Alors que les échanges commerciaux algéro-français sont en baisse : Le partenariat avec les pays du Golfe se consolide

Port d'Alger

Les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France ont enregistré une légère baisse au premier semestre de 2024, s’établissant à 5,4 milliards d’euros. Cette baisse contraste avec les trois années précédentes de croissance continue. En effet, malgré le recul des exportations vers la France de 14,5% durant cette période, la balance commerciale de l’Algérie est toujours excédentaire.

Par Akrem R.

Les exportations de l’Algérie, principalement, des hydrocarbures (gaz et pétrole), représentant 79,4% du total, ont atteint les 3 milliards d’euros, indique la dernière Lettre économique de la mission économique de l’Ambassade de France à Alger.

Citant les chiffres des Douanes françaises, la même source a expliqué que cette baisse des exportations de l’Algérie vers la France est en raison du repli des importations énergétiques.

Cette période est marquée par une baisse notable des volumes de gaz naturel exportés de l’Algérie vers la France.

La hausse légère des importations de pétrole brut algérien par la France n’a pas impacté positivement la valeur des exportations de l’Algérie, en raison du recul des prix des hydrocarbures depuis le début de l’année 2024.

C’est la raison réelle de la baisse des échanges commerciaux entre les deux pays qui traversent une période de crise politique, par ailleurs.

Quant aux importations de l’Algérie de France, elles ont augmenté de 9,3%, atteignant 2,4 milliards d’euros. Cette hausse a permis à la France de réduire son déficit commercial avec l’Algérie, qui avait atteint un niveau record en 2023 en raison de la flambée des prix de l’énergie. Il s’est réduit de 719 millions euros, pour s’établir à 636 millions au premier semestre 2024.

«Cette amélioration du solde des échanges est principalement due à la baisse de la facture énergétique, conséquence directe du recul des prix de l’énergie», explique la même source.

Si la tendance actuelle persiste, «une stabilisation ou une diminution progressive des cours des hydrocarbures pourrait contribuer à réduire le déficit commercial vis- à-vis de l’Algérie, creusé depuis 2021 après plusieurs années d’excédent».

Dans le détail, les produits industriels restent le premier poste d’exportation de la France vers l’Algérie, bien qu’en légère baisse de 0,7 %, représentant 37,8 % du total des exportations.

Les ventes de produits pharmaceutiques et chimiques ont progressé, tandis que les secteurs du bois, de la métallurgie et du caoutchouc ont connu des reculs significatifs, précise la même source.

Les ventes françaises en matière d’équipements mécaniques et de matériels de transport ont également augmenté, avec une notable croissance des ventes de véhicules automobiles.

Le premier semestre 2024 a été aussi marqué par une reprise «spectaculaire» (+90,5 %) des exportations de produits agricoles français vers l’Algérie, «après une chute drastique au semestre précédent».

Le montant des exportations de céréales françaises vers l’Algérie durant les premiers six mois de 2024 n’a pas été précisé. En 2023, les exportations françaises de céréales vers l’Algérie ont lourdement chuté de 80 %.

Elles sont passées de 834 millions d’euros en 2022 à seulement 166 millions d’euros en 2023, selon la même source. La hausse est due à une forte augmentation des ventes de céréales, explique-t-on.

À la lumière de ces chiffres, l’Algérie reste le deuxième marché de destination des ventes françaises en Afrique, après le Maroc et devant la Tunisie.

Hausse des échanges et des investissements avec les pays du Golfe

Par ailleurs, la coopération économique entre l’Algérie et la France est peu développé en dépit des opportunités offertes, en raison de plusieurs questions politiques et de mémoire, notamment, qui restent en suspens, l’Etat français refusant jusqu’à présent de reconnaitre ses massacres en Algérie pendant la période coloniale.

Cette relation risque de se détériorer davantage, en particulier avec la dernière sortie «surprenante» d’Emmanuel Macron qui a pris parti pour le Maroc sur la question de décolonisation du Sahara occidental.

Suite à cela, Alger avait, pour rappel, décidé de rappeler son ambassadeur et d’autres mesures sont certainement à venir, si le président français ne revenait pas à la légitimité internationale concernant le Sahara Occidental. Face à cette situation, l’Algérie a adopté une nouvelle politique en diversifiant ses partenariats et échanges commerciaux qui doivent être basés selon le principe « gagnant-gagnant ».

Depuis 2004, en effet, les échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays du Conseil de Coopération des Etats Arabes du Golfe (CCEAG) ont fortement augmenté, avec une multiplication par 28 des ventes du Golfe vers l’Algérie.

En 2022, les échanges bilatéraux ont atteint environ 2 milliards de dollars, soutenus par les exportations saoudiennes et émiraties.

Les matières plastiques et les minerais constituent les principales exportations du Golfe vers l’Algérie, tandis que les exportations algériennes, principalement des hydrocarbures, ont chuté de manière significative, passant de 475 M millions de dollars en 2019 à 66 millions en 2022, selon la Lettre économique de la mission économique de l’Ambassade de France à Alger.

En ce qui concerne les investissements directs étrangers (IDE) des pays du Golfe en Algérie, ces derniers s’élevaient, fin 2022, à 2,1 Mds USD, plaçant ces pays au quatrième rang des investisseurs étrangers dans le pays.

Les Émirats Arabes Unis se distinguent comme les principaux investisseurs du Golfe avec 661 millions de dollars, diversifiés dans des secteurs clés comme l’assemblage de véhicules militaires, l’énergie, et la logistique.

Ils sont suivis par le Qatar, avec 431 millions de dollars d’investissements, se concentrant sur la transformation des métaux, les télécommunications et un projet ambitieux dans l’agroalimentaire, visant à développer une production de last dans le Sahara algérien.

L’Arabie Saoudite, avec 214 M USD, est présent dans les secteurs pharmaceutique et agroalimentaire, avec des projets notables comme la construction d’usines de médicaments et la commercialisation d’ales de table.

Les autres pays du Golfe comme le Koweït, le Bahrein et le Sultanat Oman, affichent des investissements respectivement de 312 millions, 200 millions USD et 221 Millions USD, concentres dans les secteurs bancaire, assurantiel et pétrochimique.

A. R.

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