La diaspora algérienne à l’étranger, notamment en France, est la plus nombreuse par rapport à celle des voisins maghrébins (un peu d’1.2 millions d’algériens résidants en France, selon l’Institut national d’études démographiques «Ined»), mais demeure la moins structurée, pour ainsi dire, la plus dispersée. Le lobbying fait défaut à ses membres, carence renforcée par le peu de considération à leur égard.
Par Zoheir Zaid
«Devenir un lobby et une force omniprésente, représentative et contributive au développement du pays.» Tel pourrait être le slogan de la diaspora, dévoilé lors de la rencontre qui s’est tenue ce jeudi 19 août 2021, au Consulat général algérien de Marseille (représentant les départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse), dans le cadre de la visite officielle du conseiller du président de la République algérienne démocratique et populaire (Radp) et représentant de la société civile et de la communauté nationale à l’étranger, Nazih Berramdane.
Ont pris part à cette rencontre, une vingtaine d’algériens établis dans le Sud de la France, exerçant dans diverses institutions et secteurs, et formant ce qu’est communément appelée «l’élite».
Le débat lancé s’est articulé autour d’une série de propositions, constituant l’essentiel de ce qu’endure stoïquement la diaspora.
On peut citer: la dématérialisation des conditions de dépôt de dossiers d’investissement en Algérie, l’assouplissement administratif en général, l’augmentation du nombre de vols reliant l’Algérie à la France, la défense des intérêts de l’Algérie à l’international, le soutien et l’accompagnement dans la commercialisation du produit algérien en France.
Par ailleurs, les récents incendies touchant les forêts algériennes et la propagation du Covid-19 ont notamment démontré les contraintes auxquelles étaient confrontées les tentatives solidaires des algériens basés en France et même ailleurs. Des contraintes administratives qui ont fait jaser la communauté algérienne établie à l’étranger, d’autant que mort d’Homme constituait l’une des conséquences attendues de ces catastrophes climatiques et pandémie mondiale. Donc, il ne devrait pas y avoir lieu d’entrave à l’acheminement des produits pharmaceutiques, médicaux et autres. Cette situation a également été abordée lors de la rencontre.
De son côté, Nazih Berramdane, accompagné d’une délégation officielle, s’est montré réceptif à ces propositions, promettant d’en relayer la teneur au président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune.
Le représentant de la société civile et de la communauté algérienne à l’étranger, a aussi révélé l’objectif, encore au stade de la discussion, de fonder une Fédération algérienne en France ou une structure digne de ce nom, dont l’appellation sera déterminée opportunément.
Le déplacement de la délégation représentant le président de la République, n’est pas, comme indiqué par un membre de la diaspora, «d’ordre politicien», mais tient-il à préciser, «émane plutôt d’une démarche sincère de la part d’Abdelmadjid Tebboune, visant à redonner la considération à la diaspora, la renforcer par des outils favorisant le développement du pays.»
La présidence et la Diaspora
D’ailleurs, «l’opération de charme» officielle en direction de la diaspora, avait un objectif: «les encourager à revenir et à mettre leurs compétences au service du pays.». Elle ne date pas d’aujourd’hui, et peut avoir ses racines, entre autres, lors de la campagne électorale de Tebboune, ensuite par la mise en place du secrétariat d’Etat chargé de la communauté nationale et des compétences à l’étranger.
L’objectif sus-indiqué s’est traduit, comme exemple non-exhaustif, par la nomination du médecin algéro-américain (président depuis 2011 du département recherche et développement (R&D) au sein du groupe Sanofi, Elias Zerhouni, au poste de conseiller spécial de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anss), fraîchement créée. Pour sa part, le chercheur algérien de lutte contre le sida et directeur du service de recherche à l’hôpital Edouard-Heriot, à Lyon, le Dr Kamel Sanhadji, a été désigné en tant que «conseiller scientifique» du président en matière de santé.
Aussi, la «bouffée d’oxygène», pour certains, est venu de la suppression dans la Constitution de l’article 63, disposant que «la nationalité algérienne exclusive était une condition sine qua non pour briguer tout poste politique ou à haute responsabilité.», mesure jugée contraignante par la diaspora.
Lamamra et la diaspora
Le chef de la diplomatie algérienne, ministre des Affaires étrangères (Mae), Ramtane Lamamra, a depuis sa récente intronisation à ce poste, à son actif deux actions, au moins, qui méritent d’être rappelées. La première, le 12 juillet 2021, date à laquelle, il a reçu au niveau de l’Assemblée populaire nationale (APN), les représentants fraichement élus de la diaspora. La seconde, 3 jours après, où lors d’une séance de travail avec les cadres du ministère, il a essentiellement souligné l’impératif de «créer des passerelles avec les membres de la communauté en vue de permettre à cette dernière de contribuer à la construction nationale comme par le passé».
Le 12 juillet, Lamamra a reçu les représentants, fraichement élus, de la diaspora à l’Assemblée populaire nationale (APN).
Le 15 juillet, au cours d’une réunion avec les cadres du ministère, il a évoqué «une nouvelle orientation stratégique» vis-à-vis de la diaspora, insistant sur la nécessité de «créer des passerelles avec les membres de la communauté en vue de permettre à cette dernière de contribuer à la construction nationale comme par le passé».
Lamamra n’a pas également été insensible à l’élan de solidarité de la diaspora lors du Covid-19, en tenant ses propos: «De la même manière que leurs ancêtres, parents et aînés ont pu, dans le cadre de l’épopée de la libération nationale, renforcer et amplifier la lutte pour défaire le colonialisme, ils ont l’honneur et la possibilité de prendre une part active à la lutte du peuple algérien pour battre le coronavirus et préserver la vie et la dignité des victimes de la pandémie.»
Z. Z.