Au moment où la FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) vient de revoir à la baisse ses prévisions concernant la production mondiale des céréales pour l’année 2022, le ministère de l’Agriculture et du développement rural accélère les préparatifs pour le lancement de la nouvelle saison agricole qui s’approche.
Par Mohamed Naïli
Dans cette perspective, le ministre de tutelle a réuni ce week-end l’ensemble des cadres du secteur, les DSA (Directeurs des services agricoles) au niveau des wilayas, les directeurs d’Offices et établissements économiques qui lui sont affiliés. Ont pris part également à cette réunion, présidée par le premier responsable de ce département ministériel, Mohamed Abdelhafidh Henni, les représentants de la Chambre nationale d’agriculture, ainsi que de l’UNPA (Union nationale des paysans algériens).
Afin de réunir toutes les conditions à même de permettre la réussite de la nouvelle saison des cultures, tous les aspects ont été ainsi passés en revue lors de cette rencontre, dont principalement la disponibilité de semences, intrants et engrais, pour l’entame de la campagne labour-semailles, l’élargissement de l’irrigation d’appoint dans les wilayas du nord du pays, ainsi que l’accélération dans la mise en œuvre du programme des cultures stratégiques, outre le blé tendre et dur, à travers le dispositif déployé par l’ODAS (Office de développement de l’agriculture en terre saharienne).
Pour ce qui est de la céréaliculture, le ministre de l’Agriculture, M. Henni, a tenu à rappeler devant les cadres de son secteur et les représentants des agriculteurs regroupés au sein des chambres d’agriculture et de l’UNPA, l’objectif, non moins stratégique, tracé pour cette saison, qui est l’augmentation de la production céréalière locale afin de réduire les importations en la matière, coûtant chaque année, une facture moyenne de près de 2 milliards de dollars. Pour ce faire, le ministre a réitéré son instruction à « intensifier les préparatifs et consentir les efforts nécessaires pour la réussite de la nouvelle saison ». Pour relever ce défi, M. Henni a insisté sur la nécessité de veiller à la prise en charge des préoccupations et des besoins des agriculteurs en matière de disponibilité des intrants, et au respect de l’itinéraire technique dans la conduite culturale.
Tenant compte de la nouvelle donne induite par le dérèglement climatique avec ses conséquences, en termes de perturbations pluviométriques, le premier responsable du secteur a instruit les cadres de son secteur de sensibiliser les agriculteurs sur la nécessité de doter leurs exploitations en équipements d’irrigation complémentaire, notamment, dans les wilayas du Nord. Dans ce cadre, de nouvelles décisions ont été prises lors d’une réunion interministérielles tenue au préalable, ayant regroupé les ministères de l’Agriculture, l’Industrie et les Ressources en eau, pour l’examen de tous les aspects relatifs à l’irrigation agricole et aux équipements spécifiques à utiliser dans ce domaine, et ce, pour augmenter les superficies irriguées et étendre les capacités de stockage des céréales.
Se mettre à l’abri des fluctuations mondiales
La nouvelle démarche entreprise par le ministère de l’Agriculture, notamment pour ce qui est de la filière céréalière, est centrée sur l’objectif primordial d’améliorer la production locale pour réduire les importations à l’horizon 2025, tel que tracé dans la feuille de route du secteur pour la période 2020-2025. Lequel objectif qui doit être atteint à travers l’extension des superficies dédiées à la céréaliculture mais aussi l’amélioration des rendements pour atteindre les 30 à 35 quintaux/hectare, au lieu de la moyenne actuelle des 20 quintaux/hectare, tel que suggéré par le chef de l’Etat lors du dernier Conseil des ministres.
Cette mobilisation pour donner un nouvel essor à la filière céréalière intervient dans un contexte où le marché mondial des céréales observe des mutations profondes et des fluctuations faisant planer des incertitudes sur la disponibilité des grains.
A cet égard, le dernier bulletin de la FAO sur l’offre et la demande des céréales dans le monde en 2022 ne fait que confirmer cette tendance quant aux fluctuations qui guettent les disponibilités céréalières mondiales. Révisant à la baisse ses prévisions en la matière, l’organisation onusienne précise qu’ « établie à 2 774 millions de tonnes (27 740 millions de quintaux, ndlr), la production mondiale de céréales pour 2022 a été abaissée de 17,2 millions de tonnes depuis le précédent rapport publié en juillet et l’on s’attend à présent à un recul de 1,4% (38,9 millions de tonnes) en glissement annuel ».
Toutefois, la FAO précise que la baisse concerne beaucoup plus des céréales autres que le blé, comme le maïs par exemple dont les prévisions tablent sur une baisse de l’ordre de 16% sur le marché européen, puisque le blé, qui est le produit le plus stratégique dans le cas de l’Algérie ne semble pas exposé à d’éventuelles perturbations de son offre sur le marché mondial.
Néanmoins, même si que, dans le même document, la FAO prévoit « une baisse négligeable de la production mondiale de blé par rapport aux niveaux enregistrés en 2021 « au vu de la récolte record attendue en Fédération de Russie et des conditions météorologiques favorables en Amérique du Nord », mais rien n’est moins sûr quant à la stabilité de son offre, compte tenu des tensions sur le blé russe à l’ombre de la guerre en Ukraine.
C’est dans le but de réduire son exposition à ces perturbations qui caractérisent le marché mondial des céréales que l’Algérie multiplie ainsi les efforts pour renforcer la production locale et réduire les importations.
M. N.