanitaires pour les étrangers. Le ministère des Transports a-t-il pris ses dispositions, en mettant en place un plan de vols spécial pour le transport des touristes de l’étranger, par exemple? Il y a beaucoup de travail à faire», conclut-il.
A.R.