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Civilisation et histoire du Sahara algérien : Un fond culturel qui interroge l’Algérie d’aujourd’hui - ECOTIMES

Civilisation et histoire du Sahara algérien : Un fond culturel qui interroge l’Algérie d’aujourd’hui

Civilisation et histoire du Sahara algérien : Un fond culturel qui interroge l’Algérie d’aujourd’hui

Par Amar Naït Messaoud
(2ème partie et fin)

Une biodiversité insoupçonnée 

Henti Lhote écrit dans son ouvrage intitulé Le Hoggar, espace et temps : « Par ses diverses richesses en eau, en végétation, par son climat particulier, la montagne a toujours été un pôle d’attraction pour les populations. Au désert, où les basses plaines sont souvent envahies par le sable, où m’assèchement dispute à l’homme la moindre parcelle de vie, la montagne constitue un dernier refuge où l’existence est encore possible. Situé au cœur du Sahara, l’Ahaggar fait véritablement figure d’une île au milieu de l’océan et c’est pourquoi on y trouve aujourd’hui encore un petit groupement humain fort original qui, depuis plusieurs dizaines de siècles, a vécu là, en vase presque clos, séparé par d’autres groupes humains, éloigné d’eux par des bandes désertiques atteignant par endroits 600 à 700 km. Le pays a façonné les gens. Ceux-ci, dont l’activité principale était l’élevage se sont adaptés à la montagne, se sont efforcés d’en tirer le meilleur parti (…). 

Le pays de l’Ahaggar comprend le gros bloc montagneux qui se détache au centre des cartes, mais aussi ses abords étendus : au nord, jusqu’à la cuvette de Tidikelt et aux falaises du Tassili n’Ajjers, au sud jusqu’aux contreforts de l’Adrar des Iforas et de l’Aïr, toute cette région faisant pratiquement partie de la zone de nomadisation des Touaregs Kel Ahaggar». 

Après avoir donné une description minutieuse de l’hydrographie et du relief sahariens, Henri Lhote présente le milieu la faune et flore de ce milieu. Grâce à son altitude, l’Ahaggar possède une flore variée, qui peut être considérée comme riche si on la compare à celle des régions avoisinantes. 

C’est de cette végétation que dépend en réalité la vie des Touaregs. La flore comprend deux catégories de plantes : les plantes persistantes et les plantes temporaires. 

Ces dernières, désignées sous le nom de acheb, ne poussent guère qu’après la pluie pouvant durer parfois une dizaine d’années. Toutes les espèces sont parfaitement adaptées et résistent à des périodes sans pluies. 

Ce sont des plantes appelées xériques qui développent des systèmes spécifiques de résistance à la sécheresse (stockage de l’eau dans une partie particulière de la plante, réduction de la surface foliaire pour atténuer l’évapotranspiration,).

Lhote signale dans son livre : «qu’il tombe peu d’eau, 20 à 30 mm suffisent, et tout l’Ahaggar reverdit. La plus grande curiosité botanique du Sahara est un conifère de la famille des cyprès, le cupressus dupréziana. Il poussait autrefois en Ahaggar. On en voit un fût caché dans l’Oued Enherhi, vers 1100 m d’altitude, qui, d’après les Touaregs, serait mort depuis plus d’un siècle».

Lieu de mémoire et d’identité 

Lorsque le Sahara était humide, pendant le paléolithique et le néolithique, une série d’animaux, aujourd’hui inexistants, vivaient dans ces territoires : éléphant, buffle, girafe, poissons, hippopotame, rhinocéros, antilope, crocodile, tortue… Sait-on que lors des guerres puniques, Hannibal s’était servi des éléphants du Sahara pour décimer les légions romaines ?

Nous avons été éblouis par un spectacle inouï dans une région plus septentrionale que le massif du Tassili. Il s’agit de Bordj Omar Driss (ex-Fort Flatters), dans la wilaya d’Illizi, où des ouvriers crépissent les murs extérieurs des bâtisses avec un matériaux original : un sable truffé de petits coquillages marins à hauteur d’au moins 40%. 

On obtient un embellissement naturel des façades avec aspect rugueux, multicolore et, avouons-le, excentrique. Ce sont des centaines de millions de pièces de ce genre qui se sont mélangés aux sables de la région dans un temps où l’homme n’avait sans doute pas encore investi les lieux. 

Outre les recherches en paléontologie qui ont démontré l’existence de cette curieuse faune, la meilleure preuve se trouve sans doute dans ces fresques murales que les ancêtres des Algériens d’aujourd’hui ont gravé sur les rocs du Sahara. 

C’est un florilège de tableaux rupestres qui parle de lui-même, qui témoigne des temps passés, immémoriaux, préhistoriques et protohistoriques. 

Les peintures reproduisent des animaux qui existaient à ces époques reculées, mais qui ont disparu de cette partie de l’Afrique du Nord hormis certaines espèces en nombre de sujets fort limité. Il en est ainsi de certaines espèces de gazelles (g.dorcas neglecta, g. dorcas loptoceros, g. dama), de l’addax (a.nosomaculatus), de l’aryx, du mouflon et du daman. 

Les oiseaux rencontrés sont principalement l’autour, le busard, le faucon, l’épervier, la crécerelle, le percnoptère, le corbeau, le pigeon, la tourterelle. Lhote souligne encore la présence de quelques batraciens, reptiles (couleuvres et vipères), des insectes et même des poissons et des mollusques dans les mares et les petits lacs parsemant l’espace du Hoggar-Tassili. 

La préhistorienne et ancienne directrice du Parc du Tassili, Mme Malika Hachid, considère, dans un entretien à Jeune-Afrique (août 1999), que «l’art rupestre du Sahara se trouve à l’origine des religions et mythes aussi fondamentaux pour la Méditerranée que pour l’Afrique (…) Si le peuple algérien et maghrébin connaissait davantage son patrimoine, il aurait moins de problèmes d’identité. Il me paraît urgent d’apporter aux Algériens certaines vérités historiques : ils appartiennent à un continent qui a puissamment contribué à la civilisation de l’humanité. Ils doivent s’identifier à leur patrimoine et à la mémoire de leur pays. Il me paraît urgent que nos décideurs revendiquent le Tassili et sa civilisation, de même que les Irakiens revendiquent Sumer, les Tunisiens Carthage, les Égyptiens les pyramides, et les Européens l’héritage gréco-romain». 

A.N.M.

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