Inscrite au registre des priorités de la politique de développement et de relance de l’économie déployée par le gouvernement, la récupération des fonds alimentant le marché informel pour les intégrer dans le circuit bancaire se poursuit avec, cette fois-ci, la recherche de solutions adéquates pour éradiquer le marché noir de la devise.
Par Mohamed Naïli
Dans ce cadre, une mission d’experts du Fonds monétaire international (FMI) vient d’entreprendre, à la demande de la Banque d’Algérie, une étude approfondie de la réalité du marché de change parallèle en Algérie pour proposer des alternatives concrètes et applicables au contexte du marché monétaire algérien.
Loin d’être une simple recherche de mesures à mettre en place pour éradiquer le marché de change informel à coup de règlements ou autres interdictions, selon des associations et autres organisations ayant déjà été consultées sur cette nouvelle initiative confiée aux experts du FMI, la Banque d’Algérie vise comme objectif la mise en place d’un nouveau système à même d’enrayer l’ampleur des fonds circulant hors circuit bancaire tout en satisfaisant les besoins des acteurs locaux, opérateurs économiques, commerçants et autres citoyens, en devises étrangères. Ce ne sont donc pas des mesures coercitives que la Banque d’Algérie envisage de mettre en place.
A cet égard, l’association nationale de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE), ayant déjà pris part aux consultations ouvertes en préparation de la mise en place de cette initiative, affirme, par la voix de son président, Mustapha Zebdi, que la mission d’experts du FMI a pris note de ses propositions en la matière, à savoir la nécessité de trouver des solutions pour réduire le volume des capitaux qui alimentent le marché parallèle de la devise.
Il faut dire que c’est depuis 2020 que le gouvernement se penche sur la recherche de mécanismes efficaces à mettre en place pour réduire l’ampleur de cette sphère financière évoluant en dehors des circuits de change officiel, alors que le poids de l’informel ne cesse de prendre des dimensions de plus en plus grandes, pesant pas moins de 90 milliards de dollars, tous segments du marché parallèle confondus, selon les estimations faites par la Banque d’Algérie.
Précédemment, l’encouragement à la création de bureaux de change réglementaires et répondant un cahier des charges préétabli a été envisagé comme une alternative au marché noir des devises, mais, il s’est avéré que cette option ne semble pas répondre aux attentes de la Banque d’Algérie en la matière.
Réduire les restrictions
C’est d’ailleurs ce qu’expliquait en juin dernier le directeur général de la Bourse d’Alger, M. Yazid Benmouhoub, qui, évoquant la question de la prolifération du marché parallèle des devises, a rejeté l’idée selon laquelle l’ouverture de bureaux de change permettrait d’enrayer ce commerce informel. « Les bureaux de change sont destinés aux étrangers et la lutte contre le change parallèle ne peut se faire que par la convertibilité du dinar », déclarait-t-il.
D’autres experts et spécialistes de la finance suggèrent des mesures ayant trait beaucoup plus à la réforme de la politique monétaire et financière du pays, comme la convertibilité de la monnaie nationale ou la libération de son taux de change afin de le rapprocher des taux appliqués sur le marché noir.
Quant au FMI, il est utile de rappeler que ce n’est pas la première fois qu’il s’intéresse au phénomène du change parallèle en Algérie et son impact sur l’économie règlementaire du pays. Des rapports et expertises émanant de l’institution de Bretton Woods ont à chaque fois émis des recommandations et suggéré des pistes en mesure de permettre au système bancaire algérien de résorber le volume des fonds circulant dans le marché noir de la devise. Parmi les mesures pour lesquelles militent les experts du FMI, il y a « l’ajustement progressif du taux de change officiel, le relèvement des plafonds indicatifs des montants de devises à tolérer aux citoyens s’apprêtant à effectuer un voyage à l’étranger ou l’assouplissement des restrictions imposées aux importations », qui sont autant de mesures qui pourraient réduire l’ampleur du marché parallèle.
En outre, le FMI n’est pas la seule institution financière internationale à s’intéresser au marché parallèle de la devise en Algérie. La Banque africaine de développement (BAD), à titre d’exemple, s’est aussi penchée sur cette question en relevant dans l’un de ses rapports qu’en Algérie, « le marché de change parallèle fait de bonnes affaires grâce à l’important différentiel qui existe entre les cours officiels et les cours parallèles », d’où donc, la suggestion de trouver un mécanisme permettant de réduire l’écart entre les deux taux (officiel et parallèle), ce qui pourrait s’avérer l’une des pistes concluantes.
M. N.