Afin de prolonger durablement son indépendance énergétique : L’Algérie appelée à accélérer sa transition énergétique

Pétrole

L’Algérie est appelée à consentir plus d’efforts afin de prolonger durablement son indépendance énergétique. Si la production nationale en fossile (pétrole et gaz) couvre la totalité des besoins du marché local en électricité et carburants, en exportant même de grandes quantités vers les marchés mondiaux, surtout l’Europe, l’Algérie risque de devenir un pays importateur en énergie dans les 10 à 15 années prochaines, selon certaines estimations.

Par Akrem R.

Le déclin de nos gisements pétrolier et gazier et l’accroissement de la demande locale presque à deux chiffres (8%) sont deux paramètres qui pèsent lourdement sur notre sécurité énergétique.

Plusieurs experts en énergies avaient déjà tiré la sonnette d’alarme sur cette situation, en soulignant la nécessité de prendre des mesures concrètes et opérationnelles afin de réduire la consommation chez les ménages qui représente près de 40% de la consommation globale en électricité et s’orienter résolument vers les énergies renouvelables.

Conscient de cette situation, les pouvoirs publics ont mis en place toute une stratégie afin d’amorcer une réelle transition énergétique en développant graduellement des énergies renouvelables alternatives aux fossiles. 

En effet, la diversification du mixe énergétique constitue l’un des enjeux majeurs de la transition énergétique en Algérie, ce qui permettrait de mieux gérer les ressources non renouvelables et de maîtriser la demande interne en énergie, dira Mme Haddi Hassina, Directrice d’études au Conseil National Economique, Social et Environnemental (CNESE), lors d’un Séminaire placé sous le thème : «L’énergie solaire: une source alternative à forte valeur ajoutée», organisé, hier à Alger, par le CNESE en collaboration avec le Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité Energétique (CEREFE).

«L’Algérie dispose de ressources énergétiques fossiles appréciables, mais également d’un potentiel considérable en énergies renouvelables, notamment à travers le solaire qui sont illimitées contrairement aux hydrocarbures», a affirmé la cheffe de la Division de la Gouvernance, et de la régulation au CNESE.

Des potentialités énormes en énergie 

Et cite le rapport de l’organisation «World of Engineering», relevant que le Sud de l’Algérie «peut approvisionner tous les pays du Monde en énergie solaire à travers, notamment, la région du Sud-Ouest, avec une production moyenne de 23.398 TWh».

En effet, les travaux réalisés par le Centre de Développement des Energies Renouvelables (CDER), en termes d’évaluation des gisements des sources renouvelables, ont montré que «l’Algérie recèle un énorme potentiel aussi bien solaire qu’éolien, géothermique ou biomasse, lui permettant d’étendre ses infrastructures d’énergie solaire et de disposer d’un atout supplémentaire pour renforcer sa sécurité énergétique». 

Ainsi, la durée d’ensoleillement sur la quasi-totalité du territoire national «dépasse les 2000 heures annuellement et peut atteindre les 3900 heures dans les Hauts Plateaux et le Sahara. L’Irradiation Horizontale Globale (IGH) est estimée à près de 1700 KWh/m2/an au Nord et 2263 KWh/m2/an au Sud du pays».

A cet effet, relève Mme Haddi, «l’Algérie doit consentir des efforts pour prolonger durablement son indépendance énergétique et générer ainsi une dynamique de développement économique dans le pays». Aujourd’hui, le gaz naturel représente la principale source d’énergie en Algérie avec un taux de 65% du mix énergétique, tandis que le pétrole ne représente que 35%.

«L’augmentation de la consommation nationale, liée, principalement, à la croissance démographique, ainsi que l’affaiblissement des ressources fossiles, a incité les Pouvoirs Publics à engager une stratégie de développement des énergies renouvelables axée notamment sur l’énergie solaire, dont l’Algérie dispose d’un important gisement, considéré comme l’un des plus importants au Monde», souligne l’intervenante.

Selon des chiffres dévoilés lors de ce Séminaire, la production de l’électricité à travers l’énergie solaire, permettrait à l’Algérie d’atteindre une production annuelle de plus 2 TWh pour une capacité installée de 1 GWc (Giga Watt Crête), d’économiser d’environ 549 millions de mètres cubes de gaz et d’éviter l’émission d’un (01) million de tonnes de carbone (CO2). 

Donc, le développement des EnR est plus que bénéfiques pour le pays. Des quantités importantes de gaz naturel seront économisées, permettant à la compagnie Sonatrach de conforter sa place sur le marché international, en exportant plus du gaz.

Un programme EnR en cours de réalisation

Tout le monde s’accorde à le dire que l’Algérie dispose d’atouts indéniables devant lui permettre d’être une Nation leader dans la production et l’exportation de l’énergie verte. Mais comment faire ? 

Les pouvoirs publics ont mis en place un programme de développement des énergies renouvelables qui vise à installer 1.000 MW annuellement, à travers la réalisation de centrales solaires photovoltaïques, en vue d’atteindre 15.000 MW à l’horizon 2035. Les premiers projets de ce programme seront lancés incessamment.  

Ce programme permet, indique l’intervenante, d’augmenter les capacités d’exploitation des énergies renouvelables, tout en renforçant la part des énergies propres dans le mix énergétique national et l’adoption de la nouvelle approche algérienne, avec des effets positifs tant économique à travers la création d’emplois durables et l’émergence d’un tissu industriel local qu’environnemental et climatique, dont la réduction de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre.

Toutefois, l’Algérie fait face à la problématique du financement des projets de la transition énergétique. C’est ce qu’explique d’ailleurs, le lancement du programme des 15.000 Mw en plusieurs parties.

«Le financement des projets de transition énergétique demeure un grand défi face à leur concrétisation sur le terrain et la mise en œuvre des projets d’énergie renouvelable et d’infrastructure y afférentes», avait déclaré le ministre de l’énergie, Mohamed Arkab, en appelant à l’augmentation de l’investissement international dans ce domaine. 

Pour le ministre, «la question qui se pose actuellement avec acuité et sur laquelle nous devons travailler, consiste à réfléchir aux modalités d’instauration de partenariats d’intérêts communs entre le Nord et le Sud à la lumière des défis actuels».

A. R.

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