La création d’emploi est au centre des préoccupations du gouvernement. Outre la relance de l’investissement dans divers secteurs, un grand travail reste du moins à consentir en matière d’accompagnement des jeunes dans le monde du travail.
Par Akrem R.
En effet, la modernisation de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM) devient plus que nécessaire afin d’accompagner les mutations qui s’opèrent dans le monde du travail. D’ailleurs, c’est la recommandation principale du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Abdelhak Saihi, lors d’une réunion d’évaluation consacrée aux activités de l’Agence de l’emploi (ANEM), dans le cadre de ses rencontres périodiques visant à suivre la mise en œuvre de la feuille de route sectorielle.
Après la présentation par le directeur général de l’ANEM du bilan des activités de l’Agence pour l’année 2025, notamment les volets de la transformation numérique en cours, dont l’intégration de l’intelligence artificielle dans les services de l’agence pour renforcer l’efficacité de l’intermédiation et accélérer le traitement des demandes d’emploi, le ministre a donné «des instructions strictes pour redoubler d’efforts et accompagner la dynamique économique que connaît le pays».
Il a appelé à accélérer le traitement des dossiers des demandeurs d’emploi, à élaborer un plan d’action à court et moyen terme visant à améliorer la performance de l’ANEM, à renforcer la coordination effective avec les secteurs économiques pourvoyeurs d’emplois en vue d’offrir des opportunités adaptées aux compétences nationales, et à accompagner les bénéficiaires de l’allocation chômage afin de faciliter leur insertion dans le marché du travail à travers des emplois correspondant à leurs aptitudes et qualifications.
En dépit de l’adoption de nouvelles approches par l’ANEM, beaucoup de jeunes ne trouvent pas encore d’emploi et sont toujours au chômage. D’ailleurs, le nombre de bénéficiaires de l’allocation chômage ne cesse d’augmenter, dépassant les 2 millions. Cela résume le grand travail qui attend l’ANEM pour accompagner ces jeunes à s’insérer dans des emplois durables.
420 milliards de DA pour l’allocation chômage en 2026
Dans le projet de loi de finances (PLF 2026), le gouvernement a mobilisé un budget important de 420 milliards de DA pour le paiement de l’allocation chômage, instaurée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, depuis 2022, qui touchera 2 184 560 bénéficiaires.
C’est donc un véritable casse-tête pour le ministère du Travail et de l’Emploi, en particulier l’ANEM, pour le placement de ce nombre important de jeunes dans le monde du travail.
Selon les cadres de cette agence, le problème principal réside dans l’existence d’un fossé entre les diplômes universitaires et les exigences du marché.
Une inadéquation qui complique la mission de l’Agence dans le placement de ces jeunes. Un ambitieux programme a été mis en place par le ministère pour l’orientation d’un bon nombre de diplômés vers de nouvelles formations, selon les besoins du marché.
En 2024, à titre d’exemple, 320 000 personnes sur les deux millions de bénéficiaires du dispositif de l’allocation chômage avaient été orientées vers le monde du travail et 117 000 bénéficiaires ont été formés selon les besoins du marché.
Ce mécanisme de l’ANEM a montré son efficacité, appelé à être généralisé pour résoudre le problème d’employabilité des jeunes diplômés, notamment ceux des filières des sciences humaines.
Un vaste programme de réforme est engagé par l’État, notamment dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la formation et de l’enseignement professionnels, et ce, dans le but d’adapter la formation aux besoins du marché du travail. De nombreuses nouvelles filières ont désormais été ouvertes dans nos universités, facilitant ainsi l’insertion des futurs diplômés dans le marché du travail.
La modernisation des services, une nécessité
Outre le problème de l’adaptation des diplômes avec les besoins du marché du travail, l’Agence est également appelée à moderniser davantage ses services, tout en généralisant la numérisation. En dépit des avancées enregistrées dans le domaine, où de nombreuses applications sont mises en service par l’ANEM, cette dernière est pointée du doigt par certains jeunes quant à la manière avec laquelle les offres d’emploi sont octroyées.
À cet effet, la mise en place d’un nouveau mécanisme plus transparent dans l’orientation des jeunes est plus que nécessaire. L’intégration de l’intelligence artificielle apporterait plus de transparence et d’efficacité dans le placement des jeunes.
Dans ce cadre, il est à noter qu’en dépit des efforts colossaux déployés par l’État pour dynamiser le marché du travail, beaucoup d’universitaires sont toujours au chômage et n’arrivent toujours pas à décrocher un emploi décent. Le pire dans tout cela, c’est qu’une catégorie de ces jeunes ne bénéficie pas de l’allocation chômage.
À cet effet, certains experts recommandent une révision profonde de l’Agence, tout en renforçant son rôle dans le marché du travail et en permettant le placement dans les wilayas qui connaissent des déficits dans certaines spécialités.
Ainsi, il faudrait obliger que tous les nouveaux recrutements effectués, notamment par les entreprises privées, passent par l’Agence pour un meilleur contrôle. Annuellement, des centaines de placements s’effectuent sans toutefois passer par l’Agence.
Le ministre du Travail a en outre appelé à « intensifier la coordination entre les différents secteurs, rompre avec les modes de gestion traditionnels, approfondir la numérisation et améliorer la réponse aux attentes des citoyens, par le développement de services interactifs et intelligents permettant d’accroître l’efficacité de la performance, tout en renforçant le principe d’humanisation des rapports avec le citoyen, traduisant ainsi l’engagement de l’État algérien à servir tous les citoyens sans exception, dans le cadre de sa dimension sociale».
À l’issue de la rencontre, le ministre a exhorté les cadres du secteur à « adopter une nouvelle vision de gestion fondée sur la lutte contre les pratiques négatives et l’ouverture à des initiatives permettant aux jeunes de valoriser leurs compétences et de concrétiser leurs aspirations dans un environnement de travail motivant, plaçant le citoyen au centre des priorités ».
En somme, la gestion du marché du travail n’est pas une mince mission. Elle nécessite à la fois la modernisation des mécanismes d’accompagnement de l’ANEM et l’implication de tous les autres acteurs (universités, centres de formation et entreprises), et surtout la dynamisation et la diversification de l’économie nationale.
Cette dernière est considérée comme une condition sine qua non pour booster le marché du travail, à travers la création de milliers d’emplois.
Dans son programme présidentiel, le président Tebboune s’est engagé à la création de 450 000 emplois directs, de 20 000 startups, à la réalisation de 20 000 projets d’investissements d’ici 2029, dont actuellement plus de 17 335 projets sont enregistrés à l’AAPI, et 500 000 jeunes autoentrepreneurs. Avec ces engagements, l’avenir s’annonce prometteur pour le marché de l’emploi, permettant de réduire le taux de chômage, notamment chez les universitaires.
A. R.
