Dans la première partie de cette contribution, nous avons évoqué les conditions dans lesquelles l’Etat Algérien indépendant est né. La période Ben Bella, avec tout ce qu’elle a charrié tant sur le plan politique qu’économique. L’orientation des politiques économiques basée sur une vision unilatérale du président de l’époque, a fini par exaspérer ses plus proches collaborateurs, à commencer par l’inévitable chef d’Etat-major et ministre de la Défense. Dans cette deuxième partie nous allons aborder la période Boumediene, et c’est en ce sens que nous allons revenir sur la politique de l’époque et les grandes orientations qui, faut-il le reconnaitre, ont permis de façonner le dogme algérien en matière de politiques économiques.
Par Lyazid Khaber
Boumediene arriva… Le 19 juin 1965, Ben Bella est arrêté. Voué aux pires gémonies par les putschistes pro-Boumediene, il croupira de longues années en prison. Le nouveau maître, Mohamed Boukharrouba, alias Houari Boumediene, s’installe d’abord avec la force des canons, puis organise sa propre intronisation en vrai maitre absolu qui décide de tout et de rien, en éliminant au passage toute institution légitime et/ou constitutionnelle comme le veut la tradition, à commencer par celle de la Présidence de la république.
De 1965 à 1976, soit 11 ans durant, l’Algérie ne fonctionnait plus en mode «République». Deux institutions issues du coup d’Etat, à savoir le «Conseil de la révolution» et le «Conseil des ministres» concentraient tous les pouvoirs. A la tête de l’une comme de l’autre, un seul homme, l’«omnipotent» Boumediene.
Le «Conseil de la révolution» avait initialement pour mission l’orientation et le contrôle, tandis que le «Conseil des ministres» était désigné pour exécuter la politique du maître, selon ses vœux et ses désirs. A cette époque, la stratégie se résume en la volonté de Boumediene qui a cette habitude, sinon un plaisir parfois démoniaque de prendre tout le monde au dépourvu, y compris ses plus proches collaborateurs.
La même logique a été suivie sur le plan économique. Construire par le bas en allant vers le haut. Logiquement, le nouveau maître élargira davantage le spectre des nationalisations. Rien n’échappe désormais. Les banques et les hydrocarbures y passent. De 1965 à 1971, le fonctionnement suivant le modèle de l’autogestion était maintenu en l’état. C’est donc après six ans à la tête de l’Etat que Boumediene se décide de changer de cap, et de réformer les systèmes de gestion et de fonctionnement des entreprises et autres entités économiques nationale.
De l’autogestion à… la gestion dite «socialiste»
Reprenant ainsi à son compte l’esprit de la «Charte d’Alger», approuvée en avril 1964, Boumediene prend des mesures de modification dans le fonctionnement des entreprises. Selon cette Charte, l’État «a pour tâche première de préserver les expériences socialistes en cours, de les aider à triompher des difficultés inévitables, d’intervenir dans le secteur privé pour en hâter la socialisation, de pallier l’absence de gestion directe quand celle-ci n’est pas encore possible, sans jamais perdre de vue que ce rôle gestionnaire qu’il est amené à assurer n’est qu’une étape provisoire qui prépare l’organisation autogestionnaire».
Cependant, Boumediene qui fit adopter sa propre charte en 1971, ne manqua pas d’introduire de nouveaux éléments. Là, on évacue l’«autogestion» et on parlera de «gestion socialiste» des entreprises nationalisées. L’Etat demeurera toujours gestionnaire sans omettre de souligner qu’il en est aussi propriétaire. Sur le plan du fonctionnement, une nouvelle organisation supplante celle léguée par Ben Bella. Les travailleurs sont consultés via l’Ugta et ne disposent que du droit d’émettre un avis après consultation à l’Assemblée des travailleurs, et gérer les œuvres sociales (contributions des travailleurs eux-mêmes, utilisées dans le stricte cadre social).
Quant à la gestion proprement dite, elle relevait exclusivement des compétences du «Conseil de direction», nommé par le ministre de tutelle. Cette instance décisionnelle représente donc l’Etat et c’est ainsi que l’unité de direction est érigée en règle de fonctionnement. Objectif recherché: «une meilleure planification pour une meilleure harmonie» dans la gestion de l’ensemble de l’économie. Dans la stratégie adoptée par Boumediene, le fonctionnement rationnel de l’entreprise nationale assure le développement de l’économie, laquelle se base sur des objectifs stratégique à long terme.
A ce stade de l’évolution, le levier autogestionnaire conçu comme réceptacle de la force ouvrière, par Ben Bella et ses conseillers, ne fonctionnait plus. Boumediene imposa plutôt un fonctionnement des plus traditionnels qui soient, tout en gardant, en façade du moins, l’esprit d’une gestion socialiste de l’entreprise.
L’historien Gilbert Meynier , spécialiste du FLN, parti de sa propre expérience, fait un constat qui donne un avant-goût du mauvais départ qu’avait pris l’Algérie sous la conduite du tandem Ben Bella-Boumediene. En effet, ce dernier ne fera pas mieux que le premier, comme le feraient croire certaines lectures faites par les subjugués et autres fans de Boukharrouba. Meynier écrira alors dans l’un de ces témoignages qu’«Au moment de l’indépendance, j’ai voulu me rendre compte de la réalité des aspirations autogestionnaires que l’on pouvait percevoir chez les paysans lorsqu’ils reprenaient les domaines laissés vacants par les colons. Pendant un temps j’ai sacralisé le FLN, puis je me suis rendu compte que la guerre des ‘’chefs’’ conduisaient à la catastrophe. (…) En 1965, en prenant le pouvoir, Boumediene a fortement étatisé l’économie ; sa réforme agraire en est l’exemple-type : l’État achète la plus grande partie de la production agricole à bas prix pour la revendre ensuite à perte ! Cette politique a contribué, non seulement à appauvrir les paysans, mais aussi à les démotiver. Le pouvoir algérien n’a pas su ou n’a pas voulu reconnaître le mouvement spontané d’un grand nombre d’ouvriers agricoles quand, à l’indépendance, ceux-ci ont maintenu la production dans les domaines laissés vacants. Il aurait fallu faire de cette autogestion une réalité politique et c’est tout le contraire qui s’est passé !
Quand un appareil politique s’empare du pouvoir, il cherche avant tout à appliquer sa logique d’appareil et le FLN ne voyait que par les militaires, c’est-à-dire tout le contraire de l’autogestion ! ».
Passer rapidement du sous-développement au stade industriel
Donc, disons-le encore : Boumediene ne fera pas mieux que son prédécesseur qu’il a pourtant accusé de tous les torts. L’historien Benjamin Stora, dans son livre «l’histoire de l’Algérie depuis l’indépendance», confirme l’existence de cette vision plutôt traditionnaliste de l’économie chez Boumediene, ce qui l’empêchera par la suite de réaliser toutes les «merveilles» qu’on trouve à ce jour dans les discours propagandistes dont le caractère légendaire des réalisations fait office d’appoint pour mieux galvaniser les esprits et faire perdurer la fantaisie de l’illusion. Pour Stora, Boumediene croyait, après son auto-intronisation, qu’il été possible et même aisé de passer rapidement du sous-développement au stade industriel. De l’agriculture, il passe pratiquement sans transition à l’industrie par la suite rebaptisée par Belaïd Abdeslam, «industrie industrialisante». Une formule qui rappelle étrangement celle devenue proverbiale de «tout ce qui est stérile est stérilisant». C’était donc devenu une obsession, sinon «la priorité des priorités» des tenants du régime à leur tête le Colonel. Celui-là avait comme l’obsession de construire «le plus rapidement possible» une industrie «puissante». C’était là, pratiquement l’objectif central de toute la politique économique du gouvernement. Ainsi, tous les programmes planifiés de développement économique ont été orientés vers l’industrie. Le plan septennal 1967-1973 ; le plan triennal 1976-1979, le premier plan quadriennal 1970-1973, ainsi que le deuxième plan quadriennal 1974-1977, portaient tous sur les mêmes orientations et se sont fixé le même objectif.
Sous Boumediene, le secteur industriel consommait à lui seul pas moins de 45% des investissements publics. Cet investissement ne représentait pas moins d’une moyenne de un (1) milliard de dinars par an de 1967 à 1969, pour atteindre en 1977 le seuil de 15 milliards de DA d’investissement rien que dans ce secteur. Ce qui équivalait à l’époque, à plus de 20 % du PIB.
Les rentes pétrolières étaient au rendez-vous. Et le renchérissement des cours du brut durant cette même période, n’étaient pas pour déplaire à Boumediene qui y puise sans retenue, pour financer ses investissements dit «stratégiques». «Pour le régime, le développement généré par la rente pétrolifère est censé consolider l’Etat et accroître la capacité de parvenir au socialisme.», écrivit Benjamin Stora qui s’interrogea sur l’efficacité de cette politique en se posant la question suivante : Les moyens mis en place, qu’en est-il du plan de planification ? Il n’y en avait pas, du moins en pratique, et l’économie du pays était, à cette époque déjà, orientée vers le «pifomètre», seule boussole valable pour les responsables successifs. Ainsi, et depuis le 24 février 1971, lorsque Boumediene a annoncé «la décolonisation pétrolifère», qui s’est traduite dans les faits par la nationalisation des hydrocarbures, l’Algérie était installée dans une nouvelle phase de son développement économique où rente rimait merveilleusement avec performance. Les groupes d’intérêt, les luttes d’influence dans les cercles de l’administration et des grandes entreprises publiques ont déjà pris racine dans les structures publiques, avec des tentacules innombrables dans la société où une caste de privilégiés avait déjà commencé à étendre ses influences.
Le «capitalisme d’Etat»
En 1978, fin du règne de Boumediene, l’Etat était omniprésent dans le domaine économique. Les nationalisations engagées à grande échelle à partir de 1969, et dont le processus a été pratiquement achevé en 1974, ont permis au pouvoir de contrôler tout l’appareil de production national, ne laissant au secteur privé qu’une portion incongrue sous contrôle stricte, et avec cette phobie de se voir dessaisit de son bien à n’importe quel moment. En effet, tout ou presque passait sous la coupe de l’Etat : les entreprises minières, les ateliers de manufacture, le réseau de distribution d’ESSO et de Mobil, les industries de cimenterie, peinture, huileries, les usines de métallurgie, les banques, les transports…
C’était, comme le qualifiaient certains, une sorte de «capitalisme d’Etat» qui contredisait largement les options socialistes dont se revendiquait le régime. Boumediene qui n’était pas un expert en économie, ni encore moins connu pour être un adepte du socialisme marxiste, donnait l’impression d’avoir fait tout bonnement dans le pilotage à vue, donnant la priorité à ses excès régaliens et autocratiques, qu’à une stratégie concertée et discutable. Le dialogue et le débat étant pratiquement défendus durant cette période, et le Gouvernement ne faisait qu’appliquer une politique tracée par le «chef» sans s’attarder sur les détails qui, dans certains cas, s’avèrent préjudiciables.
C’est vrai, comme l’explique l’universitaire et chercheur algérien, le Pr Boualem Aliouat, l’Algérie des années 1960 et 70 n’a pas connu le socialisme tel qu’il a été théorisé par Marx et ses épigones. C’était plutôt de la désorientation plus que cela n’a été une orientation ciblant des objectifs stratégiques réalistes. Par conséquent, les résultats, où plutôt les échecs n’ont pas tardé de se manifester à l’horizon. L’Algérie qui, en 1977, pour ne citer que cet exemple, réalisait un record d’investissement – le taux le plus élevé au monde – de l’ordre de 50%, avec un PIB (produit intérieur brut) qui augmentait en moyenne de 9,4% entre 1971 et 1980, les objectifs tracés n’ont jamais pu être atteints. L’agriculture étant vite étouffée et sacrifiée sur l’autel de «l’industrie industrialisante» chère à Abdeslam. Le secteur tout le temps présenté comme étant la colonne vertébrale de l’économie nationale, n’a en vérité bénéficié que de peu d’égards. Preuve en est, de 1974 à 1977, l’agriculture ne recevra qu’une moyenne de 7,4% des investissements publics consentis.
En 1970 déjà, la contribution de l’agriculture au PIB n’est que de l’ordre de 13%. Ce manque d’investissements se traduit par l’incapacité des professionnels du domaine, et particulièrement des paysans et autres agriculteurs intégrés dans les coopératives d’Etat, de faire face aux différentes charges afférentes, dont notamment le renouvellement des moyens de production, et l’acquisition du machinisme agricole adéquat pour le développement de leurs fermes et cultures. Autre élément qui s’ajoute à cette débauche des investissements mal orientés, l’accaparement et la requalification devenue abusive et sans retenue des terres arables, transformées en des assiettes industrielles recevant des usines «clé en main». Ces mêmes usines devenues par la suite plus budgétivores que productrices de valeurs, empirent la situation de l’économie du pays où l’assistanat et le paternalisme étatique est érigé en règle. Avec souvent des charges salariales astronomiques, ces entreprises publiques ont constitué une autre charge pour le Trésor public appelé à chaque fois à prendre en charge les pertes enregistrées, en l’absence d’un véritable management des entreprises. Celles-ci, pour des raisons évidentes de clientélisme politicien, sont souvent gérées par des anciens maquisards et/ou des proches du parti FLN et de l’Armée.
Le degré de parenté, le régionalisme et la soumission étant les éléments clefs qui déterminent le choix des responsables à tous les niveaux. S’ajoute à cela l’influence des membres du syndicat-Etat (l’Ugta) qui, se revendiquant de la proximité du parti et de cercles décisionnels, créent à leur tour leurs propres terrains d’influence. Cela au moment où les travailleurs, et particulièrement les agriculteurs, se sentent de plus en plus désabusés. Conséquence: ce qui est appelé «Révolution agraire», et mise en œuvre entre 1972 et 1975, ne suscita point d’enthousiasme chez les populations, particulièrement rurales.
Les conséquences étaient désastreuses pour l’agriculture
Le système des coopératives instauré, lequel s’ajoutait à celui déjà hérité de Ben Bella des domaines autogérés, n’intéressait presque plus personne parmi les agriculteurs qui, non seulement n’adhéraient pas en grand nombre, préféraient pour certain s’installer en ville ou à proximité des zones industrielles pour vivre loin de la misère qu’impose la vie de compagne où l’on manquait pratiquement, à l’époque, des plus élémentaires des commodités.
Les algériens portant encore les stigmates de la période coloniale, où il était soumis à la misère, la faim et l’analphabétisme s’installaient presque tous dans la perspective d’installer leurs progénitures en ville. Les raisons sont multiples, et les autorités n’ont pas manqué d’encourager – sans le vouloir, ni le prévoir – un exode rural dont les conséquences étaient désastreuses pour l’agriculture.
Dans l’esprit des paysans, en plus du fait que la ville offre les commodités à même d’assurer l’instruction des enfants qu’on voulait tous médecins, ingénieurs ou tout au moins enseignants ; et de bénéficier autant des soins gratuits que des autres facilités de la vie (transport, électricité, servitudes diverses…), il y a aussi le fait que l’on ne gagnait pas mieux en restant au douar. L’agriculture vivrière, l’élevage familial qui jadis assuraient un minimum pour les paysans ne pouvait guère l’assurer en ces temps où l’Etat achetait les produits agricoles provenant des fermes et autre coopératives d’Etat, à des prix respectables pour l’écouler par la suite sur le marché, à des prix beaucoup plus bas. Donc à perte pour l’Etat et pour le petit agriculteur ne bénéficiant pas de l’aide de l’Etat, car n’étant pas structuré dans le système de fonctionnement de la «Révolution agraire» ni dans celui des domaines autogérés. Mieux encore, le Gouvernement qui a décidé de bloquer les salaires, durant au moins 10 années, à un niveau très bas, de manière à approvisionner les villes au coût les plus bas possible, a provoqué une véritable ruée vers la ville. En effet, il y avait eu un exode rural croissant de l’ordre de 100.000 personnes par an. Une véritable saignée pour le monde rural et pour l’agriculture. D’où le niveau d’autosuffisance alimentaire qui baissait inexorablement et à vue d’œil, passant de 70 à 30% de 1969 à 1980. C’est ainsi que la production nationale ne pouvant plus satisfaire la demande locale, se trouva compensée par les importations. C’est ainsi qu’en 1980, l’Algérie était déjà très dépendante des marchés internationaux pour assurer sa propre alimentation.
Échecs de la politique autocratique
Les échecs de la politique autocratique de Boumediene sont innombrables. Et Chadli, son successeur qu’on accuse souvent d’avoir «coulé» le pays, n’est finalement que l’héritier d’une faillite déjà programmée bien avant.
Sur ce, je suis persuadé qu’il y aura certains, et ils peuvent être même nombreux, qui me rétorqueront en disant que Boumediene a quand-même fait bien des choses, et que c’est à son époque que plusieurs étudiants, enfants de paysans, ont bénéficié de bourses d’études dans de grandes écoles à l’étranger. J’en conviens. Il y a sûrement certaines «choses» qui ont été réalisées, à l’instar des «usines clé en main» importées directement de l’étranger, mais le problème n’est pas là, mais plutôt dans le fait que Boumediene -qui a, pourtant, bénéficié d’une rente pétrolière conséquente durant presque tout son règne-, n’a pas songé de jeter les dés d’une économie durable. Et pour cette question de formation, il faut aussi reconnaitre que si l’école était devenue à la portée de tous, étant donné que l’Etat assurait sa gratuité, il n’en demeure pas moins que cette même école n’a pas été orientée dans le bon sens pour produire des cadres de qualité. Ainsi, et alors que toutes les écoles privées sont passées sur le fil des nationalisations, la seule école disponible est celle publique, laquelle était beaucoup plus confessionnelle que citoyenne.
Là nous n’allons pas nous attarder sur l’orientation idéologique de l’école, et les verrous imposés à l’université algérienne, mais nous allons toutefois rappeler que si le nombre de diplômes universitaires décernés a augmenté considérablement durant cette période, atteignant un cap de plus 7000 en début des années 1980, mais la formation technique des étudiants algériens été loin d’être adaptée aux technologies de l’époque, dont celles importées dans le cadre de l’industrialisation tous azimut. Preuve en est, l’Algérie a continué durant toute cette période à faire appel aux coopérants étrangers, particulièrement égyptiens dans l’éducation, et européens de l’est dans les autres domaines comme la santé et l’industrie notamment. Puis, pour les cadres algériens envoyés faire des formations à l’étranger, notamment en URSS, la plupart ont choisi d’y rester, ou d’immigrer dans d’autres pays, notamment européens tant la gestion de nos entreprises ne pouvait leur assurer une meilleure intégration et/ou évolution dans leurs carrières de cadres. D’autres parmi ceux qui sont revenus dans le pays n’ont, pour un bon nombre, pas pu résister et ont repris le chemin de l’étranger où «la matière grise» est mieux considérée qu’ici.
La démographie, un vrai casse-tête
Au grand malheur de l’Algérie s’ajoute en cette fin des années 1970, les besoins croissants d’une population en évolution croissante depuis l’indépendance. La démographie était devenue un vrai casse-tête et constituait un problème auquel il fallait trouver une solution. Et c’est encore à Chadli de la chercher cette solution. En effet, c’est lui qui lancera la première campagne nationale pour la limitation des naissances en 1985. Ainsi, il faut dire que durant l’ère Boumediene, on avait l’impression que les algériens ne faisaient que procréer. Le recensement démographique de 1980, donnait une population estimée à 18.666.000 âmes. En 1975 déjà, le taux de natalité en Algérie a atteint un record de 8,1 enfants par femme. Et cette population avait besoin d’une permanente prise en charge, étant donné que la gratuité des services (santé, éducation…) était assurée par l’Etat. Au fil des ans, et avec une politique démographique non-maitrisée, accentuée par l’exode rural dû aux raisons que nous avons expliqués plus haut, il y a l’apparition des bidonvilles dans les périphéries des grandes villes, annonçant les prémices d’une crise patente du logement qui atteindra son summum à la fin des années 1980.
Extrait du livre de Lyazid Khaber
Algérie, une économie qui se cherche
Edition Spinelle – Paris – 202