«Une allocation chômage sera accordée aux jeunes et certaines taxes sur des produits de large consommation seront suspendues», a annoncé, mardi soir, le président Abdelmadjid Tebboune. Une première dans notre pays qui est en proie à une sévère crise économique. D’un montant de 13000 DA, elle sera accordée à partir du mois de mars prochain. L’Algérie va «instituer une allocation chômage sous forme de présalaire afin de préserver la dignité des jeunes», a-t-il dit. L’allocation de 13.000 dinars sera accompagnée d’une couverture santé, a poursuivi le Président, en précisant que ces dépenses étaient prévues par la loi de finances 2022.
Par Réda Hadi
En faisant cette annonce, Abdelmadjid Tebboune s’est réjoui du fait que «l’Algérie soit le premier pays, après ceux de l’Europe, à avoir institué une telle allocation».
Le pays enregistre un taux de chômage de près de 15%. Cette allocation représente plus de la moitié du salaire national minimum garanti qui est de 20.000 dinars algériens. «La flambée des prix sur les marchés mondiaux a fait que les fonds destinés à l’achat de quantités données de céréales et de légumineuses, ne suffisent, aujourd’hui, qu’à en acquérir le tiers», a souligné Abdelmadjid Tebboune. La loi les finances 2022, entrée en vigueur dès le 1er janvier, prévoit effectivement « une allocation chômage au profit les chômeurs primo demandeurs d’emploi, inscrits auprès des services de l’agence nationale de l’emploi». Or, sa mise en œuvre reste tributaire de textes d’application.
A ce sujet, le directeur du Budget, au ministère des Finances, avait précisé à des confrères, qu’une commission interministérielle est en train d’étudier un décret pour la mise en œuvre de cette allocation. Et de souligner que l’allocation chômage sera répartie en trois régions : le Sud, les Hauts Plateaux et le Nord, précisant que l’allocation la plus importante sera allouée au profit des chômeurs des wilayas de Sud.
Mais, selon des spécialistes, ce chiffre ne concerne que les chômeurs inscrits au niveau de cette agence. Des milliers d’autres, selon eux, préfèrent recourir à d’autres moyens pour chercher un emploi. En tout, près de 200 000 jeunes diplômés des universités et autant d’autres formés dans des centres de formation professionnelle, arrivent annuellement, sur le marché du travail. Mais ils peinent à trouver des débouchés. Selon la dernière enquête de l’Office national des statistiques (ONS), réalisée en 2019, les jeunes (15-24 ans) sont les plus touchés par le chômage à hauteur de 29,7%.
La situation s’est aggravée depuis le début de la crise sanitaire qui a fortement impacté l’économie du pays réduisant gravement les opportunités d’emploi. Depuis 2019, l’ONS n’a rendu publique aucune enquête sur le chômage dans le pays.
Billel Aouali, économiste et consultant, appréciant cette mesure souligne que «qu’elle est salutaire en soi, mais reste restrictive. De plus, les jeunes qui vont vouloir en profiter, vont encore aggraver le taux de chômage auprès de l‘Anem. Par ailleurs, en obligeant les jeunes à s ‘inscrire auprès de l‘Anem, cela permettra aussi une plus grande prise en charge pour leur trouver un emploi et les faire sortir de la sphère de l‘informel. Reste à espérer que cette augmentation de demandeurs de l’allocation, a été prise en compte dans les calculs»
La mesure vient, ainsi, s’ajouter à d’autres de type social, dont des taxes de 5% sur certains produits de grande consommation seront suspendues dans la loi de finances complémentaire, a-t-il précisé. Par ailleurs, afin d’éviter l’augmentation du prix du pain, réclamé par les boulangers, les impôts de ces derniers seront calculés uniquement sur les bénéfices, alors qu’ils l’étaient sur le chiffre d’affaires global.
Les principales mesures du Président
Réduction de l’IRG : Augmentation des salaires de plus de 14%
Les salaires ont augmenté de 14 à 16% à la faveur de la réduction de l’Impôt sur le revenu global (IRG) appliquée dès début 2022, a affirmé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre des mesures décidées par l’Etat en vue d’augmenter le pouvoir d’achat du citoyen, à la faveur notamment de l’augmentation du salaire minimum à 20.000 DA et l’exonération des salaires inférieurs à 30.000 DA de l’IRG, a rappelé le chef de l’Etat. Ces mesures seront renforcées dans les prochains mois par l’augmentation du point indiciaire au profit des fonctionnaires, a ajouté le Président Tebboune.
Augmentation du pouvoir d’achat : Autorisation des producteurs de pâtes alimentaires à acquérir les céréales auprès de l’ (OAIC)
Autre mesure prise récemment pour améliorer le pouvoir d’achat du citoyen, le Président Tebboune a évoqué l’autorisation des producteurs de pâtes alimentaires à acquérir les céréales auprès de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) à des prix subventionnés, alors qu’ils étaient obligés de les importer de façon libre, d’où la réduction des prix des pâtes alimentaires de 50%. La mission d’importation des produits de base a été confiée aux entreprises étatiques qui procéderont à leur vente sur le marché national avec des prix abordables, a fait savoir le Président Tebboune, ajoutant que le trésor de l’Etat assumera la différence entre les deux prix (le prix réel et celui subventionné).
Rappelant la décision portant gel des taxes sur certains produits de large consommation, le président de la République a fait observer que la hausse des prix de certains produits alimentaires sur les marchés internationaux avait eu un impact sur le pouvoir d’achat du citoyen.