L’Italie mise sur l’Algérie pour garantir sa sécurité énergétique, notamment en gaz. Le géant italien « ENI» a depuis le début du conflit ukraino-russe a multiplié ses investissements en Algérie, en nouant des partenariats stratégiques avec le groupe public Sonatrach.
Akrem R
En effet, l’ambition des Italiens est de réduire au maximum leur dépendance du gaz russe, en lui substituant celui algérien.
Avec un volume de 80 millions de m3 par jour de gaz vers l’Italie, l’Algérie approvisionnera Rome de plus de 7 milliards de M3 avant la fin de l’année. Ce chiffre de 7 milliards de m3, ajouté à celui de 17, 8 milliards de m3 déjà livrés depuis le début de 2022, permettra aux deux pays d’atteindre l’objectif de livrer plus de 25 milliards de m3 de gaz en 2022.
Selon le Pdg de la société italienne « ENI», en l’occurrence, Claudio Descalzi, le gaz algérien couvrira 38% des besoins du marché italien l’année prochaine en 2023. Dans un entretien accordé à l’agence de presse italienne «Nova», le PDG de la société ENI a révélé qu’ «en 2019, l’Italie avait réceptionné 10 milliards de m3. En 2022, elle recevra 24 milliards de m3 pour arriver à l’horizon 2027, à 27 milliards de m3». Et de souligner : « Il y a possibilité d’augmenter les exportations, via le gazoduc Transmed, entre 34 et 35 milliards de mètres cubes par an».
En effet, l’Algérie fournit de plus en plus de gaz à l’Italie, conformément aux derniers accords entre les deux pays et les flux vont augmenter crescendo au fur et à mesure que les nouveaux gisements et projets de valorisation des puits entreront en production. Ainsi selon le PDG d’ENI, le gaz algérien pourrait compenser les pertes russes à l’horizon 2027.
ENI appelée à multiplier ses investissements
Sur ce point, l’expert en économie et enseignant universitaire Mourad Kouachi est catégorique: « L’Italie pourrait se passer du gaz russe à l’horizon 2027. L’Algérie possède des réserves très importantes en gaz non encore prouvées. Il suffit d’intensifier les opérations d’exploration afin d’augmenter la production nationale en gaz».
Il est à noter que Sonatrach et ANAFT sont sur le point de lancer, incessamment, un appel d’offres international pour l’exploration, avait annoncé la semaine dernière le DG de la division des explorations à la Sonatrach, Rabia Badji. Outre l’exploration du territoire national, en s’orientant vers les zones «isolées», les groupes ENI et Sonatrach ont déjà entamé les opérations d’exploration du gaz en offshore, dont le premier forage est prévu en 2023.
Ce dernier permettra de mettre en évidence le potentiel identifié sur les premières sur lesquels Sonatrach opère avec des partenaires. Il s’agit de deux périmètres, l’un situé à l’Est et le second identifié dans le bassin Ouest du pays.
A noter que Sonatrach a signé un projet de quatre ans d’exploitation du gaz dans le sud, estimé à environ 4 milliards de dollars, avec l’italien Eni, le français Total et l’américain Occidental.
Pour notre interlocuteur, le partenaire italien est appelé à s’impliquer davantage dans les efforts de l’Algérie et de la Sonatrach dans l’amont et l’aval des hydrocarbures.
«Les Italiens doivent investir de plus en plus dans l’exploration et développement de nouveaux gisements gaziers», a-t-il souligné, en recommandant la réalisation d’un deuxième gazoduc reliant directement l’Algérie et l’Italie. Cette nouvelle liaison devient indispensable pour absorber les quantités supplémentaires à exporter le gaz. Sans cela, l’Italie risque d’avoir de sérieux problèmes dans les prochaines années. « L’Italie pourrait être confrontée à une pénurie de gaz de 5 à 6 milliards de mètres cubes, au cours de l’hiver 2023-24, sans un nouveau terminal de regazéification», avait déclaré le patron d’ENI.
L’Italie prévoit de mettre en place un terminal flottant de gaz naturel liquéfié (GNL) dans la ville de Piombino, en Toscane, basé sur une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU), qui devrait être opérationnel d’ici la fin du mois de mars de l’année prochaine afin d’augmenter l’offre et de combler un déficit d’importations russes.
A R