Afin de passer à l’exploitation optimale des gisements miniers, notamment celui du fer à Gara Djebilet (Tindouf), les travaux de réalisation des infrastructures ferroviaires nécessaires pour le transfert de ce minerai s’accélèrent. À cet effet, l’Agence nationale des études et du suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF) a mis les bouchées doubles pour la réception du projet de la ligne minière Ouest dans les délais. Cette dernière sera d’ailleurs réceptionnée avant fin 2025, soit avant les délais contractuels, a annoncé hier le DG de l’ANESRIF, Azzedine Fridi.
Par Akrem R.
Cette infrastructure stratégique s’inscrit dans la feuille de route arrêtée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a instruit les acteurs du secteur d’accélérer la livraison des projets ferroviaires à vocation économique.
«La ligne minière Ouest sera livrée avant la fin de 2025, conformément aux instructions du président de la République qui a insisté sur la nécessité de livrer ces projets dans les plus brefs délais», a-t-il déclaré dans un entretien accordé à la Radio nationale «Chaîne I».
La ligne minière Ouest, qui s’étend sur 950 kilomètres à travers un terrain difficile et des conditions climatiques extrêmes, relie Tindouf à Béchar, en passant par Gara Djebilet, l’un des plus grands gisements de fer d’Afrique. M. Fridi a précisé que le tronçon Tindouf–Gara Djebilet, long de 135 kilomètres, est entièrement achevé, tandis que le reste du tracé, divisé en plusieurs sections, sera livré d’ici la fin de l’année 2025.
Le segment Oum Hassel–Hamkira (440 km), réalisé par un consortium sino-algérien associant COSIDER, ainsi que le tronçon Oum Hassel–Tindouf (175 km), pris en charge par des entreprises nationales telles que ETPB, SAPTA, GCB et SERA, seront également réceptionnés avant la fin de l’année.
Le responsable a souligné la complexité logistique du projet, indiquant que «c’est le premier chantier de cette envergure depuis l’indépendance, s’étendant sur 950 km à travers une zone désertique où les températures dépassent 45 °C. Il a fallu installer des bases de vie, amener l’eau, l’électricité et assurer les approvisionnements à des centaines de kilomètres des villes».
Au total, les travaux ont nécessité 75 millions de mètres cubes de terrassement, soit près de quatre millions de trajets de camions pour transporter les matériaux depuis les carrières. De plus, 26 kilomètres de ponts ont été construits, dont 23 km sont déjà achevés, et les derniers ouvrages seront finalisés avant la fin novembre 2025.
«Cet exploit a été rendu possible grâce aux compétences nationales et à la rigueur du suivi. Les travaux ont respecté les standards internationaux de qualité, de sécurité et de respect des délais», a-t-il précisé.
Selon le directeur général de l’ANESRIF, la ligne minière Ouest constitue une première dans l’histoire ferroviaire du pays, car elle aura été réalisée en moins de 24 mois, un délai record pour un projet de cette ampleur.
«C’est une fierté nationale. Nous avons pu atteindre ce niveau de performance grâce à la mobilisation d’entreprises et d’ingénieurs algériens, formés dans nos universités et nos écoles supérieures», a-t-il souligné, indiquant que cette ligne revêt une importance stratégique pour le transport du minerai de fer du gisement de Gara Djebilet vers les installations industrielles du Nord, contribuant à la relance du secteur sidérurgique et à la diversification économique du pays.
La ligne minière Est, autre projet phare
Abordant le projet de la ligne minière Est, reliant Djebel El Onk (Tébessa) et Bled El Hadba au port d’Annaba, M. Fridi a indiqué que ce projet, long de 422 km, avance également à un rythme soutenu et sera entièrement réceptionné avant fin 2026.
Le premier tronçon, Annaba– Chgouff (54 km), confié à un groupement d’entreprises nationales, sera livré avant fin 2025, tandis que le deuxième, Chgouff–Drean (121 km), pris en charge par un consortium algéro-chinois, connaîtra son lancement effectif en décembre 2024 pour une livraison prévue avant fin 2026. Le segment Bled El Hadba–Oued Kebrit, quant à lui, est déjà achevé et permet le transport du phosphate depuis la mine vers le réseau national.
«Ce projet permettra d’acheminer le phosphate vers les unités de transformation à Oued Kebrit puis vers le port d’Annaba. C’est un maillon clé dans la chaîne de valeur phosphate-engrais-agriculture, conformément à la vision industrielle du président de la République», a rappelé le DG de l’ANESRIF.
Concernant la ligne transsaharienne Alger–Tamanrasset, M. Fridi a confirmé que plusieurs tronçons sont déjà en exploitation, notamment Boughezoul– Djelfa–Laghouat (250 km) et Laghouat–Aïn M’lila (220 km). Les études pour les autres sections, jusqu’à Tamanrasset, sont finalisées et les travaux débuteront prochainement.
Ce projet emblématique vise à désenclaver le Sud algérien, à ouvrir de nouveaux corridors économiques vers le Sahel, et à faire du rail un levier d’intégration régionale.
Dans la région des Hauts Plateaux, le projet reliant Sétif à Tiaret, sur l’axe Est-Ouest, sera livré au premier trimestre 2026. Il constitue une étape clé dans la connexion ferroviaire des zones intérieures et dans le désenclavement économique des wilayas agricoles et industrielles.
Un réseau national au service de la logistique et de la compétitivité
Le plan de l’ANESRIF prévoit la connexion de tous les ports et zones industrielles au réseau ferroviaire national. Les ports de Ghazaouet, Jijel et Annaba sont déjà reliés, et des études sont en cours pour intégrer le port de Ténès et d’autres infrastructures stratégiques.
Les lignes ferroviaires serviront également au transport des produits agricoles, du ciment et des céréales, contribuant à réduire les coûts logistiques et à stimuler les exportations.
«Le rail transporte de grandes quantités sur de longues distances à moindre coût. Il constitue une alternative écologique et durable au transport routier», a insisté M. Fridi.
En parallèle, un vaste programme de modernisation est en cours, incluant le doublement de plusieurs voies, notamment celles de Khemis Miliana, Blida, El Harrach et Mohammadia.
De plus, 81 gares ferroviaires seront rénovées ou reconstruites selon des standards modernes, garantissant confort, sécurité et accessibilité. Les travaux seront réalisés par des bureaux d’études et entreprises algériennes.
«Le citoyen doit trouver dans le train un moyen de transport fiable, moderne et agréable. Toutes les nouvelles gares seront conçues pour répondre aux besoins réels des voyageurs», a précisé le directeur de l’ANESRIF.
Le rail, moteur du développement national
M. Fridi a rappelé que le programme ferroviaire national n’est pas seulement un projet d’infrastructure, mais un levier de développement économique et social.
«Ce n’est pas seulement un réseau de transport, c’est un programme de création de richesse, d’emploi et de désenclavement. Le rail doit devenir la colonne vertébrale du développement économique», a-t-il affirmé.
Composée à 70 % d’ingénieurs et de cadres algériens, l’ANESRIF œuvre, avec le soutien des hautes autorités de l’État, à réaliser tous les projets dans les délais fixés, contribuant ainsi à bâtir une Algérie connectée, compétitive et tournée vers l’avenir.
«Nous avons la volonté politique, les compétences et la vision. Notre mission est claire : concrétiser les orientations du président de la République et faire du rail le moteur de la nouvelle Algérie», a-t-il dit.
En parallèle à la construction de nouvelles lignes, l’ANESRIF mène un vaste programme de modernisation et de réhabilitation des lignes existantes.
Les travaux de doublement des voies sont déjà engagés sur plusieurs axes, notamment Khemis Miliana, Blida et El Harrach, afin d’accroître la capacité et la sécurité du réseau.
A. R.