La relance des pourparlers en vue de l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du Commerce est impérative, selon le Care. Ce dossier est gelé et inactif depuis 2010, rappelle-t-on. Il est ainsi, inscrit dans le programme présidentiel parmi les 54 engagements du Président Abdelmadjid Tebboune.
Par Akrem R.
Toutefois, aucune initiative n’a été prise jusqu’à présent pour faire sortir ce dossier de l’oubli et reprendre le processus d’adhésion remontant à 1987.
Dans une récente publication, le groupe Think-tank, Cercle algérien de réflexion autour de l’entreprise (CARE) intitulée : « OMC : Pourquoi l’Algérie doit relancer rapidement ses négociations ?», a estimé que l’absence de notre pays de cette enceinte multilatérale nuit gravement à ses intérêts économiques et à son image, à l’échelle internationale.
Pour une Algérie qui entend résolument réformer son économie et diversifier ses exportations, «il n’y a pas de doute que c’est l’entrée à l’OMC qui donnera le signal décisif de l’abandon progressif mais sans retour, du système de la rente pétrolière qui a dominé l’économie nationale au cours des cinquante dernières années».
En effet, une entrée à l’OMC permettra de surmonter, une fois pour toute, cet obstacle lancinant du climat des affaires et de l’investissement qui agite le débat économique interne depuis une trentaine d’années. En tout état de cause, estime les experts du Care, c’est la voie incontournable pour permettre à notre pays d’exploiter pleinement son immense potentiel d’attraction des IDE.
Une des raisons qui explique la réticence des autorités algériennes à faire aboutir le processus de l’accession à l’OMC est, sans nul doute, celle de la préoccupation liée à la protection du marché interne et à la concurrence des produits importés.
Cette préoccupation est tout à fait légitime et compréhensible, elle est assumée par tous les pays du monde, y compris ceux déjà membres de l’OMC. La réponse à cette question est toute simple : «Il y a d’autres voies pour réguler l’importation et protéger son économie que les restrictions administratives», estime le Think tank.
Réformes
Dans le cas de notre pays, détaille la même source, cela passe par une gestion plus active du taux de change, par des subventions à réorienter vers la production et non plus vers la consommation de produits importés, par un système financier et bancaire qui appuie la production et l’investissement, par un régime de concurrence effectif qui stimule les entreprises innovantes et performantes et qui combat les monopoles de droit ou de fait, etc.
Autant de réformes importantes programmées «mais non mises en œuvre entre 2000 et 2020 et que les autorités publiques semblent maintenant décidées, en dépit d’une conjoncture économique très difficile, à prendre à bras le corps».
Il est à noter que depuis sa création en 1995, l’OMC s’est imposée comme une institution réellement universelle qu’il est difficile d’ignorer. Les 164 pays qui l’ont rejointe ont réalisé en 2021 plus de 98% du volume des échanges mondiaux ; ce sont donc, bel et bien, les règles de cette organisation multilatérale qui régissent aujourd’hui le commerce entre nations. L’Algérie elle-même réalise depuis longtemps la quasi-totalité (taux de 99,7% en 2021), de ses échanges commerciaux avec des pays membres de l’OMC.
En restant en dehors d’une organisation aussi importante, «l’Algérie s’exclut d’elle-même de toute possibilité d’y exercer une influence et d’y défendre ses propres intérêts. Pour un pays qui a toujours été une voix attendue et écoutée et qui a su, dans un passé pas si lointain, porter haut et fort la défense des intérêts économiques du monde en développement, cette position est incompréhensible. Elle l’est d’autant plus pour une Algérie qui a toujours prôné le principe du multilatéralisme comme la voie privilégiée pour la gestion des affaires du monde», lit-on dans le plaidoyer de Care.
Le groupe Think-tank a fait savoir que la totalité des pays d’Amérique latine a rejoint les rangs de l’organisation depuis longtemps déjà. Les quelques pays d’Asie non encore membres se trouvent être en butte à des problèmes de gouvernance. C’est pourquoi notre pays gagnerait à renouer à bref délai le dialogue avec l’instance OMC et ses pays membres, relancer son processus de négociation et travailler à la recherche sérieuse d’un compromis lui permettant d’accéder au statut de membre à part entière, s’interroge-t-il.
A.R.