La forêt algérienne subit depuis des décennies, d’importantes dégradations aboutissant parfois à la disparition de l’état boisé sur de vastes régions. Elle continue de subir les changements climatiques, mais aussi, des incendies, souvent, prémédités, outre des activités illicites dans ses espaces, menaçant son existence.
Akrem R.
Par ailleurs, des centaines d’hectares de forêts sont accaparées et détournées chaque année et des produits forestiers sont exploités illégalement. Ce qui prive, gravement, l’économie du pays d’une partie consistante de produits forestiers et de création d’emplois. Conscient de ces enjeux, le gouvernement veut mettre de l’ordre dans ce secteur négligé et abandonné depuis des décennies. C’est dans ce cadre, que le Conseil national économique social et environnemental (CNESE), a organisé, hier, une rencontre placée sous le thème : « Quelles perspectives pour la forêt algérienne?». Dans son intervention d’ouverture des travaux de ce séminaire, le président du CNESE, en l’occurrence, Réda Tir, a affirmé que «les ingrédients nécessaires pour arriver à rentabiliser la forêt algérienne sont présents. Que ce soit pour ce qui est des textes de lois, que pour l’immensité du parc forestier dont dispose le pays». Ainsi, il a mis l’accent sur l’absolue nécesiité d’en finir définitivement avec la gestion archaïque de notre forêt. Aujourd’hui, dans un contexte marqué par la baisse des ressources financières provoquée à la fois par la réduction à moitié des prix du pétrole et par les conséquences des bouleversements économiques à la suite de l’épidémie de Covid-19, l’Algérie s’est déjà engagée dans la voie de refondation de son économie en préconisant un modèle économique basé sur la diversification économique. De ce fait, il est surtout recherché le développement d’une économie attractive puis compétitive qui exploite durablement les potentialités de l’ensemble des territoires. À cet effet, les pouvoirs publics sont appelés à mettre en place une stratégie claire pour rentabiliser la forêt. « L’Algérie doit s’engager dans la valorisation et développement accéléré de ses potentialités naturelles forestières, pour les inscrire ainsi, dans les dynamiques économiques. Les principaux défis nous imposent de définir une politique nationale forestière valorisée, volontariste, innovante et capable de participer au développement économique de l’Algérie», a souligné Tir, en appelant à l’engagement de mesures urgentes afin de régénérer d’abord notre patrimoine forestier. Sur ce point, il a plaidé pour la plantation d’arabes et autres espèces à croissance rapide adaptée aux changements climatiques et à notre environnement.
Au passage, l’intervenant a regretté qu’un pays comme le nôtre, n’arrive pas à engager des opérations de reboisement de grande envergure, comme cela se fait ailleurs, notamment en Arabie saoudite et en Ethiopie. En outre, Reda Tir a énuméré un certain nombre d’avantages et d’atouts, laissés à l’abandon, comme la production de bois, de liège et surtout les gros dividendes générés par celle-ci en Europe et qui avoisinerait les 230 milliards d’euros. De quoi assurer une autre source hors-hydrocarbures de devises pour le pays. Par ailleurs, le président du CNESE a plaidé pour la révision urgente des lois régissant le secteur forestier, affirmant que «nous ne pouvons pas évoluer avec un dispositif de lois de deux siècles ! On doit évoluer sur le plan législatif et veiller à ce que les règlements intérieurs soient développés». Et d’insister : « Il faut qu’il yait des révisions. Nous devons impliquer davantage les acteurs privés et publics dans la gestion des forêts». Tout cela est dans l’objectif, dira-t-il, d’accompagner le législateur et donner les moyens nécessaires pour la bonne gouvernance de nos territoires. Actuellement, la situation de nos forêt est désolante et est caractérisée par la très faible intégration de la production nationale forestière dans le système productif national et une faible appropriation de technologies de production et de transport des produits forestiers, outre, la faiblesse du cadre juridique.
A. R.