Plus de deux ans depuis son lancement, le programme de généralisation de l’électrification agricole peine à avancer dans certaines wilayas du pays. Si dans des wilayas du grand sud et des hauts plateaux, le programme mis en œuvre dès 2020 sur instruction du chef de l’Etat, enregistre des avancées notables, dans les wilayas du nord, en revanche, des blocages dus à une sorte de malentendus au sein de l’administration retardent le raccordement des exploitations agricoles au réseau électrique.
Par Mohamed Naïli
Ce constat se vérifie dans certains périmètres agricoles de la wilaya de Boumerdès où des agriculteurs et éleveurs viennent de faire état de ces écueils qui retardent encore l’alimentation de leurs exploitations en énergie électrique, pourtant indispensable pour le développement de leur production et l’amélioration des rendements.
Interrogé à ce propos, Mohamed Mamouzi, attributaire avec son père d’une exploitation de 6 hectares dans la région de Thenia, où ils se spécialisent dans la production de raisin de table, fait savoir que « la ligne de haute tension a été réalisée et passe à quelques dizaines de mètres seulement de notre exploitation. Mais depuis plusieurs mois nous attendons l’arrivée de Sonelgaz pour procéder au raccordement » regrette-t-il avant de poursuivre : « J’ai été à tous les services de l’administration, DSA (Direction des Services Agricoles de wilaya), Sonelgaz, la chambre de l’agriculture, j’ai fait plusieurs demandes et réclamations, mais rien n’est fait ». En attendant, la famille Mamouzi se contente de groupes électrogènes pour alimenter les équipements utilisés au niveau de leur exploitation, notamment, les pompes hydrauliques utilisées dans l’irrigation.
Plus loin de l’exploitation des Mamouzi, un producteur fruitiers et faisant de l’élevage en parallèle sur une exploitation de 3 hectares, lui aussi, est toujours dans l’attente de raccordement au réseau électrique. Racontant son cas, il évoque le manque de coordination entre les différents services concernés, pace que « la Sonelgaz a réalisé l’extension du réseau jusqu’à notre niveau, mais elle refuse de procéder au branchement au prétexte que la DSA doit d’abord régler les factures des travaux d’extension et de branchement ».
Plus de 50% à l’échelle nationale
Cette situation n’est pas moins ambigüe dès lors que la convention conjointe entre les ministères de l’Agriculture et de l’Energie portant la mise en œuvre de ce programme de généralisation de l’électricité agricole, exclut toute condition de paiement d’avance.
A l’échelle de toute la wilaya de Boumerdes qui, portant est dans le top 4 des wilayas à vocation agricole, la chambre de l’agriculture, tout en confirmant ces incompréhensions entre les services de la Sonelgaz et les Services agricoles quant à cette condition de paiement préalable, fait état de 500 demandes de raccordement au réseau électrique en attente d’examen et plus de 130 autres dossiers étudiés et approuvés en attente d’exécution, alors que moins d’une vingtaine d’exploitations seulement ont bénéficié de l’électrification, ce qui représente un taux de réalisation de 5% seulement.
Laquelle situation contraste grandement avec l’avancement de ce programme dans des wilayas comme Sétif par exemple où près d’un millier d’exploitation ont déjà été raccordées ou d’autres wilayas, dont Adrar, El Oued, Oran, Adrar, où il est fait état de pas moins de 2 000 exploitations qui ont bénéficié de ce programme.
A l’échelle nationale, le dernier bilan dressé par la Sonelgaz fait ressortir un taux d’avancement global du programme en question qui dépasse les 50% depuis son lancement en 2020, pour un équivalent de plus de 21 000 périmètres agricoles.
M. N.