Appelés à se lancer dans la production: L’Etat resserre l’étau sur  les importateurs

Le gouvernement est déterminé à assainir le commerce extérieur, en lançant des enquêtes approfondies sur les opérations d’importation. En effet, les importateurs sont, désormais, sous « dans le collimateur » des services du ministère du Commerce et l’étau se resserre de plus en plus sur eux. 

Par Akrem R.

Si les phénomènes de la sous-facturation et surfacturation sont en nette régression, certains importateurs continuent, néanmoins, de recourir à ce genre de pratiques qui nuisent énormément à l’économie nationale, dira le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni.

Affirmant que l’importation n’est pas interdite par la loi et continuera d’exister en Algérie, le ministre a précisé que cette activité commerciale doit être exercée d’une manière transparente et selon les besoins nationaux.

En termes clairs, l’importation doit être un élément complémentaire et un appui à la production nationale et non pas le contraire. L’importation anarchique est donc révolue.  Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, depuis son investiture, n’a pas cessé d’évoquer cette question, en ordonnant à son gouvernement la réduction de la facture d’importation, sans, toutefois, toucher aux besoins nécessaires du citoyen. 

Par le passé, l’importation s’est développée rapidement au détriment de la production locale, tout en portant préjudice à l’économie nationale. Le gaspillage des ressources en devises battait son plein. Ce créneau du commerce extérieur est devenu un gain facile pour bon nombre d’opérateurs économiques. 

D’ailleurs, leur  nombre avait dépassé les 40 000 et une facture d’importations salée de 60 milliards de dollars en 2014 ! Mais depuis 2020, et grâce à la nouvelle vision du gouvernement, ce nombre est en nette baisse. Actuellement, l’Algérie ne compte que 14 000 opérateurs dans divers domaines. Outre l’assainissement du fichier national des importateurs, le ministère du Commerce se prépare à la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire pour l’activité d’importation. Dès 2024, les importateurs sont appelés à devenir des producteurs.   

«À partir de l’année prochaine, de nouvelles mesures seront mises en place pour l’activité d’importation », indique le ministre qui s’exprimait à la presse en marge du Forum d’investissement et d’exportation, organisé en concomitance avec la Foire internationale d’Alger (FIA).

En effet, les importateurs seront tenus, dira-t-il, de s’orienter vers l’investissement et la production locale des matériaux et produits qu’ils importent actuellement.

Des incitations pour la production locale 

«Je lance un appel à tous les opérateurs pour faire bon usage de l’argent des Algériens, car il y a une enquête approfondie sur chaque facture émise ou transfert d’argent accepté et domicilié dans les banques algériennes», soulignant que la loi est claire en matière de lutte contre ces activités commerciales illégales.

Il s’est félicité, dans ce sens, du fait que des nombreux importateurs de textiles et de vêtements en Algérie se soient tournés, ces derniers temps, vers la fabrication des produits qu’ils importaient auparavant.

Le ministre a affirmé que les autorités publiques avaient mis en place toutes les incitations et les conditions propices pour soutenir et accompagner les opérateurs économiques activant dans l’importation en vue de favoriser la production, la fabrication et la création de richesse.

Tayeb Zitouni a affirmé que cette mesure s’inscrivait dans le cadre des efforts des autorités publiques visant la rationalisation de la facture d’importation d’une part, et la moralisation de l’acte économique, d’autre part.

Par ailleurs, et concernant le fait que certains produits nationaux, en particulier l’acier, ne bénéficient pas des mêmes exemptions sur le marché européen que celles accordées par l’Algérie à la partie européenne, dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne, le ministre a expliqué que «la partie algérienne s’attelle à la révision et à l’évaluation de cet accord, entré en vigueur en 2003».

Il a également affirmé que l’Algérie se tournait vers «l’exportation et la liberté du marché, car les produits algériens sont compétitifs à l’étranger et peuvent facilement accéder à tous les marchés internationaux».

En somme, s’inscrire dans la nouvelle stratégie du gouvernement, visant à la promotion de la production locale et des exportations hors hydrocarbures ne pourrait qu’être bénéfique pour les opérateurs économiques activant dans l’importation. 

Les facilitations et les avantages octroyés dans le domaine de la production et l’exportation sont importants et l’investisseur ne pourra qu’être gagnant en s’inscrivant dans cette démarche. Donc, la balle est dans le camp des importateurs et autres opérateurs, appelés à saisir ces opportunités afin de libérer l’économie nationale de sa dépendance aux hydrocarbures et, surtout, d’avoir une autonomie en certains produits et se positionner sur les marchés à l’étranger.

Dans ce cadre, le ministre a annoncé l’ouverture de deux espaces d’exposition permanents en juillet prochain au Sénégal et en Mauritanie, dans une première étape, pour faire la promotion des produits algériens.

«Nous procèderons ultérieurement à l’inauguration de structures commerciales similaires au Niger, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, ce qui permettra aux entreprises algériennes activant dans les domaines hors hydrocarbures de procéder à la vente directe et à l’exportation de leurs produits», a-t-il soutenu.

Le ministre a, dans ce sens, mis en avant le rôle de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont l’Algérie est membre, dans l’accroissement des exportations algériennes vers l’Afrique, un marché de 1,2 milliard d’habitants.

A. R.

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