Face aux bouleversements géopolitiques, l’Algérie a renforcé ses relais diplomatiques afin de se positionner dans le nouveau système mondial. Connue pour sa politique de non-alignement, l’Algérie maintient sa stratégie de diversification des partenariats tout en préservant ses intérêts.
Par Nadia B.
Avec les nouvelles ambitions affichées par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à atteindre 400 milliards de dollars d’investissements et à hisser le pays au rang de pays émergent d’ici 2027, l’Algérie est appelée à adopter une politique plus «agressive » en matière de diplomatie économique, afin d’améliorer son image à l’international et de la présenter comme un terrain d’opportunités et d’affaires pour les investissements internationaux, notamment dans les secteurs stratégiques tels que les hydrocarbures, l’industrie, l’agriculture et l’économie numérique.
À cet effet, l’expert en développement économique, numérique, énergie et diplomatie économique, Abderrahmane Hadef, a préconisé l’adoption d’une stratégie de «Country Branding » pour promouvoir l’Algérie à l’international.
Il a, dans ce cadre, souligné la nécessité de définir une identité et un positionnement clairs, indiquant que l’Algérie pourrait, par exemple, se positionner comme un hub énergétique et technologique en Afrique du Nord.
Pour ce faire, recommande-t-il, « il faut lancer une campagne internationale mettant en avant le potentiel du pays en hydrogène vert et en énergies renouvelables, notamment avec les projets solaires du Sud. Il est également essentiel de valoriser le potentiel humain, notamment, la jeunesse bien formée et prête à jouer un rôle clé dans les filières technologiques. »
Mettre en place une stratégie de communication globale
La promotion de l’image de l’Algérie à l’international passe aussi par la création d’une marque nationale, telle que « Algeria: The Next Frontier ». À cet effet, il serait opportun de déployer une campagne digitale ciblée sur les réseaux sociaux et professionnels tels que LinkedIn et YouTube, avec des vidéos mettant en avant l’innovation et l’entrepreneuriat en Algérie (par exemple, les startups incubées par Algeria Venture).
Il s’agit aussi de mettre en lumière le potentiel des centres de recherche et développement, tels que le CDTA et le CDER, explique-t-il.
L’Algérie est également appelée à mobiliser sa diplomatie économique et culturelle en développant une présence forte dans les forums économiques et culturels mondiaux.
« À travers une participation active à des événements tels que le Mobile World Congress (MWC) à Barcelone, VivaTech à Paris, GITEX à Dubaï ou encore le Forum de Davos, l’Algérie pourra mettre en avant ses atouts en matière d’innovation et d’énergie », indique l’expert.
Attirer les investissements et les talents internationaux
Cette présence renforcée sur la scène internationale permettra à l’Algérie de mieux valoriser ses atouts et ses opportunités d’investissement, d’autant plus que le président Tebboune ambitionne d’augmenter le nombre de projets inscrits à l’AAPI à 20 000, avec la création de 450 000 nouveaux emplois.
Un travail de fond reste donc à mener par le gouvernement pour capter des investissements productifs, générateurs de richesse et de valeur ajoutée.
Sur ce point, Hadef plaide pour le développement d’une approche « proactive » en faveur des investissements directs étrangers (IDE) dans les secteurs stratégiques, en mettant en avant les nouveautés de la loi sur l’investissement de 2022, notamment en matière de simplification, de promotion, d’accompagnement et de garanties.
« Il faudrait organiser des roadshows et des missions de prospection dans des capitales économiques à travers le monde afin d’attirer des investisseurs, notamment dans les énergies renouvelables, l’industrie pharmaceutique et les technologies numériques », affirme-t-il.
Il recommande également de s’appuyer sur les success stories algériennes, telles que Yassir (la « super app » algérienne, présente aux États-Unis et en Afrique), ainsi que sur des figures influentes du secteur technologique.
Il insiste par ailleurs sur la valorisation du patrimoine naturel et culturel, en soulignant l’importance du développement d’une marque touristique nationale pour relancer ce secteur stratégique.
Cela passe notamment par le lancement d’une campagne mondiale « Discover Algeria », en collaboration avec des influenceurs et des médias internationaux, afin de promouvoir le Sahara algérien — classé au patrimoine mondial de l’UNESCO — ainsi que d’autres sites historiques et culturels du pays.
Créer une agence ou un comité dédié au Country Branding
L’Algérie dispose d’un fort potentiel pour améliorer son image à l’international, mais cela nécessite une vision cohérente et une exécution structurée. Dans ce cadre, l’expert Hadef plaide également pour la création d’une agence ou d’un organisme public-privé dédié à la promotion de l’image de l’Algérie.
Il suggère de s’inspirer des modèles de pays tels que la Malaisie ou l’Afrique du Sud, qui ont su développer des stratégies de branding efficaces pour attirer les investissements et renforcer leur attractivité sur la scène mondiale.
N. B.