A l’instar des Français, Turcs, Qataris ou les Britanniques, l’Autriche à son tour s’intéresse au secteur du transport aérien vers l’Algérie. Reçue, avant-hier par le président de l’APN, Brahim Boughali, l’ambassadrice de la République d’Autriche en Algérie, Mme Christine Moser, a exprimé cet intérêt pour le ciel algérien, dont elle voit une opportunité d’exploiter les possibilités de coopération entre les deux pays.
Par Mohamed Naïli
Dans la vision qu’elle a développée lors de sa rencontre avec le président de la première chambre du Parlement, la représentante diplomatique autrichienne estime ainsi que l’ouverture de lignes aériennes directes comme moyen de mettre en valeur l’attractivité de l’Algérie, non seulement auprès des Autrichiens, mais aussi de l’ensemble des touristes et investisseurs potentiels d’Europe centrale.
Avant les Autrichiens, en avril dernier, c’est l’homme d’affaires Nicolas d’Hyèvres, patron de la compagnie française Inzee Air, nouvellement créée, qui a exprimé son intérêt pour l’exploitation de lignes aériennes vers l’Algérie. C’est dire à quel point le marché algérien du transport aérien est convoité par les compagnies étrangères.
Dans le but d’améliorer la qualité des services fournis en matière de transport aérien de et vers l’Algérie, les pouvoirs publics ont exprimé la volonté d’aller vers l’ouverture du marché aux capitaux privés et étrangers. Néanmoins, ne voulant pas procéder dans la précipitation, ce projet est appréhendé avec prudence au niveau du gouvernement, accordant la priorité notamment à la préparation de la compagnie nationale à la concurrence. C’est pourquoi, même si qu’au début de l’année en cours, l’ancien ministre des Transports, Aïssa Bekkaï, a annoncé avoir accordé une quinzaine d’autorisations à des opérateurs privés pour l’exploitation de lignes aériennes et opérer dans le ciel algérien, ce projet n’est pas encore mis en exécution.
Dans ce volet, tel qu’il ressort de la Déclaration de politique générale du gouvernement adoptée en septembre dernier, il est prévu pour les mois à venir de mettre « en exploitation de l’ensemble des infrastructures aéroportuaires à la circulation aérienne avec le renforcement et un renouvellement de la flotte aérienne du pavillon national », ainsi qu’ « une augmentation progressive des programmes de vols d’Air Algérie et de Tassili Airlines ».
Près de 40% de parts de marché sur les lignes internationales
Pour ce qui est de la concurrence à laquelle Air Algérie est appelée à faire face, il y a lieu de noter que la part de marché de la compagnie nationale dans le transport de passagers sur le réseau international dépasse de peu les 60%, laissant ainsi près de 40% de parts à des compagnies étrangères déjà présentes et exploitant des lignes vers et depuis l’Algérie, comme Qatar Airways, Turkish Airlin, Egyptair, ASL, Transavia, Iberia ainsi que British Airways.
Comme souligné dans le seul rapport disponible du ministère de tutelle, au 4ème trimestre 2019, « la part de la compagnie Air Algérie sur le réseau international est de 62,49%, le reste du marché est pris en charge par les compagnies étrangères », alors qu’en nombre de passagers, le réseau international a enregistré plus de 1,9 million de passagers traités durant cette période de référence, contre un peu plus de 2 millions à la même période de 2018, soit une baisse de 5,15%, indique le même rapport émanant de la tutelle.
Pour ce qui est de la compagnie Air Algérie, le cap est à présent mis sur le renforcement de ses capacités et l’amélioration des services qu’elle fournit afin qu’elle consolide sa position et préserver ses parts de marché, en se préparant aux nouvelles règles de jeu dans la perspective d’ouverture sur la concurrence de compagnies privées et étrangères. En effet, tel que prévu donc par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, un nouveau plan de développement a été annoncé en octobre dernier par le ministre des Transports, Kamel Beldjoud, prévoyant notamment l’acquisition d’une quinzaine de nouveaux avions et l’affrètement de 7 autres appareils afin de renforcer la flotte d’Air Algérie et répondre à une demande de plus en plus en hausse.
Cependant, pour permettre à la compagnie nationale d’élargir son champ d’intervention et préserver ses parts de marché, il est procédé progressivement à l’ouverture de nouvelles lignes internationales, comme celles prévues vers Pékin ou New York et l’ouverture prochaine de pas moins d’une dizaine de nouvelles lignes vers des capitales et villes africaines, comme Addis-Abeba, Dakar ou Nouakchott, dans le sillage de la nouvelle politique économique misant sur le positionnement des entreprises algériennes dans le continent africain.
Dans le même registre, pour une meilleure modernisation de sa politique de gestion, le plan de développement de la compagnie publique prévoit également son orientation vers le système de filialisation, ce qui permettra le renforcement de l’infrastructure technique et aéroportuaire.
Concernant l’ouverture à l’investissement privé, outre l’exploitation de lignes aériennes, il est envisagé également dans le plan de développement d’Air Algérie l’ouverture de certains services, tandis que, pour permettre à la compagnie nationale de concentrer ses efforts sur son développement sur les lignes internationales et faire face à la concurrence, il est prévu de créer une nouvelle filiale qui sera chargée du « transport interne ».
M. N.