Les réformes dans le secteur industriel se poursuivent. Un programme global de développement est en cours de déploiement par le ministère de l’Industrie, visant à porter la part du secteur à 13 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2027, conformément à la feuille de route tracée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Par Akrem R.
Le cap est donc fixé et toutes les synergies doivent s’orienter vers cet objectif ambitieux. Pour le ministre Yahia Bachir, «la concrétisation de cet objectif, à porter la contribution de l’industrie dans le PIB à 13 %, ne relève pas de l’impossible, si nous joignons nos efforts».
S’exprimant devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), présidée par M. Mohamed Benhachem, et en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Mme Nadjiba Djilali, M. Bachir a assuré que le travail «se poursuit selon une vision intégrée qui nous permet de hisser notre pays à la place qui lui sied dans le concert des nations».
C’est dans ce cadre que s’inscrit d’ailleurs le programme global déployé par le ministère pour que «l’industrie redevienne la locomotive du développement national», dans une démarche intégrée permettant à l’Algérie de «retrouver sa juste place dans le concert des nations industrielles».
En effet, la démarche du ministère s’articule sur six axes principaux, à savoir le développement du tissu industriel, le renforcement de la compétitivité, la promotion de l’intégration industrielle et de la sous-traitance, le foncier industriel et la modernisation des PME.
Moderniser la base industrielle et stimuler l’innovation
Concernant le premier axe, à savoir la modernisation du tissu productif et le renforcement de la compétitivité des entreprises industrielles, le ministre a précisé que son département œuvre, dans le cadre d’une vision globale, à renforcer la compétitivité des entreprises industrielles et des laboratoires nationaux, à travers le développement des activités de normalisation, d’accréditation et d’évaluation de la conformité, conformément aux normes internationales.
À cet effet, il a indiqué que le travail est en cours pour mettre en place les fiches techniques des produits et opérations industrielles, en coordination avec les secteurs concernés, ajoute le ministre, précisant que cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle approche visant à construire une industrie nationale durable, reposant sur la qualité, l’innovation et le partenariat.
M. Bachir a, en outre, affirmé que son département ministériel s’employait à améliorer le cadre législatif et réglementaire qui régit l’innovation et la propriété industrielle, avec la promotion du système national de transformation technologique.
À ce propos, il a rappelé que le ministère tend à définir les activités industrielles à haut potentiel d’innovation et à soutenir les start-up dans les domaines de la technologie et de l’industrie high-tech, à travers des programmes incitatifs, en encourageant la coopération avec les universités et les centres de recherche.
Sous-traitance, intégration et valorisation du savoir-faire national
Le ministre a insisté sur la nécessité de renforcer l’intégration industrielle nationale et de stimuler la sous-traitance locale. «Le développement de la sous-traitance et de l’intégration industrielle représente une priorité fondamentale», a-t-il affirmé, annonçant la mise en œuvre de plans d’action dédiés et l’élaboration d’une feuille de route nationale pour structurer les activités de sous-traitance et favoriser l’échange d’informations entre les différents acteurs.
Des démarches ont déjà été entreprises pour le développement de cette filière nécessaire au renouveau industriel en Algérie. L’État table sur la sous-traitance, notamment dans l’industrie automobile, pour la création de richesse, de valeur ajoutée et surtout d’emplois.
Des cahiers des charges bien définis ont été élaborés par le gouvernement pour encadrer les différentes filières industrielles (automobile, électroménager, électronique et autres), exigeant des taux appréciables d’intégration du contenu local.
Foncier industriel : vers une meilleure gestion et disponibilité
S’agissant du foncier industriel, M. Bachir a rappelé que les efforts se poursuivaient pour accroître la disponibilité des assiettes foncières et développer les zones d’activités et industrielles.
Les opérations d’aménagement et de raccordement aux réseaux sont en cours de parachèvement, en parallèle avec l’amélioration des mécanismes de gestion et la constitution d’une base de données nationale actualisée sur le foncier industriel. «Il s’agit de créer des espaces mieux exploités, connectés et adaptés aux besoins des investisseurs», a t-il précisé.
Le ministre avait déclaré jeudi dernier que les autorités publiques œuvrent, par le biais de l’Agence nationale du foncier industriel (ANFI), à améliorer l’exploitation des zones industrielles et des zones d’activité à travers le pays, ajoutant que le travail est en cours pour assurer tous les moyens permettant de parvenir à une gestion optimale de ces espaces de production à partir de l’année prochaine.
«L’ANFI prendra en charge prochainement l’aménagement et la gestion des zones industrielles et le règlement des problématiques empêchant leur entrée en production», a-t-il souligné.
Une part importante du budget consacrée à l’investissement
S’agissant du nouveau PLF, le ministre a fait observer que la majeure partie du budget du secteur de l’Industrie pour l’exercice 2026 sera consacrée au parachèvement des projets en cours, précisant que plus de 88 % des allocations sont destinées à l’investissement.
En effet, les crédits alloués au ministère de l’Industrie pour l’année 2026 s’élèvent à 32 863 090 000 DA en autorisations d’engagement et 47 105 020 000 DA en crédits de paiement.
Le ministre a précisé que ces ressources seront mobilisées pour atteindre un ensemble d’objectifs stratégiques visant à renforcer la compétitivité de l’économie nationale et à développer le tissu industriel. Parmi les projets à réaliser, Yahia Bachir a cité «la Maison de la qualité», qui sera financée, en partie, par l’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI).
Pour ce qui est des réformes fiscales liées au secteur, le ministre a précisé que les dispositions proposées visent à encourager les activités économiques à dimension sociale et de développement.
À travers cette stratégie, le ministère de l’Industrie veut inscrire l’économie nationale dans une trajectoire de diversification durable et d’autonomie technologique.
Par ailleurs, le président de la Commission des finances et du budget, M. Mohamed Ben Hachem, a insisté sur l’importance de réviser le modèle industriel national face aux défis économiques internes et aux fluctuations internationales, appelant à orienter les ressources financières vers les secteurs productifs à forte valeur ajoutée.
Il a précisé que le budget alloué au secteur de l’industrie pour 2026 représente un message politique et économique illustrant la volonté de l’État de bâtir une base industrielle forte, intégrée et durable, soulignant l’engagement du pouvoir législatif à suivre l’exécution de ce budget et à évaluer ses résultats afin de renforcer les aspirations des citoyens et la position de l’industrie nationale tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Les membres de la commission ont soulevé, de leur côté, un ensemble de préoccupations concernant notamment l’encouragement du partenariat public-privé pour relancer les usines à l’arrêt et exploiter les infrastructures abandonnées ; la réouverture des unités de production nationales à l’arrêt ; l’accélération de l’aménagement des zones d’activités industrielles à travers le pays ; la numérisation de l’administration industrielle et le développement de systèmes d’information statistique précis pour soutenir la prise de décision et simplifier les procédures de financement et d’accompagnement.
A. R.







