Il existe de nombreux atouts pouvant permettre à l’agriculture biologique de se développer en Algérie. Il s’agit, tout d’abord, indique une étude réalisée par le CREAD « Agriculture biologique en Algérie : potentiel et perspectives de développement», de la disponibilité d’un potentiel important dans le secteur de l’agriculture traditionnelle pouvant « rapidement » faire l’objet d’une certification.
Synthèse Akrem R.
Cela est d’autant plus pertinent pour les agriculteurs situés en zones de montagne ayant peu recours aux pratiques modernes (chimisation, utilisation intensive d’intrants industriels, etc.).
Par ailleurs, de nombreux produits peuvent être concernés par les conversions à l’agriculture biologique : dattes, huile d’olive, olives, figues, oranges, clémentines, autres fruits, légumes, plantes médicinales, aromatiques…etc.
Ensuite, un second atout tout aussi pertinent que le précédent, se situe au niveau du potentiel des surfaces à valoriser, notamment en zones steppiques, sahariennes ou de montagne. Ce potentiel est à mettre en lien avec l’existence de nombreuses initiatives portées par de jeunes agriculteurs, qui souhaiteraient être accompagnés, financés et soutenus par des structures institutionnelles. En troisième lieu, l’agriculture biologique offre en Algérie un atout considérable en termes de simplification des apprentissages des pratiques agricoles.
Dit autrement, les exigences de l’agriculture biologique sont beaucoup plus «proches» des pratiques locales ancestrales, respectueuses de l’environnement, que celles dites «intensives et modernes» qui exigent des changements importants, voire radicaux, qui ne coïncident que rarement avec les motivations et les capacités des agriculteurs algériens.
Ainsi, il semble qu’il est beaucoup plus pertinent de « convertir » un agriculteur déjà acquis aux pratiques culturales naturelles, à l’économie de l’eau, à la rotation des cultures, en Algérie ; qu’un agriculteur déjà ancré dans une agriculture intensive en occident. Cela est d’ailleurs vérifié à travers de nombreuses expériences de développement des pratiques agro-écologiques dans des pays en voie de développement.
Sur ce point de transfert et d’apprentissage, l’Algérie dispose d’institutions de recherche et de vulgarisation permettant d’assurer un accompagnement efficace des agriculteurs.
Enfin, la proximité du marché européen, avec une demande pour les produits issus de l’agriculture biologique en pleine expansion, offre un potentiel important de valorisation et de débouchés à l’exportation. Il s’agirait pour les agriculteurs algériens de se concentrer notamment sur les complémentarités saisonnières, commerciales et de gamme, ainsi que la combinaison de la certification biologique avec d’autres signes de qualité (produits de terroir, indications géographiques, etc.). Au-delà des exportations, l’agriculture biologique en Algérie pourrait aussi répondre à la demande interne en faveur de produits de qualité. Même si le marché local est pour l’heure embryonnaire, voire inexistant, le potentiel qu’offre le développement de la grande distribution alimentaire et les exigences des consommateurs en termes de traçabilité et de qualité sanitaire, offrent des perspectives intéressantes pour ce type de produits.
Des difficultés persistent encore
Face à ces « forces » et ces atouts potentiels, de nombreuses difficultés entravent le développement de l’agriculture biologique en Algérie. Les premières sont d’ordre institutionnel et portent sur l’absence d’une stratégie nationale cohérente et ciblée en faveur du soutien à l’agriculture biologique. L’avance de la Tunisie se situe d’ailleurs à ce niveau et va au-delà d’un simple différentiel des surfaces consacrées à l’agriculture biologique.
A cette absence de stratégie et d’assise à un niveau central, il faut aussi relever que la « déconcentration » des mécanismes de soutien technique, financier et institutionnel demeure très opaque, d’abord parce que la réglementation dans ce domaine est récente, mais aussi parce qu’il y a de nombreuses lacunes dans la transmission des informations pertinentes vers les acteurs de «terrain», et ensuite de ces derniers vers les agriculteurs. Le second type de difficultés est d’ordre organisationnel. Il est d’abord imputable à la faiblesse des organisations professionnelles et de soutien, ainsi qu’à une déstructuration des liens dans de nombreuses filières.
Par ailleurs, l’absence de « leaders » pour l’accompagnement des processus de conversion, ainsi que la méconnaissance des normes en vigueur et la complexité des procédures administratives des processus de certification, conduisent le plus souvent à une sous exploitation de ce potentiel, pourtant important dans certaines régions. Enfin, le dernier type de difficultés concerne la transmission et la vulgarisation des connaissances, et des liens trop peu établis entre institutions de recherche, instituts techniques et de vulgarisation et monde professionnel. Ce cloisonnement, renforcé par une absence de coordination institutionnelle volontariste, empêche un réel transfert de connaissances vers les agriculteurs, ou de faire remonter des informations sur les pratiques de ces derniers, afin qu’elles participent à l’amélioration des connaissances dans le monde académique.
A R