Algérie élection : Les défis du futur président de la république

Algérie élection : Les défis du futur président de la république

Les défis du futur président, suite à l’annonce de l’élection présidentielle fixée le 07 septembre 2024, sont nombreux et supposent une nette volonté politique d’accélérer les réformes tenant compte, à la fois, des nouvelles mutations mondiales et des mutations internes devant concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale.

1ere partie

Par Abderrahmane MEBTOUL

Force est de reconnaitre que la gestion volontariste depuis l’indépendance politique, les enjeux internes et les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère : la faiblesse d’une véritable stratégie nationale de développement.

La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive – parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes a abouti à une transition économique allant vers une économie de marché productive à finalité sociale qui traîne en longueur.

Du fait du bouleversement géostratégiques qui s’annonce inéluctablement, pour éviter toute marginalisation, il s’agira d’avoir une planification stratégique, afin de relever le niveau de la croissance économique et donc le niveau de production et de productivité par le renouveau de la gouvernance et notamment la restructuration notamment du secteur public et la dynamisation du secteur privé productif, loin des aléas de la rente des hydrocarbures qui échappe à la décision interne , mais ne devant pas être utopique de levier pour une économie diversifiée rentrant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux.

1.-. L’Économie étant avant tout politique, portée par des forces sociales, comme nous l’ont enseigné les classiques de l’Économie et de la Sociologie , notamment Ibn Khaldoun, Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Joseph Schumpeter et, plus près de nous, les institutionnalistes du prix Nobel, la structure des sociétés modernes s’est bâtie d’abord sur des valeurs et une morale qui a permis la création de richesses permanentes d’où l’importances de profondes réformes institutionnelles et micro économiques supposant une nette volonté politique de changement et une large cohésion sociale.

Les réformes de la transition socio-économique renvoient à la refondation de l’Etat qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne face aux mutations tant internes que mondiales.

La refondation de l’Etat passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. Le passage de l’État de « soutien » à l’Etat de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation et l’Etat.

L’Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d’innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale.

La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs, car la gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive.

Cela suppose de poser la problématique stratégique du futur rôle de l’Etat largement influencé par les effets de nouvelles mutations mondiales dont la transition énergétique, numérique ( attention aux cyber attaques,)des effets du réchauffement climatique et de la recomposition du nouveau pouvoir économique, politique et militaire mondial à travers un monde multipolaire en devenir.

Il y a urgence dans cette trajectoire de refondation de l’Etat de se poser cette question : est-ce que les formations politiques algériens sont dans la capacité aujourd’hui de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, évitant les logiques d’affrontement, et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national ?

En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d’acteurs qui s’y adonnent, se fixer de manière concurrentielle.

Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché.

Quant à la société civile dans l’implication de la gestion des affaires de la cité, sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe dans ses relations à la société rendent impérative une réflexion collective à ce propos.

Dans cet ordre d’idées, l’Etat doit encourager la création d’associations dans des secteurs qui sont porteurs mais qui restent vierges et complètement ignorés du mouvement associatif ; de faire de ce cadre un instrument efficace d’encadrement de forces vives qui agissent dans la société de manière dispersée et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans l’œuvre de redressement national.

Mais cette politique n’a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et que si les associations qui le composent ne soient pas au service d’ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses.

Sollicitée à maintes reprises, et à l’occasion d’échéances parfois cruciales, cette dernière manifeste souvent sa présence d’une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle.

Elle est scindée en quatre segments : une société civile principal interlocuteur de l’Etat, une société civile appendice des partis islamiques légaux ; une société civile dite démocratique nombreuse, mais atomisée et minée par de rivalités de leadership et enfin une société civile la plus nombreuse, la plus active, collant avec la société, une société civile informelle.

A. M.

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