Amendement de la réglementation des changes : Les propositions des exportateurs

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Conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la réglementation actuelle 14-04 sur le change sera bientôt amendée et mise à niveau, donnant plus de flexibilité aux exportateurs. La Banque d’Algérie avait réuni, la semaine dernière, le patronat représenté par le CREA, l’association des exportateurs et l’association des banques (ABEF), dont le but a été de débattre des amendements à apporter à cette réglementation qui constitue le principal frein à l’exportation.

Par Akrem R.

Sa révision, par conséquent, est plus que nécessaire afin d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’Etat, à savoir l’augmentation des exportations hors hydrocarbures à 29 milliards de dollars, d’ici à 2030.

En effet, la mise en place d’une stratégie claire et ambitieuse est le seul moyen d’atteindre l’objectif fixé, consistant en la réalisation de 22 à 23 milliards de dollars d’exportations en plus.

Sur ce point, le Consultant en export et vice-président de l’ANEXAL, Ali Bey Nasri, a formulé deux propositions pour la mise à niveau de la réglementation 14-04, afin de donner de nouvelles perspectives à l’export.

Il a, en effet, plaidé pour la séparation de la réglementation régissant l’investissement et celle de l’ouverture de bureaux de représentation ou de liaison, contrairement à la réglementation actuelle, les mettant sur un même pied d’égalité.

« Nous avons considéré que l’investissement est un grand transfert de devises, or un bureau de représentation ou un bureau de liaison n’a pas un caractère commercial, il faut absolument le séparer de l’investissement», recommande-t-il.

Pour illustrer ses propos, l’intervenant a expliqué qu’il y a des entreprises désirant s’externaliser, qui ont besoin d’une visibilité que ce n’est qu’à travers un bureau de représentation ou un bureau de liaison, qu’elles peuvent l’avoir.

L’externalisation des entreprises, une nécessité

Quant à la deuxième proposition, concernant l’investissement, « nous avons fait aussi donc une proposition qui est celle d’utiliser le compte exportateur», a indiqué Ali Bey Nasri dans une déclaration à la radio nationale «chaîne III ».

En effet, il est impératif d’accorder plus de moyens surtout financiers aux exportateurs afin de promouvoir leurs activités à l’étranger en les pérennisant.

C’est le seul moyen, dira-t-il, d’externalisation de l’entreprise, proposant, par ailleurs la libre initiative à l’exportateur de disposer de 20% de la valeur totale des exportations pour les utiliser dans le cadre de la promotion de ses activités d’investissement.

«Il est clair que l’investissement à l’étranger est devenu impératif si nous voulons développer nos exportations, notamment vers l’Afrique, où on a besoin de construire un réseau commercial, à l’instar des autres pays, comme la Chine qui a investi ces dernières années, près de 60 milliards de dollars», indique l’orateur, insistant sur le fait que « ce sont les entreprises qui sont en mesure de le faire parce qu’elles maitrisent la création de réseaux pour vendre leurs produits et maitrisant le service après vente.

Il faut se déployer à l’international, ajoute-t-il, estimant que « le bureau de représentation est un premier pas avant l’investissement. C’est à travers lui qu’on va quelque part, on observe, on recrute un personnel dédié à la prospection des marchés et ce n’est qu’en arrivant à maturité qu’on se lancera ensuite dans l’investissement».

Pour lui, l’externalisation des entreprises est plus que nécessaire, indiquant que « nous avons les capacités et l’expertise industrielle pour aller s’externaliser. On doit investir dans le contient africain. C’est la présence d’entreprises algériennes qui va booster nos exportations».

Ouverture de banques à l’étranger …un accompagnement pour les opérateurs

Satisfait de l’écoute nécessaire que les invités ont eue lors de cette initiative, liée à la volonté du président de la République et à ses orientations, Nasri reste optimiste quant à l’issue de cette large consultation autour de la Banque d’Algérie pour la révision de la réglementation en vigueur dans le cadre de cette réflexion, avec les organisations patronales.

Sur le terrain, l’application des orientations du président de la République ont généré la création de deux banques à l’étranger, Algeria Bank au Sénégal (ABS) et Union Bank en Mauritanie (UBM), en l’occurrence, avec des orientations pour aller au Cameroun et en Côte-d’Ivoire.

« Ces banques sont tout à fait prêtes à accueillir les entreprises algériennes», assure l’expert. Cependant, avise-t-il, il ne faut pas s’attendre à ce que ces deux banques couvrent les activités des opérateurs économiques, c’est plutôt ces derniers qui vont y ouvrir des comptes et générer des chiffres d’affaires domiciliés au niveau de ces banques.

Il faut savoir, dit-il, que cette remise à niveau du règlement 14/04 est nécessaire pour cadrer le rôle de chacun, Etat, banques et des opérateurs économiques, sachant que l’investissement en Afrique n’est pas facile la concurrence étant rude, sans oublier que l’assiette des produits destinés à l’exportation est très limitée.

Et de rappeler qu’« elle repose sur deux conditions : pas d’exportation au détriment de la consommation interne et pas d’exportation de produits subventionnés, exceptés trois produits dont l’excédent est avéré, à savoir, les produits meuniers (pates alimentaires) dont les capacités installées sont supérieures à la demande locale de 250%, l’huile de soja et le sucre».

Par ailleurs, le Consultant en export a appelé à consentir des investissements dans les domaines de la logistique et le transport afin d’améliorer notre compétitivité sur les marchés internationaux.

Ces derniers quatre mois, nous avons constaté une offensive féroce de la part de l’Egypte en matière d’exportation du clinker.

Ce pays a réussi à réduire les prix à 24 et 28 dollars/tonnes, alors que notre clinker était vendu en 2023 à 37 dollars.

«Nous sommes pratiquement à l’arrêt, il faut une réaction à ce niveau-là. Il faut revoir notre stratégie dans ce domaine, en allant vers le sac (ciment fini) afin d’engranger plus de valeur ajoutée », affirme-t-il, estimant nécessaire de mettre en place une stratégie pour atteindre l’objectif fixé.

« Nous devons investir fortement dans trois filières, à savoir celle des mines, pharmaceutique et céramique. C’est avec ces filières que nous devons tabler pour augmenter nos exportations de 22 milliards de dollars d’ici 2030», plaide-t-il.

Évoquant le fonds de soutien à l’exportation (FSPE), Ali Bey Nasri a appelé à l’alimentation de ce fonds avec les moyens financiers nécessaires pour l’accompagnement des opérateurs, en proposant de recourir au système de ciblage en orientant ces aides vers des pays stratégiques.

« Il faut donc qu’on cible des pays stratégiques sur lesquels s’appuyer et accorder 80% à destination de ces pays pendant 3 ans ou 4 ans, parce qu’il est impératif de corriger toutes les insuffisances actuellement si on veut gagner 23 milliards de dollars en plus», conclut-il.

A. R.

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