Algérie-Espagne : Vers une sortie de la crise diplomatique ?

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Après plus d’un an de tensions et de sanctions, l’Algérie et l’Espagne semblent amorcer un rapprochement. Selon la presse espagnole, Alger aurait demandé l’agrément d’un nouvel ambassadeur à Madrid, signe d’une volonté de normaliser les relations bilatérales.

Par Adam M.

La crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne, qui dure depuis mars 2022, pourrait bientôt connaître son épilogue, à croire ce qui se dit dans la presse étrangère et particulièrement espagnole en ce moment.

C’est du moins ce que laisse entendre la presse espagnole, qui rapporte qu’Alger aurait envoyé une demande d’agrément pour nommer un nouvel ambassadeur à Madrid, après dix-neuf mois de vacance du poste.

Le site d’information El Confidencial a même révélé le nom du diplomate pressenti pour occuper cette fonction: il s’agirait d’Abdelfattah Daghmoum, actuel directeur général des affaires politiques et sécuritaires au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

Rien d’«officiel», côté Algérien…

Cette information, qui n’a pas encore été confirmée officiellement par les autorités algériennes, constituerait un pas important vers la reprise du dialogue et la résolution des différends qui ont émaillé les relations entre les deux pays voisins.

La crise a éclaté en mars 2022, lorsque l’Algérie a rappelé en urgence son ambassadeur à Madrid, Saïd Moussi, en réaction à la position de l’Espagne sur le dossier du Sahara occidental.

Le gouvernement espagnol, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, avait en effet apporté son soutien au plan marocain d’autonomie pour le territoire sahraoui, le qualifiant de «plus sérieux, crédible et réaliste», dans le but de ménager son partenaire marocain avec lequel il était entré en conflit diplomatique.

L’Algérie, qui soutient la cause sahraouie et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux décisions du Conseil de sécurité de l’ONU et aux résolutions pertinentes, avait dénoncé l’attitude de l’Espagne, l’accusant de contribuer à la détérioration de la situation au Sahara occidental et dans la région. L’Algérie considère la question sahraouie comme une question de décolonisation et une violation flagrante du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. 

Conséquences sur les échanges entre les deux pays

En signe de protestation, Alger a suspendu en juin 2022 le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé en 2002 avec Madrid. Lequel visait à renforcer les liens politiques, économiques et culturels entre les deux pays. La suspension dudit traité a eu des conséquences néfastes sur les échanges commerciaux et financiers entre les deux pays, qui étaient jusque-là des partenaires stratégiques dans la région méditerranéenne.

Par conséquent, les exportations espagnoles vers l’Algérie ont chuté de 93,6% au premier trimestre 2023 par rapport à la même période de l’année précédente.

Des centaines d’entreprises espagnoles et algériennes ont été affectées par la suspension du commerce, notamment dans les secteurs de l’automobile, de la construction, de l’agroalimentaire et des services.

Le secteur énergétique a également été touché, avec une réduction des flux et une augmentation des prix du gaz algérien, qui représente environ la moitié des importations espagnoles de gaz naturel.

Face à cette situation, le gouvernement espagnol a multiplié les gestes de bonne volonté envers l’Algérie, en espérant un retour à la normale des relations.

Ainsi, et dans une tentative de renouer le contact et dépasser la crise, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait en septembre 2021, lors d’une rencontre avec son homologue algérien de cette période, Ramtane Lamamra, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, exprimé la volonté de son pays de reprendre le dialogue et de résoudre les différends par la voie diplomatique. 

Est-il temps de tourner la page ?

En avril 2022, l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Amar Belani, a indiqué dans une déclaration à l’APS, que le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid «sera tranché souverainement par les autorités algériennes dans le cadre de clarifications préalables et franches pour rétablir la confiance et la sérénité dans les relations bilatérales».

Il a également affirmé que l’Algérie était disposée à «travailler avec l’Espagne dans un esprit de respect mutuel et de coopération constructive, pour le bien des deux peuples et de la région».

Ces déclarations laissent entrevoir une lueur d’espoir pour une sortie de crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne, qui partagent des intérêts communs et des défis communs, notamment en matière de sécurité, de migration, de développement et de lutte contre le terrorisme.

Les deux pays ont également une longue histoire de relations culturelles, humaines et amicales, qui ne devraient pas être affectées par des divergences ponctuelles, estiment ceux qui plaident pour une meilleure entente entre les deux parties.

Ainsi, la nomination d’un nouvel ambassadeur d’Algérie à Madrid serait donc un signal fort de la volonté des deux parties de tourner la page et de renouer les liens de partenariat et de coopération.

A. M.

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