Nonobstant la libération de la quasi-totalité des «détenus d’opinion » et le non déferrement à la justice des manifestants arrêtés les 22, 23 et 26 février derniers, la population algérienne est toujours en attente d’une déclaration du Président de la République susceptible de lui apporter tous apaisements quant à l’institutionnalisation d’un régime démocratique en Algérie dès 2021.
Par Ali Mebroukine,
Professeur d’Université
Partisan déclaré,- et assumant ce choix-, du Président Tebboune, je n’en suis que plus à l’aise pour lui suggérer de remonter au créneau et de s’adresser à nouveau au peuple algérien en le rassurant, une fois pour toutes, quant à l’inéluctabilité du processus démocratique consacré formellement par la Constitution révisée du 1er novembre 2020.
Il peut le faire en insistant sur les points suivants :
- L’Algérie sera dotée avant la fin de l’année 2021 d’institutions démocratiques dont les membres auront été librement choisis, à l’issue de scrutins ne laissant aucune place au doute quant à la régularité de leur déroulement. L’assainissement du fichier électoral qui, en l’état, est inutilisable est une condition de la transparence du scrutin et pourrait justifier le report de quelques semaines de la tenue des élections législatives et locales (à moins que cette opération ne soit menée durant la campagne électorale).
- Le Président de la République, chef suprême des forces armées et ministre de la défense en titre devra également convaincre les algériens que l’institution militaire s’est extirpée de la scène politique et qu’elle ne cooptera pas les élites civiles nominalement en charge de le gestion des affaires publiques. Elle ne s’immiscera pas davantage dans le fonctionnement des pouvoirs constitués, notamment la justice qui devra être indépendante non seulement du pouvoir exécutif, éventuellement de forces extraconstitutionnelles mais également des puissances de l’argent qui ont corrompu nombre de magistrats durant les deux décennies calamiteuses qu’a connues notre pays. L’institution militaire exercera les seules missions que lui confère la Constitution et du reste, le Haut Commandement militaire ne nourrit aucune autre ambition, déjà accaparé qu’il est par les tâches de défense nationale et de sécurité.
- Le Chef de l’Etat pourrait saisir cette occasion pour rappeler aux algériens qu’il n’y a pas deux camps dans notre pays : celui des bons et celui des méchants. Le népotisme, le clientélisme, le clanisme constituent la marque de fabrique de la société algérienne dans son ensemble et non l’apanage de telle ou telle institution. Ceci veut dire que la démocratie, le triomphe des libertés individuelles et collectives, la primauté de la méritocratie pour emprunter l’ascenseur social concernent et interpellent tous les algériens sans exception et pas seulement les sommets de l’Etat. Du reste, le champ d’intervention de l’Etat est appelé à se réduire en conséquence de la généralisation de l’économie de marché, d’une part, de la différenciation et de la complexification du fonctionnement de la société et des interactions entre les différents segments qui la composent, d’autre part. Quant aux élites politiques qui appellent de leurs vœux un changement complet de régime, elles ne doivent pas se méprendre sur la nature des attentes de la population. Les Algériens qui sont sortis pour manifester ces derniers jours critiquent moins les restrictions aux libertés individuelles et collectives qui seront du reste levées totalement dans quelques jours qu’ils n’expriment leur appréhension de l’avenir : pouvoir d’achat, accès au logement, à l’emploi, aux soins, à l’éducation, pour les jeunes à un salaire décent afin de construire un projet de vie, bureaucratie, montée de la corruption passive qui se détecte mieux que la corruption active et dont font les frais, au quotidien, les catégories modestes et les premiers quintiles des classes moyennes. Or toutes ces demandes, le Président Tebboune s’est engagé à les prendre en charge dans le respect des grands équilibres macro-économiques (dont désormais aucun gouvernement ne pourra s’affranchir) et grâce à la relance économique pourvoyeuse d’emplois, de richesses et de ressources pour le Trésor qui en a bien besoin. La lutte contre la corruption et le crime organisé que certains esprits malveillants ont qualifié de « règlement de comptes entre factions »se poursuit sans désemparer et n’épargnera aucun délinquant, quel que soit son statut politique ou social.
- Dernier point : l’Algérie est menacée. Sa stabilité est garantie par l’ANP mais conduite par le Haut Commandement Militaire. Exiger son départ c’est ouvrir le chemin vers l’Algérie aux milliers de milices armées et suréquipées stationnées quasiment aux frontières de notre pays. Ce sera l’application grandeur nature de la fameuse citation du «renard libre dans le poulailler libre». Si les tenants du départ de l’Armée souhaitent une telle occurrence, qu’ils le disent, cela clarifiera le débat. Je leur recommande de se livrer à quelques constats lucides : pas d’Etat en Libye, en Irak, en Syrie et au Liban, un Etat très affaibli en Tunisie, un ersatz d’administration centrale au Mali, au Niger, au Burkina, au Tchad. Quant à l’Egypte, son destin échappe de plus en plus à son peuple, cependant que la Jordanie vit de la charité des Etats arabes du Golfe et ne peut même pas se prévaloir d’un semblant d’indépendance. Il n’y a que l’Algérie qui tient la route et qui est capable de résister aux assauts menés par le Nouvel Ordre Mondial pour reconfigurer, à l’insu des volontés populaires, la carte du Machrek et bientôt celle du Maghreb. Ceci dit, il n’est pas interdit au Président de la République de faire œuvre de pédagogie en répondant aux algériens dubitatifs qui se posent les questions suivantes. D’où viennent les menaces contre notre pays ? Par quelles forces sont-elles ourdies ? Dans quel dessein ? Sur quelle échéance ? Il faut définitivement que l’invocation réitérée de la menace extérieure ne soit pas considérée par la population comme un alibi destiné à prolonger le statu quo, lequel, de toute façon, est intenable.
Conclusions provisoires
Je les ferai en trois points
- L’Algérie est entrée dans l’ère de la démocratie. Mais le nouveau régime a besoin de temps pour s’institutionnaliser. Il le fera sous le regard vigilant d’une population qui est appelée à prendre une part active à l’élaboration de toutes les politiques publiques.
- L’armée algérienne qui est la digne héritière de la glorieuse ALN n’entreprendra rien pour contrecarrer l’irréversibilité de ce processus.
- Le Président de la République devra mettre les Algériens en confiance afin que majoritairement ils aillent voter aux législatives et aux élections locales. Le temps nous est désormais compté. Il y a urgence à agir.
A.M.
UN PRESIDENT DOIT S’EXPLIQUER LA SITUATION DU PAYS AVEC LES CHIFRES ET LES DONEES EN TANT REEL SURTOUT SUR L’ECONOMIE . SURTOUT SUR LE POUVOIR D’ACHAT QUI DEPASSE LE JAPON . LE CITOYEN NE PEUT MEME PAS ACHETER DE LA POME DE TERRE MADE IN ALGERIA MAIS TOUJOURS IL ET INVITE A L’ELECTIONS TOUJOURS INTIKHABAT INTIKHABAT JUSQU’A L’ALGERIEN VA SERVIR INTIKHABAT A SA TABLE AU DINER A MANGER CAR TOUT EST CHER