L’Algérie, qui compte se positionner comme pays émergent dans les deux années à venir, a tracé une stratégie ambitieuse pour la promotion de l’investissement dans des secteurs porteurs et productifs. En effet, des secteurs prioritaires ont été identifiés par l’État dans le but d’accélérer l’intégration de l’économie nationale dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.
Par Akrem R.
S’exprimant à l’ouverture d’une conférence organisée, hier en marge de la 53ᵉ édition de la Foire Internationale d’Alger (FIA), placée sous le thème : «L’investissement productif comme levier stratégique pour l’intégration de l’Algérie dans les chaînes de valeur régionales», le directeur général de l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache, a souligné que le contexte mondial actuel, marqué par une reconfiguration des chaînes d’approvisionnement, offre à l’Algérie une réelle opportunité de repositionnement, à condition d’orienter l’investissement vers les secteurs les plus porteurs.
«Notre pays dispose d’un important capital d’atouts et de facteurs de compétitivité : un positionnement géographique stratégique, une abondance de ressources naturelles et énergétiques, un marché local et régional prometteur, ainsi que des accords commerciaux offrant un accès à de grands marchés. Nous devons œuvrer, chacun dans son domaine et selon ses responsabilités, à transformer ces atouts en gains réels, en attirant des investissements nationaux et étrangers orientés vers les secteurs prioritaires capables d’assurer une intégration rapide et efficace dans les chaînes de valeur», a-t-il déclaré.
Parmi ces secteurs figurent notamment les industries de transformation liées aux ressources naturelles, telles que les industries chimiques, plastiques et métallurgiques, qui permettent de valoriser localement les matières premières avec un fort potentiel d’exportation vers l’Afrique et l’Europe.
Il a également cité l’agriculture et l’agroalimentaire, deux secteurs sur lesquels l’État mise pour renforcer la sécurité alimentaire du pays, tout en se lançant dans l’exportation de produits transformés à haute valeur ajoutée.
Plusieurs projets d’envergure sont lancés, notamment dans le Grand Sud, par des entreprises algériennes, en partenariat avec des acteurs étrangers, notamment italiens et qataris. Actuellement l’agriculture représente entre 13 % et 18 % du PIB, soit environ 37 milliards USD en 2024.
Elle emploie plus de 2,7 millions de personnes, soit environ 22 % de la population active, avec un taux de couverture des besoins alimentaires par la production nationale est estimé à environ 75 %. Toutefois, un grand travail reste encore à faire d’autant que moins de 30% des produits agricoles sont transformés localement.
Ce déficit de transformation limite fortement les effets en aval. Le renforcement des chaînes de valeur agroalimentaires (conditionnement, transformation, logistique, distribution) apparaît donc comme une priorité, avec à la clé des milliers d’emplois potentiels et des opportunités d’exportation accrue vers l’Afrique ou l’Europe.
L’Algérie accorde ainsi une importance particulière à la sécurité énergétique, en investissant massivement dans les énergies renouvelables et l’hydrogène vert, un domaine stratégique pour l’accueil d’investissements étrangers futurs dans le cadre des chaînes de valeur énergétiques propres, en pleine émergence à l’échelle mondiale.
Alors qu’un vaste programme pour les EnR, visant la production de 15 000 MW d’électricité verte d’ici 2030, est en cours de réalisation, d’autres projets sont à l’étude pour la production d’hydrogène vert. Actuellement, l’essentiel des composants (modules photovoltaïques, onduleurs, câblages) est importé.
Le développement d’une filière industrielle verte permettrait non seulement de réduire les coûts, mais aussi de créer un socle industriel d’exportation régional, tout en contribuant aux objectifs climatiques.
Le DG de l’AAPI a également cité, lors de son intervention, les industries mécaniques et électroniques, les plateformes logistiques modernes, ainsi que d’autres secteurs stratégiques.
Selon Omar Rekkache, le choix de ces secteurs ne repose pas sur un seul critère, mais sur une analyse de la compétitivité régionale de l’Algérie, la capacité à transférer la technologie et la possibilité de créer des liens sectoriels locaux. «Cela constitue une base solide pour une intégration structurelle dans les chaînes de valeur», a-t-il affirmé.
Dans ce contexte, l’État entend orienter les incitations à l’investissement de manière sélective vers ces domaines à fort impact, tout en évaluant rigoureusement les retombées économiques des projets : création d’emplois, valeur ajoutée nationale, intégration sectorielle locale, etc.
Pour conclure, M. Rekkache a insisté sur le fait que l’investissement productif ne doit pas être appréhendé uniquement en termes quantitatifs, mais comme un choix stratégique visant à renforcer l’autonomie économique du pays.
L’objectif est clair : faire de l’Algérie non plus un simple importateur de valeur, mais un acteur intégré, exportateur de solutions, de produits et de savoir-faire.
A. R.