Le système énergétique de l’Algérie est déjà confronté à d’importantes perturbations dues aux phénomènes météorologiques extrêmes. Ces dernières années, des infrastructures critiques ont été affectées par les inondations soudaines et les incendies de forêt. Avec l’augmentation du réchauffement climatique, ces risques devraient s’intensifier.
Par Selma A.I.
L’Algérie a connu un réchauffement significatif, avec une hausse moyenne de 0,49 °C par décennie entre 2000 et 2023, dépassant la moyenne mondiale de 0,37 °C par décennie. Les températures devraient encore augmenter, atteignant jusqu’à +5,6 °C d’ici la fin du siècle.
Ce réchauffement s’est traduit par des vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues et plus intenses : entre 2000 et 2023, les *Cooling Degree Days* (CDD, indicateur de besoin en climatisation) ont progressé de plus de 100 degrés-jours par décennie, tandis que les *Heating Degree Days* (HDD, indicateur de besoin en chauffage) ont diminué d’environ 70 degrés-jours par décennie, augmentant fortement les besoins en refroidissement.
Entre 2022 et 2024, la demande résidentielle en électricité a augmenté de 15 %. Les vagues de chaleur et températures extrêmes à venir pourraient menacer la sécurité électrique de l’Algérie.
D’ici le milieu du siècle, plus de 70 % des centrales électriques au gaz du pays devraient connaître au moins 40 jours par an avec une température maximale supérieure à 35 °C, et ce dans tous les scénarios climatiques étudiés.
Le rapport mentionne également le lancement par l’Algérie d’un programme actualisé d’efficacité énergétique, spécifiquement conçu pour les trois grands secteurs de consommation finale (bâtiments, transport et industrie). Celui-ci vise à économiser 63 millions de tonnes équivalent pétrole d’ici 2030 et à éviter environ 193 millions de tonnes d’émissions de CO₂. Les mesures incluent le renforcement de l’isolation thermique des bâtiments, le recours à des technologies performantes comme les chauffe-eau solaires et l’éclairage LED, l’encouragement à l’usage de carburants plus propres dans le transport, ainsi que des audits énergétiques dans le secteur industriel.
Ces dynamiques augmentent les risques de défaillances du réseau et de coupures de courant, notamment aux heures de pointe.
Aujourd’hui, un ménage algérien consomme en moyenne **2 400 kWh/an**, mais cette moyenne cache des pointes estivales de plus en plus marquées. Ainsi, plus de **40 % des foyers** ont dépassé le seuil de **1 000 kWh** rien que pour le troisième trimestre 2024, au plus fort de l’été.
Le marché de la climatisation en Algérie connaît une expansion remarquable et devrait poursuivre une trajectoire ascendante atteignant une croissance annuelle moyenne de **7,9 %** entre **2025 et 2030** du fait de l’intensification du changement climatique et de la hausse du niveau de confort recherché par les ménages.
Inquiétantes projections
Selon les projections climatiques, le nord densément peuplé devrait connaître une forte baisse des précipitations, accroissant les risques de sécheresses et d’incendies de forêt, menaçant ainsi les réseaux électriques, les centrales et les installations pétrolières et gazières.
Tandis que le sud pourrait connaître une intensification des précipitations extrêmes, des crues soudaines et des débordements d’oueds, ce qui représente un risque pour l’extraction d’hydrocarbures, les activités de raffinage et d’autres infrastructures énergétiques.
Le rapport évoque l’adoption d’un programme de développement des énergies renouvelables visant l’installation de 15 GW de capacités, dont la majorité en solaire photovoltaïque. Plus de 3 GW ont déjà été lancés, confirmant l’engagement de l’Algérie à diversifier son mix énergétique, à accroître son potentiel d’exportation et à réduire ses émissions.
Au cours des 15 dernières années, le gouvernement algérien a consacré 70 % de son budget annuel de réponse aux catastrophes – soit en moyenne 255 millions de dollars par an – aux inondations, soulignant la menace croissante qu’elles représentent.
L’Algérie accorde une attention croissante à la gestion de ces impacts, notamment à travers son Plan national d’adaptation (PNA), la publication de son Plan national climat 2020-2030 et la mise en place de la Délégation nationale aux grands risques.
À l’avenir, la réalisation d’évaluations de risques tout au long de la chaîne de valeur énergétique, ainsi que l’intégration de la résilience climatique dans la planification énergétique, seront cruciales pour renforcer la résilience climatique dans un secteur énergétique algérien en pleine croissance.
S.A.I.







