Par Abderrahmane MEBTOUL
3.-L’Algérie acteur stratégique de l’approvisionnement en énergie de l’Europe
Les réserves algériennes sont d’environ 2500 milliards de mètres cubes gazeux et 10 milliards de barils de pétrole (source : Conseil des ministres 2019). Sans compter la part du GNL représentant 33% des exportations, pour les canalisations, part 67%, nous avons le Transmed via l’Italie, la plus grande canalisation d’une capacité de 33,5 milliards de mètres cubes gazeux via la Tunisie, avec en 2021 une exportation d’environ de 22 milliards de mètres cubes gazeux, existant une possibilité, au maximum, il ne faut pas être utopique ayant assisté à un désinvestissement dans le secteur, donc sous réserve de l’accroissement de la production interne d’un supplément à court terme, au maximum de 3⁄4 milliards de mètres cubes gazeux, de 10 à 11 à moyen terme. Nous avons le Medgaz, directement vers l’Espagne à partir de Beni Saf au départ, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux qui, après extension depuis février 2022 la capacité ayant été portée à 10 milliards de mètres cubes gazeux et le GME via le Maroc dont l’Algérie a décidé d’abandonner, le contrat s’étant achevé le 31 octobre 2022, d’une capacité de 13,5 de milliards de mètres cubes gazeux. Mais, il faut être réaliste, Sonatrach est confrontée à plusieurs contraintes, notamment, la forte consommation intérieure, en 2021 presque l’équivalent des exportations, qui risque à l’horizon 2025/2030 de dépasser les exportations actuelles, dossier lié à la politique des subventions sans ciblage, dossier sensible qui demande un système d’informations en temps réel et la maîtrise de la sphère informelle qui contrôle, selon les propos du président de la République, entre 6000/10.000 milliards de dinars, soit, entre 33 et 47% du PIB. Sous réserve de sept conditions, l’Algérie horizon 2025/2027, pourrait doubler les capacités d’exportations de gaz à environ 80 milliards de mètres cubes gazeux avec une part entre 20/25% de l’approvisionnement de l’Europe. La première condition concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique et une nouvelle politique des prix renvoyant au dossier de subventions. La deuxième condition est relative à l’investissement à l’amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d’autres contrées du monde, mais pouvant découvrir des gisements non rentables financièrement ; un des Conseils des ministres récents, a annoncé 40 milliards de dollars d’investissements sur les 5 prochaines années, dont 8 pour 2022; et le partenariat avec l’étranger étant lié aux décrets d’application de la nouvelle loi des hydrocarbures, notamment, son volet fiscal. La troisième condition, est liée au développement des énergies renouvelables (actuellement dérisoire : moins de 1% de la consommation globale) devant combiner le thermique et le photovoltaïque, le coût de production mondial ayant diminué de plus de 50%, et il le sera plus à l’avenir où, avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire La quatrième condition, selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013/2020, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante. La cinquième condition, est le développement du pétrole/gaz de schiste, selon les études américaines, l’Algérie possédant le troisième réservoir mondial, d’environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l’environnement et des partenariats avec des firmes de renom. La sixième condition, consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux. La septième condition est l’accélération de la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l’Algérie, d’une capacité de plus de 33 milliards de mètres cubes gazeux, un coût, selon les études européennes, d’environ 20 milliards de dollars et nécessitant l’accord de l’Europe, principal client. Cependant, l’avenir appartient à l’hydrogène comme énergie du futur, 2030/2040.
En résumé, pour l’Europe, l’Algérie est un partenaire clef, et pour l’Algérie, l’Europe est un partenaire stratégique dans le domaine économique et même sécuritaire, afin, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant, de faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité partagés. En n’oubliant jamais que dans les relations internationales n’existent pas de sentiments mais que des intérêts, chaque pays défendant ses intérêts propres. Car face aux nouveaux enjeux, l’épidémie du coronavirus, le réchauffement climatique avec la maîtrise de l’eau, principal input de la sécurité alimentaire et la crise ukrainienne, préfigurent d’importantes mutations mondiales dans les relations internationales, militaires, sécuritaires, politiques, culturelles et économiques.