Warning: mysqli_query(): (HY000/1194): Table 'wp_options' is marked as crashed and should be repaired in /home/ecotimesdz/public_html/wp-includes/class-wpdb.php on line 2351
Mine de Gara Djebilet : L’Algérie passe à la vitesse supérieure

Exploitation de la mine de Gara Djebilet : L’Algérie passe à la vitesse supérieure

Exploitation de la mine de Gara Djebilet : L’Algérie passe à la vitesse supérieure

L’Algérie veut passer à la vitesse supérieure dans l’exploitation de la mine de Gara Djebilet, riche en fer. Des avancées considérables ont déjà été franchies dans la concrétisation de cet immense projet structurant, en lançant des projets adjacents tels que le chemin de fer reliant Tindouf à Oran, la réalisation d’unités de transformation du phosphate et le raccordement du projet à l’énergie, dont une station photovoltaïque de 200 mégawatts est en cours de réalisation. Cependant, un grand travail reste encore à faire en matière de traitement du fer qui a une teneur élevée en phosphore.

Par Akrem R.

En effet, l’exploitation technico-commerciale de ce gisement, dont les réserves sont estimées à 7 milliards de tonnes, dépendra de la réduction de la teneur en phosphore, qui limite aujourd’hui son utilisation directe dans l’industrie sidérurgique. 

Ce défi majeur incombe au groupe public Sonarem, qui a engagé des discussions avec la partie chinoise afin d’identifier des solutions efficaces et peu coûteuses, tout en préservant la compétitivité du minerai sur les marchés internationaux.

Un partenariat algéro-chinois en marche

Jeudi dernier, le président-directeur général du Groupe Sonarem, Belkacem Soltani, a reçu à Alger une délégation de la société chinoise China Metallurgical Group Corporation « MCC International », conduite par son directeur général, Jia Ningchuan, afin d’examiner les solutions techniques permettant de réduire le taux élevé de phosphore contenu dans le minerai de fer du gisement. 

La rencontre, tenue en présence du directeur général de la Société nationale du fer et de l’acier (FERAAL Spa), Redha Belhadj, et de plusieurs cadres du groupe, a porté sur la mise en place de mécanismes de coopération concrets entre Sonarem, via sa filiale FERAAL, et le géant chinois MCC.

D’entrée, le responsable chinois a rappelé le poids de MCC, l’un des plus importants conglomérats publics de Chine, spécialisé dans la construction, l’ingénierie minière et la sidérurgie. L’entreprise revendique une expertise couvrant la prospection, la conception, l’exploitation de mines, la transformation des minerais ainsi que les services de conseil technique.

Déjà présente en Algérie à travers divers projets à Oran, Tiaret et Constantine, MCC a exprimé son intérêt marqué pour le gisement de Gara Djebilet et soumis des propositions concrètes pour accélérer la concrétisation du projet.

Pour sa part, M. Soltani a mis en avant la stratégie nationale qui accorde une priorité absolue au projet de Gara Djebilet, compte tenu de son rôle déterminant dans la réduction de la dépendance aux importations de matières premières minières. 

Il a souligné que le principal défi reste la réduction du taux de phosphore dans le minerai de fer, une condition essentielle pour valoriser localement cette ressource et répondre aux besoins des aciéries nationales.

Le PDG de Sonarem a insisté sur l’adoption de méthodes modernes comme le «CISP» et le «HIMLT», technologies permettant de produire un fer semi-fini adapté à la sidérurgie. Il a également proposé d’«accélérer les essais techniques sur place», grâce à la création de groupes de travail conjoints algéro-chinois, afin d’économiser du temps et de réduire les coûts logistiques liés au transport du minerai jusqu’à Oran, puis vers la Chine. Ces essais devraient précéder la mise en service de la ligne ferroviaire minière prévue pour début 2026.

Dans son plan d’action, rappelle-t-on, le gouvernement ambitionne de renoncer à l’importation du fer incessamment, notamment avec l’augmentation de la production de Gara Djebilet à 12 millions de tonnes de fer/an à partir de 2025. 

Une production qui permettra de couvrir toute l’activité de transformation du fer en Algérie. Selon les chiffres du ministère de l’Énergie et des Mines, le Trésor public peut économiser près de 2 milliards de dollars/an, une fois l’importation de ce métal totalement arrêtée, avec possibilité «de s’orienter vers l’exportation».

Un potentiel minier colossal

Le PDG de Sonarem a rappelé que l’Algérie dispose de ressources minérales parmi les plus importantes de la région. Le gisement de Gara Djebilet, associé à celui de Mechri Abdelaziz, recèle des réserves géologiques estimées à plus de 7 milliards de tonnes, tandis que les gisements de Ouenza et Boukhadra comptabilisent près de 160 millions de tonnes.

«Nos mines, notamment celles de Gara Djebilet et de Mecheri Abdelaziz, recèlent des réserves géologiques dépassant les 7 milliards de tonnes, auxquelles s’ajoutent celles de Ouenza et Boukhadra estimées à 160 millions de tonnes», a souligné M. Soltani. Ces atouts placent l’Algérie en position de devenir un acteur incontournable de l’industrie minière et sidérurgique régionale.

Et d’ajouter : «Ces richesses permettent à l’Algérie non seulement de couvrir les besoins du marché intérieur, mais également de se positionner comme futur exportateur sur le marché mondial», a affirmé M. Soltani, rappelant au passage que ce projet bénéficie d’une attention particulière des hautes autorités du pays, car il répond à un objectif stratégique : «réduire la dépendance aux importations de matières premières minières et développer une filière sidérurgique intégrée en Algérie».

En clair, le projet s’inscrit ainsi dans une logique de valorisation locale des richesses minières, permettant de couvrir les besoins nationaux en acier tout en préparant la voie vers l’exportation.

La délégation chinoise, présente à cette rencontre, a confirmé, pour sa part, sa volonté d’avancer rapidement, en proposant l’élaboration d’une feuille de route débutant par des essais préliminaires, et à promouvoir le développement du secteur minier localement. 

Les deux parties ont ainsi convenu de la création d’un groupe de travail technique conjoint, chargé de lancer les premières expérimentations et de préparer les études nécessaires.

Des solutions technologiques à l’étude

En effet, la réussite du projet de Gara Djebilet devrait assurer l’approvisionnement durable des aciéries algériennes, réduire la facture des importations, dynamiser le secteur minier et renforcer l’économie nationale. 

En renforçant le partenariat avec la société chinoise MCC, l’Algérie réaffirme son ambition de transformer ses atouts miniers en «leviers stratégiques» de développement industriel et d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.

Outre le partenariat étranger, le groupe Sonarem fait appel à l’expertise algérienne. Une réunion de travail a été également tenue jeudi dernier entre Belkacem Soltani, PDG du groupe, et le chercheur algéro-canadien, en l’occurrence Pr Karim Zaghib, pour renforcer la coopération et trouver une solution pour la réduction de la teneur élevée en phosphore du minerai de fer à 0,02 % afin de rendre le minerai exploitable sur le plan industriel, commercialisable et valorisable.

Lors de cette rencontre, le professeur Zaghib a exprimé son vif intérêt à contribuer à la promotion et à la réussite de ce projet, rappelant que son champ académique et ses recherches scientifiques portent précisément sur ce domaine.

Il a présenté, à cette occasion, ses dernières publications scientifiques réalisées en collaboration avec une équipe internationale de chercheurs et parues il y a à peine deux semaines. 

Ces travaux proposent des solutions innovantes pour réduire la teneur en phosphore dans le minerai de fer, en mettant l’accent sur des méthodes durables pour le traitement des minerais et l’épuration du fer extrait des mines.

Il a également évoqué la possibilité de conclure un accord de coopération entre Sonarem et le Centre de recherche minérale de l’Université du Québec (Canada) afin d’étudier les meilleures solutions pour relever ce défi technique. 

En conclusion, les deux parties ont convenu d’élaborer une feuille de route, comprenant notamment la tenue d’une prochaine rencontre pour approfondir les échanges, ainsi que la mise en place d’une équipe de travail conjointe regroupant des experts de Sonarem et ceux du professeur Zaghib, afin d’étudier de manière approfondie cette problématique et ’identifier les solutions les plus efficaces et réalistes.

En accélérant la transformation locale du minerai de Gara Djebilet, l’Algérie entend non seulement sécuriser l’approvisionnement des usines sidérurgiques nationales, mais aussi renforcer son indépendance économique et réduire sa facture d’importations. 

Ce projet, qualifié de stratégique, devrait contribuer à booster le secteur minier et à ancrer l’Algérie dans une logique de développement industriel durable, où la valorisation interne des richesses naturelles devient le moteur de la croissance.

Il est à noter que le professeur Zaghib avait déjà engagé un partenariat avec Sonarem pour le développement de la filière lithium, en vue de créer des usines de production de batteries. 

Cette nouvelle coopération dans la filière fer vient ainsi compléter et renforcer la stratégie nationale, le minerai de fer et le phosphate constituant, aux côtés du lithium, des éléments essentiels dans la fabrication des batteries lithium-phosphate-fer (LFP) qui devraient être produites prochainement en Algérie.

A.R.

Quitter la version mobile