Aujourd’hui, l’Algérie se trouve à la croisée des chemins en termes de changement de modèle économique ou, plutôt, de paradigme économique.
Par Abderrahmane Hadef
Expert économiste,
CEO chez Intelligence Vector Consulting
L’enjeu présent est de concevoir un plan de transformation de l’économie algérienne d’un système dit rentier vers un système producteur de croissance soutenu et durable.
Ce changement de paradigme impose aux décideurs de revoir en profondeur les principes de gouvernance pour leur permettre l’élaboration d’un système moderne et efficace.
Un système qui trace une nouvelle trajectoire pour l’économie algérienne, qui devrait s’orienter vers une intégration des secteurs économiques les plus importants, et dont elle aura à tirer à terme le maximum de profit.
Dans cette mutation, la transformation digitale doit être considérée comme axe stratégique et prioritaire pour disposer d’un écosystème favorable au développement des autres secteurs retenus dans cette stratégie.
Le numérique, un atout de performance et d’optimisation
La transformation digitale devrait être traitée dans un cadre socio-économico-culturel, qui va permettre de revoir en profondeur la relation de tous les acteurs avec le monde du numérique.
Le numérique doit, dorénavant, devenir un moyen et un atout de performance et d’optimisation.
Un atout qui facilitera à l’économie algérienne, en général, et à l’entreprise le passage vers la nouvelle révolution industrielle 4.0.
Un atout qui viendra moderniser l’administration et les institutions de soutien pour un meilleur accompagnement et une régulation efficiente.
La réussite de ce gigantesque projet résiderait dans le poids accordé à la qualité des ressources mobilisées, particulièrement la ressource humaine.
Il est, aujourd’hui, plus qu’urgent de concevoir une politique de formation et de qualification de la ressource humaine pour qu’elle devienne le facteur clé de réussite.
A cet effet, l’Algérie doit s’inspirer de modèles relativement sembles, qui ont déjà entrepris cette mutation. Il faut faire appel à toutes les compétences nationales à l’intérieur comme à l’international, pour les associer et leur confier la conduite de cette transition. Des compétences reconnues et dont la qualification n’est plus à démontrer. D’un autre côté, un «benchmarking» permettrait d’avoir une idée sur des expériences déjà lancées. Pour cela, il suffit de voir l’exemple de certains pays africains tels que le Kenya, l’Éthiopie, le Rwanda ou bien l’Afrique du Sud, qui ont fait des choix en s’associant à des géants mondiaux du numérique, tel Huawei, pour les accompagner dans la formation de l’élite du digital. Une élite qui prendra dans peu de temps le relais pour la gouvernance des affaires économiques de leurs pays qui serait sans aucun doute un pari plus gagnant.
Créer un environnement favorable à la réussite
Aujourd’hui, nous sommes vraiment dans ce virage qu’il faut bien négocier avec beaucoup d’intelligence et sérénité, afin de mettre le train Algérie sur le bon chemin pour entrevoir un avenir meilleur et un épanouissement durable de notre population.
L’Algérie dispose de toutes les potentialités pour mener à bien cette mutation et, en premier lieu, sa formidable jeunesse.
Une jeunesse qui ne demande qu’à être mise dans de bonnes conditions pour relever tous les défis possibles.
Ainsi, des départements ministériels tels que l’Enseignement supérieur, la Formation professionnelle et l’Education, doivent mettre en place un plan commun à l’horizon 2030, pour former et préparer l’élite DZ-IT-2030.
D’autres départements prendront le relais pour permettre une éclosion économique à cette élite. On cite les départements chargés de l’Industrie, des Télécommunications, du Commerce, des Finances etc.
La révision de la réglementation et des cadres juridiques doit avoir une attention particulière pour créer l’environnement favorable et incitatif pour une parfaite réussite.
Une coordination au plus haut niveau politique doit veiller à la bonne marche de l’entreprise stratégique pour l’avenir du pays.
A. H.