Un mois, jour pour jour, les sépare. Un faussé d’injustices et d’iniquité les différencient. Entre le 14 février et le 14 mars, il n’y a pas que la symbolique qui change. Il y a aussi le regard. Pourtant, si chacun de nous se souvient bien de ce que représente la première date, ce n’est absolument pas le cas de la deuxième. En février, même si les arbres ne sont pas censés fleurir, on trouve cependant la fleur à offrir à l’amourette qui ne promet rien. En mars par contre, à peine si on entend parler de ce que c’est le 14. La journée internationale des personnes handicapées, n’est pas au centre des intérêts. A peine si cela suscite des commentaires dans la presse, vite voilés par l’info la plus lointaine qui nous vient de l’extrême Orient ou des îles Caraïbes. Nous avons même l’impression d’entendre la fameuse formule de Molière : «cachez moi ce… que je ne saurais voir…»,car d’aucuns ne semble s’emballer pour une discussion au sujet de ces personnes vulnérables qu’on croise pourtant dans toutes nos rues. Passées les déclarations triomphalistes des responsables qui promettent monts et merveilles, le temps d’une pose cérémoniale, la vie reprend son cours «normal»… et la bêtise tous ses droits. La vue d’un handicapé ne fait de mal qu’à ses proches, souffrant souvent de la solitude et du désarroi des leurs. Les autres, ça ne les regarde pas. Ainsi, et en voyant cette posture dédaigneuse de certains de nos concitoyens envers ces défavorisés, on a l’impression qu’il y ait bien deux mondes parallèles, celui des handicapés et celui des autres. Pourtant, personne n’est sûr de demeurer apte à vie, personne n’est à l’abri du handicap. Mais, vas-y expliquer ça aux indifférents. L’Etat qui affiche sa générosité s’avère très avare lorsqu’il s’agit des handicapés. Pis encore, si la pension de 4000 DA qu’ils reçoivent mensuellement est un non-sens, il faut dire aussi que presque rien n’a été fait pour permettre à cette catégorie de s’autonomiser. L’accès à l’emploi, parfois même à l’instruction, est un parcours de combattant pour ces gens-là. Le poids des préjugés est là, il empêche bien la machine de tourner en rond. Il faut dire ainsi que toute la bonne volonté de tous les ministres réunis, ne pourra faire bouger les lignes, tant la société porte ce regard condamnable sur les handicapés. De ce fait, peu d’espoirs subsistent. Les handicapés ne peuvent même pas attendre à ce que la porte s’ouvre devant eux, puisque même le chemin qui y mène n’est pas fait pour leur permettre de passer. Seule possibilité permise, au moment où le 14 mars ne règle pas le problème, il reste au handicapés la possibilité d’appeler le 14 des pompiers, en cas de pépin…
N. K.